lundi 24 avril 2017

Sortir de ces années pestilentielles

Olivier Cabanel         

Alors que des électeurs taquins proposent que le 23 avril devienne la journée nationale de la sodomie, d’autres se tâtent, hésitant entre leur conviction, et une éventuelle stratégie, appelée, par d’aucuns, le vote utile.

Mitterrand avait viré de bord, optant au bout de quelques mois pour l’austérité, et le social libéralisme...
Chirac nous avait amusé avec ses pommes, et n’avait pas pris en compte qu’il avait été élu grâce au vote citoyen...
Ne parlons pas de Sarközi qui n’a cessé de surprendre la galerie, proférant des paroles indignes d’un président de la république...
Quant à Hollande, « monsieur moi président », il n’a cessé de faire le contraire de quasi tout ce qu’il promettait...
La farce va-t-elle continuer ?
Les primaires ont été l’occasion pour le peuple français de refuser en bloc Sarközi, Juppé, et Valls, qui ne l’ont toujours pas digéré, mais les partis de ces derniers ont fait la sourde oreille, s’engageant, nombreux pour le PS dans le camp Macron, et pour les LR dans celui de Fillon.
La pestilence en quelque sorte...
De quoi dégouter pour longtemps les électeurs qui hésitent à se rendre aux urnes en se bouchant le nez, sachant que le vote blanc ne sert à rien, sinon à se prouver que l’on respecte ce moment citoyen, et que l’on ne veut pas passer pour des paresseux, qui préfèreraient la pêche, alors que se joue le sort du pays.
L’attentat des Champs-Elysées est une bénédiction pour la droite la plus dure, de Fillon à Le Pen, en passant par Dupont-Aignan, qui tentent d’affoler l’électeur, sur le thème bien connu de l’insécurité.
Un attentat qui tombe en effet à pic...
Alors, François Fillon, qui descend progressivement dans les intentions de vote, demande la suspension de la campagne et Marine Le Pen, réclame la fermeture des frontières...lien
Mais au-delà de ces stratégies populistes, que reste-t-il à l’électeur comme solution citoyenne, pour cette journée du 23 avril ?
Voter blanc, c’est prouver que l’on ne rechigne pas à se déplacer vers l’urne... même si ce geste ne changera rien...
Voter pour le moins pire, c’est risquer justement le pire...
Et voter selon sa conscience, c’est respecter sa conviction, courant le risque de faire triompher les pires des solutions.
L’électeur quelque peu déboussolé devrait tout de même se dire quelque chose : quitte à faire perdre son camp, il va se trouver dans une situation avantageuse, car les législatives suivront, et l’élu, quel que soit son bord, aura quelques difficultés à gouverner.
Mais, dans tous les cas de figure, des alliances cachées finiront par se révéler, et la vérité sortira du puits, toute nue...
La question restant est essentielle : faut-il tomber dans le piège du « vote utile » ?..., question comportant sa propre réponse.
C’est ce qu’a tenté de décrypter Serge Halimi, dans une chronique publiée sur le net.
Dans l’hypothèse d’un second tour qui opposerait l’extrême droite à un social-libéral, faut il, pour faire barrage à l’inconcevable accession au pouvoir du front national, choisir un adorateur de la mondialisation ? lien
La question est bien posée.
Alors que, devant son bilan catastrophique, Hollande a logiquement renoncé à briguer un second mandat, que Sarközi a été largement répudié, l’arrivée au pouvoir du front national n’est-il pas de nature à stigmatiser les luttes, gommant les différences souvent infimes, du camp adverse, afin de refaire vivre la République ?
Et si Macron, finalement l’emportait, les luttes ne seraient-elles pas aussi motivées ?
Quand on découvre que, finalement, Hollande a disposé des quasis pleins pouvoirs pendant 5 ans, pour un si piètre résultat, le citoyen ne sera-t-il pas tenté de résister ?
La situation ne serait-elle pas la même en cas de victoire de l’extrême droite ?
Comme l’écrit Halimi, « le projet d’Emmanuel Macron, c’est le marchepied du front national ».
« Quant à l’Europe, elle est fébrile, et observe chaque scrutin national comme si elle y jouait sa peau. Même la victoire d’un des candidats français qu’elle a adoubés ne la rassurerait pas longtemps », poursuit le politologue.
Il n’y aurait donc rien à perdre à voter selon sa conscience, au lieu de se perdre dans des stratégies discutables.

Comme dit mon vieil ami africain : « l’héritier du léopard hérite de ses taches »...

agoravox.fr

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