Vous l'avez vue partout, la poignée de mains entre Macron et Trump, au sommet de l'OTAN.
Virile,
rude, franche, tout le dictionnaire des synonymes y est passé. Elle a
été montrée sous toutes les phalanges, au ralenti, en plans fixes, avec
indications de visionnage : regardez bien comment c'est Trump, pris à
son jeu, terrassé, qui tente de dégager sa main de la terrible poigne En
Marche, une première fois sans succès, puis une seconde fois. Ah il est
fort, le Français, plus fort que le Japonais, et tous ceux qui se sont
laissés prendre. Entrée en scène réussie pour le gamin, qui a dominé le
septuagénaire et, charme aidant, mis aussi Juncker dans sa poche.
Pourquoi pas ? C'est important, le body langage, et
l'image qui se dégage d'une rencontre internationale pénètre les
consciences. Embrassades, bousculades, bouderies, durée des déjeuners,
des retards, des poignées de main : tout est disséqué, tout fait sens.
Et "la" poignée de mains pénétrera d'autant mieux les consciences
etazuniennes que la presse anglo-saxonne, en guerre contre Trump, lui a
donné toute la publicité nécessaire. Bien joué !
Mais
comme toujours, il y a ce que montre l'image, et ce qu'elle cache. Ce qu'elle cache, c'est que
Trump n'a rien cédé à l'OTAN, répétant ce qu'il répète depuis son élection :
les Etats-Unis paient trop, et les autres pas assez. Ce qu'elle cache, c'est
que si le Français a été bien accueilli à l'UE, c'est parce qu'il a confirmé la teneur de sa feuille de route
(2) : appliquer rigoureusement les réformes demandées par l'Allemagne, avant
toute discussion sérieuse. C'est aussi (et aucun media français, ou presque, ne
l'a remarqué) parce qu'un des premiers gestes du gouvernement Macron-Le Maire a
été de demander le report d'une réunion, prévue le 22 mai en marge de
l'Eurogroupe, qui devait permettre de finaliser un accord, en souffrance depuis
trois ans, entre onze pays européens sur la taxe sur les transactions
financières européennes (nous le racontons ici) (3). Depuis
trois ans, tous les prétextes sont bons pour retarder l'accord. Il est trop
ambitieux, ou pas assez. Il faut attendre les élections ici, ou les élections
là. Aujourd"hui, le Brexit fournit un prétexte en or à la demande
française : alors que "lafinance", fuyant la City, va certainement se
précipiter à Paris ou à Francfort, on ne va pas la décourager en la surtaxant !
En attendant, c'est la finance, qui a tordu le bras de Macron.
Notes :
arretsurimages.net
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