Le journaliste Jacques-Marie Bourget fustige, dans une tribune à
paraître dans "Afrique Asie", et dans son style au vitriol, les
pressions exercées par le lobby israélien sur le gouvernement français
pour obtenir l’interdiction du rassemblement de ce samedi pour les
droits des Palestiniens. Rassemblement, Place du Chatelet à partir de 14
H, au cours duquel Jacques-Marie Bourget prendra la parole.
Actuellement François Hollande apparait un peu mou de la bombe. Après
avoir rêvé de lâcher ses « Rafale » sur Damas, puis pilonné le Mali, la
Syrie et l’Irak -et applaudi au carnage du Yémen- cet homme de fer
est-il soudain résilient ? En panne ? Je lui confie donc une idée : si
tu allais écrabouiller les supporteurs du Celtic de Glasgow… Voilà des
mal-élevés qui s’entêtent à brandir des drapeaux palestiniens dans leur
stade de foot, à hurler vive le BDS ! Des criminels de guerre en
devenir, qu’il faut d’urgence punir. Et d’une double peine puisqu’ils
sont d’une origine sociale qu’Hollande méprise. Tous ces égarés sont des
prolétaires, fils ou filles d’hommes rudes : des « sans dents »
descendants de « sans dents », aussi des supporters de l’Irlande libre.
Hollande ne doit pas oublier sa promesse d’un soir où, en goguette
chez les Netanyahou, il a déclaré la main sur la pochette de son petit
costume : « Je ne sais pas chanter mais suis prêt à apprendre pour louer
la gloire d’Israël ! » Mauvais karma, à l’époque on trouvait à ses
côtés, en témoin, une fille d’édentés, Valérie Trierweiller. Allez
Président avec dents, fais-nous plaisir. Faute de raser les hooligans du
Celtic sort au moins l’article 16 de la boite à pharmacie de l’Elysée,
proclame un édit que je rédige pour toi : « Toute manifestation de
soutien à la Palestine est interdite à vie sur l’ensemble territoire de
la France ». Ah ! Qu’est-ce que l’on perd comme temps en formalités.
Car, au pays dit des « Droits de l’Homme », le processus
d’interdiction de manifester toute forme de soutien au peuple colonisé
par Israël est en marche. Pour rire, déposez donc un projet de réunion
publique dans une préfecture hexagonale et vous verrez. C’est non. Au
mieux à trois heures du matin dans les ruines d’une friche industrielle,
autrement dit sur la lune. Soyons clair, estimer que le sort fait à la
Palestine est illégal et injuste est devenu une affirmation antisémite.
Fini le temps où Valls plantait des arbres pour soutenir les frères de
Gaza et Ramallah. Les oliviers sont coupés. Nous avions alors de 7 à
77ans, nous défilions en hurlant librement et sans ombre, sans ambiguïté
ni arrière-pensée pour la Palestine. En ces années nous n’étions pas
« antisémites » et l’idée de nous accuser de cette monstruosité ne
venait à personne. Nous n’avons pas changé et pourtant nous sommes
aujourd’hui ceux que l’on stigmatise. Les réprouvés criminalisés.
Que nous est-il arrivé ? Qu’est-il arrivé à une cause historiquement
et juridiquement irréfutable devenue interdite ? Tout a basculé à la
chute du Mur. Le communisme est mort, confinant son utopie aux mètres
cubes du mausolée de Lénine. Une partie du monde, une partie des êtres, a
alors cessé de rêver le meilleur pour les autres, se consacrant
maintenant à l’examen studieux de son nombril. L’attentat newyorkais du
« 11 Septembre » a été le coup de grâce de la « cause » palestinienne.
Désormais, tout citoyen né dans un monde dit « arabe » est un
terroriste, comment le défendre même s’il a des droits. Un fils de
philistin, combattant pour sa liberté depuis près d’un siècle, devenait
de facto un barbare d’al-Qaïda ou de Daesh. Principe de précaution : il
faut claquemurer cette engeance sous un sarcophage digne de Tchernobyl.
Et nous, vieux citoyens du monde, vieux marxistes, vieux anars, vieux
cathos, vieux gaullistes et vrais démocrates, nous survivants, il nous
faut, dans notre Arche de Noé, tenter de maintenir en vie l’idée de
lutter pour une Palestine sauve et libre. Difficile, cruel et même
dangereux. Qu’un ministre Turc vienne en France pour faire la campagne
des Frères Musulmans, c’est « oui » pour le meeting (et tant mieux).
Qu’une ONG veuille manifester contre la mort qui tombe en Palestine…dans
une inversion et une perversion du droit, c’est alors « non ».
Nous aussi sommes face à un mur, par exemple celui maçonné par
Nathalie Kosciusco-Morizet, une élue qui a appris de Fillon l’honnêteté
et l’art de manier la truelle dans les salons de la haute bourgeoisie.
Suite à une manifestation qui a quand même pu se tenir à Paris, voilà ce
que cette amie de la liberté écrit :
« Alors que le Premier ministre avait annoncé que des dispositions seraient prises pour empêcher ce type de rassemblement, une manifestation a pu se tenir ce week-end dans les rues de Paris. La prolongation de l’état d’urgence vous donne pourtant, monsieur le Préfet de Police, les moyens de les interdire »… « Je vous demande de n’autoriser aucun rassemblement appelant au boycott de l’Etat d’Israël et de poursuivre systématiquement tout rassemblement non autorisé incitant à la haine envers un Etat démocratique et reconnu ».
« Alors que le Premier ministre avait annoncé que des dispositions seraient prises pour empêcher ce type de rassemblement, une manifestation a pu se tenir ce week-end dans les rues de Paris. La prolongation de l’état d’urgence vous donne pourtant, monsieur le Préfet de Police, les moyens de les interdire »… « Je vous demande de n’autoriser aucun rassemblement appelant au boycott de l’Etat d’Israël et de poursuivre systématiquement tout rassemblement non autorisé incitant à la haine envers un Etat démocratique et reconnu ».
Selon un mode de dénonciation que nous avions oublié, voilà un ordre
donné à un fonctionnaire qui ne peut que dire « amen » sans être
suicidaire.
Si, un préfet un peu sourd ou simplement amateur de droit, avait mis
la missive de NKM au panier, la piqûre de rappel est automatique. Cette
fois c’est Francis Kalifat, président qui s’autoproclame
« représentatif » des juifs de France, qui s’y colle. Autre courrier
timbré au préfet, au sujet de ces malheureux (mais courageux)
rassemblements, tenus pour une Palestine à décoloniser :
"Outre le côté illicite du boycott et le caractère antisioniste visant à contester l’existence même de l’Etat d’Israël, ces manifestations sont clairement antisémites et visent à stigmatiser les Français juifs. Je compte sur votre intervention rapide, énergique et définitive pour que cesse dans les rues de Paris cette parole antisémite."
"Outre le côté illicite du boycott et le caractère antisioniste visant à contester l’existence même de l’Etat d’Israël, ces manifestations sont clairement antisémites et visent à stigmatiser les Français juifs. Je compte sur votre intervention rapide, énergique et définitive pour que cesse dans les rues de Paris cette parole antisémite."
C’est écrit : protester contre le phosphore quand il tombe sur Gaza, c’est être antisémite.
Parfois c’est l’étranger qui se mobilise contre les amis français de
la liberté. Ainsi, convaincue d’être un ministre de la France, Aliza
Bin-Nun, ambassadrice d’Israël à Paris, début mars, écrit à neuf maires
tricolores, afin de les sommer d’interdire toute manifestation ayant
pour cadre « La semaine contre l’apartheid israélien ». Menaces
efficaces puisque des édiles sans courage, des responsables d’université
pleutres, ont refusé aux militants le droit de se réunir.
Face à cette solitude, celle du marcheur qui touche le fond, le
soutien du « monde Arabe » serait un renfort utile. Ne rêvons plus, il
est advenu. Un rapport publié, sous le sigle de l’ONU, présenté par la
Commission Economique et Sociale pour l’Asie, écrit « Israël est
coupable de politique et de pratiques constitutives du crime
d’apartheid ».... et qu’il faut que l’ONU « soutienne la campagne BDS,
la campagne de boycott d’Israël » Un « crime antisémite », à mettre au
compte de musulmans puisque 18 pays arabes figurent dans le groupe qui a
émis le rapport. Aussi sec Antonio Gutteres, le nouveau pantin nommé à
la tête des Nations Unies, s’insurge contre l’offense. Rima Khalaf,
l’économiste jordanienne qui préside la Commission, est priée de
retirer l’insupportable rapport. Courageuse la dame refuse. Gardant
intact son honneur elle quitte l’ONU : « Je démissionne parce qu’il est
de mon devoir de ne pas dissimuler un crime, je soutiens toutes les
conclusions du rapport. »
Grand malaise à New York, au siège du « gouvernement mondial ». Pour le compte de la Commission le rapport a été rédigé par les professeurs américains Richard Falk et Virginia Tilley, deux grands experts du droit international qu’il est difficile de contester. Dès le rapport publié, les autorités israéliennes réutilisent une fois encore l’arme de l’injure antisémite. Dans le meilleur des cas, le rapport siglé ONU est, selon les amis de l’extrême droite israélienne, « digne du Der Stürmer », un journal nazi du IIIe Reich. Si ce constat agace tant l’état hébreu et ses amis, c’est qu’il remonte en surface l’image d’un d’apartheid. Une comparaison et un jugement déjà formulés par Jimmy Carter et évoqué par Kerry lui-même.
Grand malaise à New York, au siège du « gouvernement mondial ». Pour le compte de la Commission le rapport a été rédigé par les professeurs américains Richard Falk et Virginia Tilley, deux grands experts du droit international qu’il est difficile de contester. Dès le rapport publié, les autorités israéliennes réutilisent une fois encore l’arme de l’injure antisémite. Dans le meilleur des cas, le rapport siglé ONU est, selon les amis de l’extrême droite israélienne, « digne du Der Stürmer », un journal nazi du IIIe Reich. Si ce constat agace tant l’état hébreu et ses amis, c’est qu’il remonte en surface l’image d’un d’apartheid. Une comparaison et un jugement déjà formulés par Jimmy Carter et évoqué par Kerry lui-même.
En France, où comparaison ne vaut pas raison, la classe politique
-hors Mélenchon, le PCF, les trotskistes et les anars- ne veut même pas
cligner des yeux sur cette image : Israël est l’état du juste et du
bien. Et si pour conclure et montrer le chemin parcouru à reculons,
j’évoque Sabra et Chatila et rappelle aux amnésiques qu’en décembre 1982
l’Assemblée de l’ONU a qualifié ce massacre « d’acte de génocide », je
risque fort, si des NKM s’en mêlent, de me retrouver devant un tribunal
correctionnel pour propos « antisémites ».
PS. Bien qu’ils soient les promoteurs de la colonisation de
la Palestine, les anglais se montrent plus sourcilleux que la France
sur ce droit à manifester. Les militants britanniques, ceux qui
soutiennent le BDS, ont été autorisés par la justice à poursuivre le
gouvernement quand il s’oppose au droit de prôner le boycott.
Jacques-Marie Bourget (article à paraître dans le magazine "Afrique Asie"
CAPJPO-EuroPalestine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire