dimanche 7 mai 2017

Le Peuple ou les Élites ?

Olivier Cabanel

Une question se posent par ses temps électoraux, y compris sur les antennes nationales, puisque des journalistes n’ont pas hésité à affirmer que, pour cette présidentielle, 2 camps s’opposent, celui du peuple, et celui des élites.

Les élites étant selon eux Macron, et le peuple, la digne descendante du clan Le Pen...
Ce qui reste à prouver...
MLP (Marine le Pen) serait donc classée au rang du « peuple », puisqu’elle n’hésite pas à faire des selfies avec de pauvres bougres qui vont se trouver à la rue sous peu, du coté de Whirlpool, même si la séquence montrait une Marine souriante, à coté d’une ouvrière en pleurs, sauf que le sauvetage de cette entreprise n’est pas au programme de la candidate du FN. lien
Il y a quelques mois, Marion Maréchal Le Pen ne disait pas autre chose en qualifiant le milliardaire Trump de « candidat du peuple », ce qui peut surprendre.
Que Trump soit populiste, personne n’en doute, mais ça ne fait pas pour autant un homme du peuple.
Idem pour MLP, populiste, évidemment, mais pas pour autant « du peuple », car quand on a sur son compte en banque quelques millions, et que l’on est la digne héritière du Château de Montretout, il semble difficile de valider son appartenance « au peuple ».
Quand on est d’une part héritière richissime, et avocate, sans avoir jamais sali ses mains comme une simple travailleuse, on serait plutôt du coté de l’élite...
Cerise sur le gâteau, la « représentante » du peuple préconise l’interdiction des manifestations en période d’état d’urgence. lien
Parlons environnement : quand MLP fait un saut du coté de Gardanne, à l’usine Altéo, pour se parer de vert, bien peu en phase avec la couleur brune de son mouvement, on peut légitimement douter de son engagement écologiste.
Les opposants aux rejets toxiques de l’entreprise ne tomberont peut-être pas dans la manœuvre de séduction. lien
On comprend qu’elle veuille ratisser large, son réservoir de voix étant peut-être insuffisant pour l’emporter, mais on peut douter de la sincérité de son engagement.
On n’a pas oublié ses voltes faces quelques heures après Fukushima, déclarant d’abord que le nucléaire était dangereux, puis quelques jours après, affirmant que l’énergie nucléaire était une option indispensable. lien
Il n’y a pas si longtemps, elle se déclarait anti-bio, anti énergies propres, et climato sceptique...cédant à la pratique politicienne, celle de la girouette. lien
« je suis contre les éoliennes (...) ça ne marche pas » affirmait-elle...
Elle pratique aussi, comme le faisait Fillon à l’époque, copiant Hollande, (lien) le copié/collé pour ses discours, montrant par là le peu de différence qu’il y a entre LR et FN. lien
Un poète internaute, Paul Cosquer en l’occasion, a proposé sur FB une jolie fable qui résume bien la situation.
La fable s’appelle le lion et les gazelles...
Il était une fois un vieux lion très autoritaire et très sectaire sur les principes. Très, cruel, il avait fait les 400 coups dans sa jeunesse.
Pour commander à tous les jeunes lions, lui et ses potes ont fondé un club de mercenaires nostalgiques du « bon vieux temps », comme il l’appelle.
L’une des lionnes, sa propre fille, a monté une vitrine fabuleuse digne d’un compte de Noël pour appâter les gazelles.
Et savez-vous le plus beau ?
Ça marche !
Les gazelles voient passer dans leur troupeau le lion et disent entre elles : « tout ce qu’on nous raconte sur la prétendue dangerosité des lions est faux, ce sont des animaux très gentils et ils ont chaque jour plein d’attention spéciales pour nous  ».
« Cela nous changera d’avoir des lions pour nous diriger » dirent-elles à l’unisson.
La suite nous raconte que cet épisode appelé « la pudeur des gazelles », c’est fort mal terminé.
La morale de cette fable, il n’y en aura pas car il ne faut jamais parler de morale avec ces gazelles sinon elles se bouchent les oreilles en poussant des cris très forts.
Alain Alpern, un internaute taquin et précis, a fait dans son blog, en 2013, le point sur la situation, au cas où MLP accèderait au poste suprême, sous le titre : « On ne pourra plus dire : je ne savais pas !  ».
S’inspirant d’une enquête menée par Médiapart, il prouve que des liens puissants existent encore entre les mouvements de la droite la plus extrême et le FN.
Constatant le nettoyage de façade mené depuis quelques temps par le FN, afin de gommer son image d’extrême droite, il apporte, images à l’appui, les preuves des liens forts qui demeurent entre les JNR, le GUD, les révisionnistes, l’ultra-droite, prouvant la véritable porosité qui existe encore aujourd’hui entre eux et le FN.
Il ne présente pas moins de 67 photos, la plupart récentes, montrant les liens étroits qui existent entre des membres de ces groupes de droite extrême et le FN. lien
Concluons avec la parole de l’ancien résistant Daniel Cordier, compagnon de route de Jean Moulin : « Marine Le Pen est la négation de tout ce pourquoi nous nous sommes battus ». lien
On peut aussi découvrir sur ce lien l’intéressant décryptage du programme du FN grâce à Médiapart, démontrant l’évident enfumage auquel est soumis l’électeur.
Oublions MLP, et voyons du coté de EM (Emmanuel Macron).
Est-il du monde de l’élite ?
Quand on prend la Guyane pour une île, et que l’on s’embrouille les pinceaux en histoire, ou en grammaire, on vient à se demander ce que ces braves énarques apprennent dans leur école élitiste...
N’a-t-il pas écrit aussi que Villeurbanne se trouvait dans la banlieue de Lille ?
Il a aussi quelques lacunes en grammaire, lorsqu’il utilise le mot « expatrier » au sujet d’une personne qui quitterait la France pour la Guadeloupe, territoire français jusqu’à preuve du contraire, on peut légitimement s’interroger sur ses connaissances. lien
Il faudrait relire Cicéron pour décrypter la situation que nous vivons en France aujourd’hui. 
De l’autre coté de l’Atlantique, Cicéron, et ses « catilinaires  » sont redevenus un best-seller inattendu, et il faut découvrir dans « le Point » l’interview de Mary Béard, auteure de « SPQR, Histoire de l’ancienne Rome (éditions Perrin) », remettant au goût du jour l’histoire de l’ancienne Rome, mettant en perspective la récente élection du président américain, et nos propres élections, dans un contexte d’opposition entre le peuple et les élites.
63 ans avant notre ère, Cicéron, le Consul, se trouve face à un adversaire, un certain Catilina, lequel fomente un complot pour prendre le pouvoir, le consul l’ayant appris grâce à une certaine Fulvia, amante d’un des conjurés.
Catalina est un décadent, dépensier et flambeur, un authentique populiste, et s’il est élu il annonce l’abolition générale des dettes, alors que les problèmes sociaux et économiques s’aggravent, et il se présente comme une alternative à l’élite que représente Cicéron.
Ce dernier est le garant d’un État à la dérive et il prend quelques libertés avec la loi, au nom de la sauvegarde de celui-ci.
L’histoire finira mal pour Catilina, obligé de fuir, tous ses complices seront arrêtés et exécutés, sans le moindre procès.
À l’époque, jamais le fossé entre les riches et les pauvres n’avait été aussi grand.
Déjà s’opposaient donc un démagogue populiste, prêt à promettre n’importe quoi, pourvu qu’il arrive au pouvoir, et « une élite qui ne comprenait ni le mécontentement, ni la misère des plus pauvres  », comme l’écrit François-Guillaume Lorrain dans les colonnes de l’hebdo. lien
L’histoire toujours recommencée...
Ces présidentielles sont aussi quelque part freudiennes, il nous faudrait choisir entre celle qui a tué son père et celui qui a épousé sa mère !
Le 1er mai, le grand patron de Renault et Nissan, l’un des soutiens de EM, a mis les points sur les « i » faisant preuve d’un cynisme décomplexé au sujet de l’augmentation de son salaire, affirmant « ce n’est pas aux actionnaires de décider la rémunération du président ». lien
Le ton est donné.
Finalement, le choix des français est limité : le mur ou le vide...
Mais il reste les législatives, et elles pourraient perturber l’élu, l’empêchant d’appliquer son programme.
C’est ce qu’a déclaré le 1er mai JLM (Jean Luc Mélenchon), qui donne rendez vous aux citoyens pour les législatives. lien
Avec 7 millions de voix au 1er tour, la FI pourrait prétendre obtenir au moins 200 sièges à l’Assemblée Nationale.
Pas étonnant des lors que commence à fleurir dans les manifestations le slogan « ni patrie, ni patron  ». lien

Comme dit mon vieil ami africain : « si tu vois une chèvre dans le repaire d’un lion, méfie toi de la chèvre »...

agoravox.fr

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