lundi 24 avril 2017

Au bistro de la toile : donner aux choses l’importance qu’elles ont

Victor Ayoli     

- …teng ! T’as vu ce bordel Victor : des flics se font flinguer en pleins Champs-Élysées, à 9 heures du soir, pendant le dernier raout des candidats. C’est dingue non ?

- Je vais te dire un truc qui va peut-être te faire monter en rabia Loulle. Ce truc des Champzés, c’est surtout effarant et désolant. Effarant de konnerie et désolant de contre-productivité. Les tarés de l’état islamique doivent sabler le Perrier (« le champagne des eaux de table ») en se tapant sur le ventre ! Sans aucune dépense, ni humaine, ni financière, ils bénéficient d’une victoire médiatique extraordinaire ! Pendant des heures, des jours, les médias du monde entier montrent en boucle des images de gens en panique courants sur les Champs-Élysées, des centaines de flics en armes, des camions de pompiers, des voitures de police, phares bleus tournant, avertisseurs deux tons à fond. Comme si la France était sous attaque, comme si Paris était investi par des hordes de sauvages ennemis venant jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes. Bonjour la réclame !
- Tout de même Victor, une voiture de police a été mitraillée, des centaines de passants et de touristes ont été menacés.
- Allons, allons Loulle, ça c’est ce que disent et montrent ces miroirs déformant que sont les chaînes de TV d’informations en continu. Regardons froidement les faits : il y a eu un homicide sur la voie publique. L’auteur : non pas un commando kamikaze mais un abruti faisant une fixation morbide : tuer du flic. Un type seul puisqu’il arrive en bagnole, stoppe sa caisse à proximité des flics, sort sa kalach, défouraille puis s’enfuit pour regagner sa tire pour se barrer. Les flics attaqués ont réagi efficacement et abattu le forcené. Il était forcément seul, puisque la bagnole est restée sur place. S’il avait eu un ou des complices, ils auraient tiré eux aussi ou se seraient barrés. Point barre. Les flics attaqués ont évidemment communiqué en donnant un rapport circonstancié à leur hiérarchie. Et c’est là que le bordel a commencé. En quelques minutes, des dizaines de voitures de flics et de pompiers déboulent, phares tournoyant et sirènes hurlantes. Et c’est ça qui a déclenché la panique.
- Mais enfin Victor, des coups de flingue à tout-va. Ça s’entend, ça se voit ! Et les gens qui en sont témoins se barrent en courant. C’est humain non ?
- Bien sûr. Mais quand tu tires debout avec n’importe quelle arme automatique, Kalash ou autre, tu es obligé de tirer par très courtes rafales, de trois balles, parce que le canon monte et tu tires en l’air. Donc le tueur de flic a dû tirer deux, trois rafales. Et les flics, en retour, guère plus. Ceci en quelques secondes. Dans le bruit de la circulation des Champs-Élysées… Seuls les passants qui étaient à proximité immédiate ont dû baliser et décaniller. C’est la sur action des forces de l’ordre qui a donné le signal de la panique : des gens qui renversent les terrasses en courant dans tous les sens, qui se réfugient en gueulant dans les boutiques, des familles séparées et qui paniquent. Et pour accélérer le bordel, les télés qui filment ces gens affolés, ces images qui passent sur les réseaux, ceux qui sont sur les Champs, même loin du lieu des faits, qui voient ça sur leurs machines à laver le cerveau portative et qui paniquent eux aussi. Et pour couronner le tout, les annonces sépulcrales de Pujadas aux candidats… Lamentable Loulle.
- Mouais. Vu comme ça, c’est vrai ce que tu dis Victor… Mais qui pouvait savoir que ce n’était que le coup de folie d’un abruti solitaire ? Et si ça avait été une attaque concertée, coordonnée, comme au Bataclan ?
- Il faut donner aux choses l’importance qu’elles ont. Les flics qui ont subi l’attaque sont des gens responsables, aguerris, pas des amateurs. Le récit qu’ils ont dû faire devait laisser entendre que le type était seul, et qu’il a été abattu. Et puis ce type - le ci-devant Karim, tueur de flic reconnu, celui qui a tué le ci-devant Xavier, bénéficiant lui du beau nom de Gardien de la Paix – qu’est-ce qu’il foutait là ? Il avait été condamné en 2005 par les Assises à 15 ans de taule. Il aurait dû sortir en 2 020. Si un J.A.P. (qui doit voir aujourd’hui j’espère des insomnies) ne l’avait pas libéré avant la fin de sa peine, Xavier serait toujours vivant.
- C’est vrai. Et c’est d’autant plus révoltant que ce fumier a été présenté à un autre J.A.P. (juge d’application des peines) le 14 avril, pour ne pas respecter ses obligations judiciaires, et laissé libre…

- Et a qui va profiter cette konnerie taille XXL ? Non pas à ceux des candidats qui prônent la paix mais à ceux – Le Pen et Fillon – dont le fonds de commerce est la peur des gens. Et les vrais vainqueurs, si un de ces deux gagne, ce sera les abrutis de Daech dont le but est de déclencher une guerre civile chez nous et ailleurs en Europe.

agoravox.fr

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