C'est
à peine croyable, Hollande le président le plus honni de la cinquième
république à réussi à se cloner.
C'était pas gagner d'avance, mais entre
le Pénélope-gate, l'effondrement du Sarkozy de droite puis de celui de «
gauche » (qui propose l'abrogation du 49-3 alors qu'il l'avait imposait
à quatre reprises). C'est presque à se demander si cela n'était pas
fait exprès pour faire monter un Hamon pour priver Mélenchon d'un second
tour.
Et c'est donc ce même Macron qui a directement inspiré la loi El Khomry et le CICE, mais aussi qui a lancé des ballons d'essais contre les 35 heures, contre le statut de la fonction publique qui rafle la mise. On ne doit pas non plus oublier ses formules provocatrices : « il vaut mieux être payé à 3,5euros de l'heure que d’être un dealer » ou « la vie d’un entrepreneur est bien plus dure que celle d’un salarié » ainsi que « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires » et enfin l'inoubliable « les employées de l'abattoir Gad sont pour beaucoup illettrées ». Ce florilège devrait suffire à situer Macron. Si son programme s’inscrit en grande partie dans la continuité d'Hollande, sa « marche » l’emmène d'une rupture franche avec le social-libéralisme (cher au PS) à
un libéralisme pur mais habillé de présentations trompeuses. Prenons
deux exemples : le chômage et les retraites. Dans les deux cas,
Macron fait miroiter des arguments de justice, voire d’égalité.
L’assurance-chômage deviendrait universelle, ouverte aux salariés
démissionnaires et aux travailleurs indépendants. Quant aux régimes de
retraite, ils devraient être harmonisés selon le principe : « pour chaque
euro cotisé, le même droit à pension pour tous ». Ces propositions peuvent séduire mais, si on gratte un peu, on s’aperçoit qu’elles sont un moyen étourné de mettre en place les réformes libérales de Bruxelles.
Macron propose en effet de changer le mode de financement du chômage en basculant les cotisations sociales salariées vers la CSG.
Or, même si cet impôt est applicable à toutes les formes de revenus, il
n'a rien d'équitable car le même taux s'applique à tous, riches ou
pauvres. Les revenus du patrimoine et des placements ne contribuent que
pour 10% de son financement. En revanche, cet impôt est supporté par les
salariés, qu'ils soient actifs, chômeurs ou retraités puisque ils l'ont
financé à plus de 75%.
Sous prétexte d’harmonisation des retraites,
Macron veut introduire un système de « comptes notionnels » qui est un
régime fonctionnant par répartition, qui permet d’assurer l’équilibre
entre les cotisations versées et les pensions reçues par chaque
génération. Ce principe est que les cotisations sont fixées tandis que
le niveau de la pension versée dépend de l’âge de départ individuel à la
retraite, mais aussi de la conjoncture et des évolutions
démographiques. Ce principe de justice n’est qu’apparent puisqu’il prend
difficilement en compte les différences de déroulements des carrières
mais aussi d’espérances de vie. Ce type de système vise en réalité à
définir une enveloppe globale qui sera répartie entre les retraités.
Macron
veut pérenniser le CICE. Or il est évident que les entreprises ont
consacré une grande partie du CICE à la reconstitution de leurs marges.
Il est donc parfaitement clair que le CICE n’est rien d’autre
qu’un très gros cadeau aux entreprises qui comme on l'aura remarqué, est
sans effet sur le chômage. De plus, il y a de nombreuses entreprises qui
en ont bénéficié, tout en licenciant. Alors qu’avec les 80 milliards
(accumulées depuis 2013) on aurait pu créer 3 millions d'emplois, payés 1
500 euros par mois, cotisation sociales incluses.
En décidant d'exonérer à nouveau les heures supplémentaires, Macron cherche à contourner la durée légale du travail de 35h. Mais cette mesure perçus par les salariés comme une augmentation du pouvoir d'achat est en fait un cadeau aux entreprises : des augmentations salariales peuvent être maquillées en
heures supplémentaires fictives, au bénéfice du salarié et de
l'employeur exonérés d'impôts et de cotisations mais au détriment du
contribuable. En période de crise, ce dispositif est défavorable à l'emploi puisque les entreprises sont incitées à avoir recours à leurs salariés plutôt qu'embaucher. Comme
ministre, il a fait adopter une loi qui a étendu le travail du
dimanche, facilité les licenciements économiques et réduit les recours
aux prud’hommes pour les salariés. Il a ensuite inspiré la loi El
Khomri, dans ses aspects les plus anti-ouvriers, comme le plafonnement
des indemnités prud’homales, que le gouvernement a dû retirer face à la
colère du monde du travail. Macron veut maintenant poursuivre cette
offensive, y compris par ordonnances (à coté le 49-3 paraîtra comme démocratique) pour éviter un débat parlementaire. Il veut réduire l’assiette de l'ISF au seul patrimoine immobilier alors qu'actuellement les actions boursières en font aussi parti. Avec toutes ces garanties, il est logique que la bourse ait flambé après le premier tour !
Certains
nous reprocherons de s’être abstenu au second tour mais après le
spectacle pitoyable du débat de l'entre deux tours que Le Pen nous a
infligé, on ne pouvait pas imaginer que le banquier de Rothschild ne
l'emporte. En outre, il aurait été souhaitable que l’écart soit le plus
faible possible pour montrer aux stratèges de pacotille qui voyait en
Macron le barrage le plus robuste à Le Pen que ce n'est pas le cas,
c'est même le contraire car si on combattait le chiendent avec de
l'engrais, cela se saurait.
Les tribulations de l'écolo économe
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire