La campagne pour l’élection présidentielle française vient de faire un
détour par l’Amérique latine et les Caraïbes. Mais pas à l’avantage
d’un candidat et de certains journalistes qui ont étalé leur ignorance
des affaires de la région, en même temps que leur parti pris.
Déjà, comme le Singe de la fable de La Fontaine qui, plastronnant
devant le Dauphin, prenait le Pirée pour un homme, Emmanuel Macron avait
pris la Guyane pour une île. Toujours cette attraction de l’off shore qui n’étonnera pas chez un ancien banquier…
Retraversons l’Atlantique. Ces derniers jours, dans les matinales de
certaines radios – notamment celles de Patrick Cohen (France Inter) et
Fabien Namias (Europe 1) – les auditeurs ont été pris à témoin d’un
scandale sans doute aussi énorme, si l’on en juge par le temps d’antenne
qui lui est consacré, que le Penelopegate ou les Panama Papers : dans son programme L’Avenir en commun,
Jean-Luc Mélenchon propose rien de moins que l’adhésion de la France à
l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) ! Ce
programme était disponible depuis plusieurs mois, ce qui donnerait à
penser que les journalistes politiques l’avaient jusqu’alors abondamment
commenté sans l’avoir lu…
C’est sans doute la première fois que le mot ALBA était prononcé sur
les radios concernées et cela aurait mérité, surtout pour un média de
service public, quelques informations sur cette organisation régionale
créée en 2004 par Cuba et le Venezuela. Mais le but était tout autre :
il s’agissait d’associer les noms de deux repoussoirs présumés, Fidel
Castro et Hugo Chavez, à celui de Jean-Luc Mélenchon en vue de
discréditer le candidat de la France insoumise, et donc de le faire
dégringoler dans les sondages. Grosse erreur d’analyse et résultats
nuls, comme on a pu le constater…
Faisons donc le minimum de travail auquel auraient dû s’astreindre MM. Cohen et Namias.
En ce qui concerne l’ALBA, le lecteur pourra se reporter au texte, « L’ALBA-TCP : dix ans au service des peuples latino-américains et caribéens ».
Pour ce qui concerne la place d’une adhésion à l’ALBA dans le
programme de Jean-Luc Mélenchon, on relèvera qu’il s’agit seulement de
l’une des 8 grandes mesures rassemblées dans le chapitre 62 sous le
titre « Construire des coopérations altermondialistes et
internationalistes ». Ces mesures concernent non seulement l’Amérique
latine et les Caraïbes, mais aussi l’Afrique, la Chine, la Banque de
développement des BRICs, l’ONU, l’aide au développement, etc...
Curieusement nos deux « grandes signatures », adeptes du tri sélectif,
n’y trouvent rien à redire. À croire qu’elles ne peuvent pas être
utilisées comme « boules puantes »…
Illustration : captures d’écran de vidéos.
medelu.org
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