jeudi 13 avril 2017

Les Oasis du Colibri

Olivier Cabanel      

Nombreux sont ceux qui connaissent l’expérience passionnante vécu en Alsace à Feldheim, tout comme celle de Totnes, en Grande Bretagne, ou Marinaleda, en Andalousie, ces villes qui visent l’autarcie autour de projet respectant l’environnement, mais ils sont encore peu nombreux à connaitre les Oasis du Colibri.

En effet, à Totnes, au lieu d’attendre inlassablement la réalisation de promesses qui ne viennent jamais, ou trop tard, on a pris le taureau par les cornes, et on s’est donné les moyens de la réussite, puisque les 8500 habitants de la ville, pratiquant la permaculture, avec comme double objectif, l’autarcie alimentaire, et l’autonomie énergétique.
Idem pour Feldheim ou les 150 habitants du village sont chauffés, et éclairés avec les énergies propres, produisant de quoi assurer les besoins de 40 000 foyers, réalisant du coup de fructueux bénéfices.
À Marinaleda, on a mis en pratique la démocratie directe et on affiche un « chômage zéro », et « misère zéro ».
Sur 25 km², une bonne partie des habitants sont employés de la coopérative Humar-Marinaleda, produisant fèves, artichauts, poivrons, et une huile d’olive extra, et n’ont pas l’objectif de faire des bénéfices, s’attachant seulement à créer des emplois, en vendant des produits sains et de qualité. lien
L’utopie réalisatrice qui s’y est mise en place ne connait ni police, ni délinquance, et y assure des salaires bien plus élevés qu’ailleurs. lien
On pourrait aussi évoquer Auroville, ce village indien de 160 hectares, dans lequel cohabitent depuis 1968 des citoyens de 50 nationalités.
Ils n’ont pas de gouvernement, pas de religion, vivent sans argent, et subviennent à leur besoin grâce à leurs cultures, leurs vergers, répartis sur 15 fermes, lesquelles permettent une autosuffisance en lait, produits laitiers, fruits de saison. lien
Mais quid des « oasis du colibri » ?
Nombreux sont ceux qui ont entendu parler de Pierre Rabhi, et ma première rencontre avec cet homme remonte à près de 20 ans, puisqu’avec mon association et 2 autres associations, je l’avais invité au « Jour de la Terre », à Grenoble, un certain 9 avril 1998, en compagnie de Claude Lorius, baptisé « l’homme des glaces », au Summum, belle salle de concert qui avait accueilli ce jour là près de 3000 personnes. lien
Et c’est ce même Pierre Rabhi qui est à l’origine du mouvement Colibri, et des Oasis qui ont suivi.
Concepteur de la « sobriété heureuse », il est reconnu comme l’un des experts internationaux de référence ne matière de sécurité alimentaire, et avait joint le geste à la parole en quittant le monde industriel de la banlieue parisienne pour rejoindre l’univers bucolique et parfumé de la campagne ardéchoise, en faisant la promotion d’un nouveau paradigme basé sur l’agro-écologie, laquelle veut faire vivre une société plus généreuse autant pour l’Homme que pour la Terre.
Revenons aux Oasis ?
Il s’agissait pour le paysan philosophe de faire vivre des lieux de convivialité, d’abondance et de bien-être, lieux visant une autonomie fondée sur la Terre nourricière, la pluriactivité et les échanges favorables à la reconstitution du lien social et à la coopération ville/campagne.
Dans ces Oasis, on favorise les pratiques écologiques, solidaires, et intergénérationnelles, mais on organise aussi des visites, des stages, des chantiers, tout en participants à des conférences, des salons, des éco-festivals, ouvrant largement ses portes aux curieux, aux novices, à toutes les populations.
5 principes fondamentaux fondent les oasis : autonomie alimentaire, et production paysanne, sobriété énergétique et éco-construction, mise en commun des moyens infrastructures d’accueil ou de partage, et jardin partagés, gouvernance respectueuse, et enfin, accueil et ouverture sur le monde.
Le nombre des oasis de colibri ne cesse d’augmenter, et on en compte aujourd’hui plus de 400 réparties sur tout le territoire national.
Pour permettre à ceux qui seraient tentés d’ouvrir une nouvelle oasis, il faut s’inscrire avant décembre dans le Mooc (Massive Open Online Course) « concevoir une oasis », afin de participer à la nouvelle session, session qui va durer 2 mois, avec 2 heures de travail par semaine, afin de mettre au point un projet, réel ou fictif, d’une belle oasis de vie ou de ressources.
La première édition a eu lieu du 27 janvier au 10 avril 2016, et à permis à ce jour de réunir plus de 30 000 personnes.
Le Mooc est une formation gratuite, en ligne, ouverte à tous, et chacun peut travailler à son rythme de chez soi, à n’importe quel moment de sa vie...
La formation se fait grâce à 17 modules, lesquels intègrent 25 vidéos, des quizz, des fiches pratiques, avec comme objectif de permettre la conception technique d’une oasis, tant sur le point juridique que pour sa gouvernance. lien
Dans cette courte vidéo, on peut découvrir la réalité des oasis déjà crées.
Sans attendre les lendemains qui souvent déchantent, quand l’on s’aperçoit, à 2 semaines de l’élection présidentielle, du peu de cas que font de nombreux candidat de l’écologie dans leur programme électoral, voilà donc un moyen facile et constructif de faire vivre de nouveaux réseaux de vie et de partage.

Comme dit mon vieil ami africain : « la planète est comme malade du genre humain. Pourquoi avons-nous déclaré la guerre à la vie à laquelle nous devons la vie ? ».

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