jeudi 11 mai 2017

En marche... arrière

hugambrules    

C'est à peine croyable, Hollande le président le plus honni de la cinquième république à réussi à se cloner. 

C'était pas gagner d'avance, mais entre le Pénélope-gate, l'effondrement du Sarkozy de droite puis de celui de « gauche » (qui propose l'abrogation du 49-3 alors qu'il l'avait imposait à quatre reprises). C'est presque à se demander si cela n'était pas fait exprès pour faire monter un Hamon pour priver Mélenchon d'un second tour.
Et c'est donc ce même Macron qui a directement inspiré la loi El Khomry et le CICE, mais aussi qui a lancé des ballons d'essais contre les 35 heures, contre le statut de la fonction publique qui rafle la mise. On ne doit pas non plus oublier ses formules provocatrices : « il vaut mieux être payé à 3,5euros de l'heure que d’être un dealer » ou « la vie d’un entrepreneur est bien plus dure que celle d’un salarié » ainsi que « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires » et enfin l'inoubliable « les employées de l'abattoir Gad sont pour beaucoup illettrées ». Ce florilège devrait suffire à situer Macron. Si son programme s’inscrit en grande partie dans la continuité d'Hollande, sa « marche » l’emmène d'une rupture franche avec le social-libéralisme (cher au PS) à un libéralisme pur mais habillé de présentations trompeuses. Prenons deux exemples : le chômage et les retraites. Dans les deux cas, Macron fait miroiter des arguments de justice, voire d’égalité. L’assurance-chômage deviendrait universelle, ouverte aux salariés démissionnaires et aux travailleurs indépendants. Quant aux régimes de retraite, ils devraient être harmonisés selon le principe : « pour chaque euro cotisé, le même droit à pension pour tous ». Ces propositions peuvent séduire mais, si on gratte un peu, on s’aperçoit qu’elles sont un moyen étourné de mettre en place les réformes libérales de Bruxelles.
Macron propose en effet de changer le mode de financement du chômage en basculant les cotisations sociales salariées vers la CSG. Or, même si cet impôt est applicable à toutes les formes de revenus, il n'a rien d'équitable car le même taux s'applique à tous, riches ou pauvres. Les revenus du patrimoine et des placements ne contribuent que pour 10% de son financement. En revanche, cet impôt est supporté par les salariés, qu'ils soient actifs, chômeurs ou retraités puisque ils l'ont financé à plus de 75%.
Sous prétexte d’harmonisation des retraites, Macron veut introduire un système de « comptes notionnels » qui est un régime fonctionnant par répartition, qui permet d’assurer l’équilibre entre les cotisations versées et les pensions reçues par chaque génération. Ce principe est que les cotisations sont fixées tandis que le niveau de la pension versée dépend de l’âge de départ individuel à la retraite, mais aussi de la conjoncture et des évolutions démographiques. Ce principe de justice n’est qu’apparent puisqu’il prend difficilement en compte les différences de déroulements des carrières mais aussi d’espérances de vie. Ce type de système vise en réalité à définir une enveloppe globale qui sera répartie entre les retraités.
Macron veut pérenniser le CICE. Or il est évident que les entreprises ont consacré une grande partie du CICE à la reconstitution de leurs marges. Il est donc parfaitement clair que le CICE n’est rien d’autre qu’un très gros cadeau aux entreprises qui comme on l'aura remarqué, est sans effet sur le chômage. De plus, il y a de nombreuses entreprises qui en ont bénéficié, tout en licenciant. Alors qu’avec les 80 milliards (accumulées depuis 2013) on aurait pu créer 3 millions d'emplois, payés 1 500 euros par mois, cotisation sociales incluses.
En décidant d'exonérer à nouveau les heures supplémentaires, Macron cherche à contourner la durée légale du travail de 35h. Mais cette mesure perçus par les salariés comme une augmentation du pouvoir d'achat est en fait un cadeau aux entreprises : des augmentations salariales peuvent être maquillées en heures supplémentaires fictives, au bénéfice du salarié et de l'employeur exonérés d'impôts et de cotisations mais au détriment du contribuable. En période de crise, ce dispositif est défavorable à l'emploi puisque les entreprises sont incitées à avoir recours à leurs salariés plutôt qu'embaucher. Comme ministre, il a fait adopter une loi qui a étendu le travail du dimanche, facilité les licenciements économiques et réduit les recours aux prud’hommes pour les salariés. Il a ensuite inspiré la loi El Khomri, dans ses aspects les plus anti-ouvriers, comme le plafonnement des indemnités prud’homales, que le gouvernement a dû retirer face à la colère du monde du travail. Macron veut maintenant poursuivre cette offensive, y compris par ordonnances (à coté le 49-3 paraîtra comme démocratique) pour éviter un débat parlementaire. Il veut réduire l’assiette de l'ISF au seul patrimoine immobilier alors qu'actuellement les actions boursières en font aussi parti. Avec toutes ces garanties, il est logique que la bourse ait flambé après le premier tour !

Certains nous reprocherons de s’être abstenu au second tour mais après le spectacle pitoyable du débat de l'entre deux tours que Le Pen nous a infligé, on ne pouvait pas imaginer que le banquier de Rothschild ne l'emporte. En outre, il aurait été souhaitable que l’écart soit le plus faible possible pour montrer aux stratèges de pacotille qui voyait en Macron le barrage le plus robuste à Le Pen que ce n'est pas le cas, c'est même le contraire car si on combattait le chiendent avec de l'engrais, cela se saurait.

Les tribulations de l'écolo économe

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