AFPS
Depuis le vote, le 6 mars, par le Parlement israélien d’une loi
interdisant l’entrée des étrangers qui appellent au boycott d’Israël ou
des colonies, des groupes liés au lobby des colons à l’origine de ce
vote se sont fait aussitôt en France les relais de cette politique.
Il s’agit de combattre la campagne internationale Boycott
Désinvestissement Sanctions (BDS) destinée à obliger le gouvernement
israélien à renoncer à la colonisation. A des attaques inadmissibles
visant l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) s’ajoutent des
pressions sur les candidats à la présidentielle.
De violentes menaces contre l’AFPS ont été lancées par plusieurs
sites, notamment ceux d’une soi-disant « Brigade juive » et du groupe
paramilitaire d’extrême droite intitulé « Ligue de Défense Juive ». La
LDJ est la branche française d’un mouvement créé à New York par le
raciste Meir Kahane, classé aux Etats-Unis comme organisation
terroriste, auteur de nombreuses agressions qui ont motivé les demandes
répétées de son interdiction. Leurs menaces ont été reprises par des
sites diffusés depuis Israël, Coolamnews, qui se prévaut d’un soutien de
l’armée israélienne, et JSSNews.
L’AFPS a été sommée de cesser de participer à BDS, le 8 mars, « à 8
h, heure d’Israël », sinon seraient publiés « les noms, adresses,
numéros de téléphone des dirigeants et membres du conseil national de
l’AFPS ». Leurs termes sont ceux des groupes fascistes des années 1930
et de l’OAS des années 1960 : « Nous en avons assez de vous voir et de
vous entendre. […] Ceci n’est que la première phase… » Le 10 mars, des
vidéos avec l’ensemble de ces coordonnées personnelles ont été diffusées
par ces sites.
Aussitôt, ces militants ont reçu des menaces de mort, contre
eux-mêmes et leurs enfants, de viol, d’incendie leur maison. Le 18 mars,
la ligne téléphonique du siège parisien de l’AFPS a été victime d’un
« swatting », un appel a prévenu le commissariat qu’un prétendu
assassinat y avait été commis, provoquant l’arrivée de policiers qui ont
défoncé une porte. Malgré les plaintes et les demandes aux autorités
françaises, aucune réaction. Facebook a fermé la page de la « Brigade
juive », qui en a immédiatement créé une autre au contenu tout aussi
violent, et son site internet a continué les mêmes menaces, reprises sur
les autres sites complices.
Comme l’a indiqué un communiqué de la Ligue des droits de l’homme,
ils sont « passés à un stade supérieur ». Le fait que la France ait
cherché à criminaliser l’appel au boycott d’Israël a donné un sentiment
d’impunité à ces groupes. Un vol d’ordinateur s’est produit le 19 mars
dans des conditions qui laissent supposer l’action d’équipes organisées.
Le 26 mars, de nouvelles menaces sont apparues sur internet à
l’encontre du président de l’AFPS, Taoufiq Tahani, la LDJ revendiquant
le vol de « toutes ses données personnelles, agendas, contacts
téléphoniques, photos et SMS ».
Au lieu de la fermeté nécessaire vis-à-vis de ces fauteurs de haine,
les pouvoirs publics ont tendance à leur céder en mettant des entraves
aux initiatives en faveur des Palestiniens. Une conférence sur
l’apartheid israélien qui devait se tenir à l’université de Toulouse
dans le cadre de la Semaine anticoloniale a été annulée. Des mairies
d’arrondissement parisiennes reçoivent des pressions de la part de
certains responsables de l’Hôtel de ville pour ne pas mettre leurs
salles à disposition des réunions sur la Palestine. Des personnalités
juives favorables à la reconnaissance d’un Etat palestinien au côté
d’Israël sont spécifiquement ciblées. Plusieurs candidats à la
Présidence de la République ont été priés d’éloigner de leur entourage
des élus ciblés personnellement par ce lobby qui les accuse de trop
défendre les Palestiniens. Dans l’équipe de Benoît Hamon, c’est le cas
du député des Hauts-de-Seine Alexis Bachelay, et, dans celle d’Emmanuel
Macron, du député du Finistère Richard Ferrand. Macron semble avoir cédé
en niant la nécessité que la France reconnaisse l’Etat palestinien.
Hamon, qui a eu le mérite d’affirmer qu’il était favorable à cette
reconnaissance, a été invité le 2 avril sur Radio J à renoncer à
certains points de sa campagne et même conduit à se dire hostile à la
campagne BDS au prétexte fallacieux que l’appel au boycott serait
« illégal », alors qu’il relève d’une liberté d’expression fondamentale
dans une démocratie.
En même temps, la Préfecture de police de Paris prend comme prétexte
les risques de « menaces de troubles à l’ordre public » pour empêcher
des réunions sur ces sujets ou soumettre des salles privées à des
contrôles drastiques qui les conduisent à les refuser. Le Collectif
« Trop, c’est trop ! », fondé par Pierre Vidal-Naquet et Madeleine
Rebérioux, n’a pas pu tenir celle qu’il souhaitait organiser fin mars
dans une salle parisienne où il avait pourtant, avec des personnalités
comme Suzanne Citron, Stéphane Hessel ou Raymond Aubrac, organisé de
nombreuses rencontres. Il appelle à une réunion au lendemain de la
présidentielle.
Plus que jamais, la reconnaissance de l’Etat palestinien
et la campagne pour la suspension de l’Accord d’association de l’Union européenne avec Israël sont d’actualité.
Pour la suspension de l’Accord d’association UE/Israël, signez la pétition
AFPS publié par Politis
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