C’était couru d’avance. À l’issue d’un
premier tour truqué, nous voilà sommés de faire barrage au “fascisme”.
La boucle est bouclée.
On vole sa victoire au peuple, on lui fait les
poches, et maintenant on le traite d’ordure parce qu’il refuse de voter
pour un maquereau. En contrôlant la presse, les milliardaires ont
préempté le cerveau des électeurs. Le citoyen est conduit par la main,
comme un enfant, vers l’urne où il déposera son bulletin “Macron”. On
lui dit qu’il faut le faire pour sauver la République, et il le croit.
Aucun risque, l’élection du gigolo est assurée. Mais cela ne suffit pas.
Il faut encore s’acharner sur ceux qui résistent au décervelage.
C’est d’autant plus urgent que le mouflet
est à la peine dès qu’on entre dans le vif du sujet. L’affaire
Whirlpool, de ce point de vue, est une véritable leçon de choses. Voilà
une entreprise qui va fermer parce que ses actionnaires ont décidé de la
délocaliser dans un pays, la Pologne, où la main d’oeuvre est plus
docile. C’est la “libre circulation des capitaux”, comme disent les
traités européens. Les travailleurs sont mis en concurrence les uns avec
les autres, et le capital se déplace là où les perspectives de profit
sont les plus alléchantes. Porte-parole officiel de l’oligarchie,
Jacques Attali a utilisé une belle formule. Cette affaire, a-t-il dit,
est “anecdotique”. Le pire, c’est que ce margoulin a raison. Ce drame
qui frappe 700 familles, hélas, c’est l’écume des jours, c’est la
rubrique des chiens écrasés du capitalisme.
Décidé à faire son numéro, l’oligarque
poudré se rend alors à Amiens. Et que dit-il aux ouvriers jetés à la
porte comme des malpropres ? Que cette fermeture n’a rien à voir avec la
mondialisation, que l’Etat n’y peut rien, et qu’il est venu pour parler
du plan social. Dès qu’on passe aux choses sérieuses, l’idole des
impubères qui s’époumone en salle de concert s’aplatit comme une crêpe
devant les vrais patrons. Celui qui a vendu Alstom aux Américains
liquidera notre patrimoine industriel, il le mettra en pièces,
méticuleusement, tout en éblouissant les gogos avec ses miroirs aux
alouettes façon “start-up”. Macron, c’est un fossoyeur qui a seulement
pris la précaution de se faire blanchir les dents.
Marine Le Pen ayant saisi l’occasion de
cette visite pour lui tailler des croupières, le commis de l’oligarchie
se trouve alors en difficulté. Vite, il faut inventer autre chose pour
le faire rebondir. Heureusement, son équipe de com’ est à la manoeuvre,
et elle a un coup de génie. Elle envoie le Don Juan, aussi sec, faire un
“selfie” avec le clocher d’Oradour-sur-Glane, ce village français qui
fut martyrisé par les nazis. Le message est d’une subtilité
impressionnante. Qu’on se le dise ! Si vous ne votez pas pour le
freluquet, c’est que vous êtes un copain des SS. “Non, pas ça, pas ça !”
s’égosille en meeting le chouchou du Cac 40. À défaut de résister aux
multinationales, Macron aura au moins inventé une parodie
d’antifascisme, la gueulante au micro tenant lieu d’acte de résistance,
avec sa voix éraillée de post-adolescent qui se prend pour
Radio-Londres.
Macron, rempart contre le “fascisme” ? On
pourrait discuter de ce vocabulaire, mais si Le Pen c’est le fascisme,
alors Macron c’est Von Papen. Que l’on sache, le Casanova de la finance
est le serviteur attitré d’une oligarchie qui a sorti le FN de la
naphtaline, l’a nourri au grain, et l’engraisse tous les jours en
dévastant la société française. Même si elle en profite, ce n’est pas
l’extrême-droite qui a mis les travailleurs en concurrence, détruit les
emplois industriels et plié devant le diktat des marchés financiers.
C’est cette même bourgeoisie, cramponnée à ses privilèges de classe, qui
prétend aujourd’hui nous guérir d’un cancer dont elle est la cause.
Qu’elle assume ses turpitudes !
Lorsqu’on nous conjure de combattre Le
Pen en votant Macron, c’est comme si on prescrivait un remède dont on
est sûr qu’il achèvera le malade, ou comme si on nommait un pédophile
directeur d’école. Une imposture n’en chasse jamais une autre, surtout
si elles se renvoient la balle. Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir
que l’antifascisme de Macron n’est que du vent. Macron a besoin de Le
Pen pour se faire élire, car il est minoritaire dans le pays. Le Pen a
besoin de Macron pour occuper la fonction protestataire que le PS lui a
offerte et que Mélenchon a failli lui ravir.
Pour lutter contre
l’extrême-droite, il faut aussi lutter contre Macron et ceux qui le
soutiennent. Et si l’on veut purger la France du nationalisme
identitaire, il faudra d’abord tordre le cou à l’oligarchie qui est son
tas de fumier.
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