lundi 29 mai 2017

Les enfants d’EOLE

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Les enfants d’EOLE dont ma môme, pataugent dans la boue.

Dans ces villages métissés du 18ème arrondissement, La Chapelle, Pajol, Goutte d’or, Marx Dormoy, loin des polémiques instrumentalisées, nos titis, nos gavroches s’offrent une plage ensoleillée loin de la mer et ça fait presque pareil, moins l’iode.
Oui, si notre quartier n’est pas le plus beau port de plaisance du pays, s’il trimballe ses problèmes empilés et mis sous le tapis, ce n’est pas non plus un enfer peuplé de barbares ensauvagés ni une zone de non droit interdit à qui que ce soit, sauf peut-être aux cons qui savent tout de loin et viennent ici une fois tous les cinq ans comme en safari électoral avec tour opérator.
Sans doute certains nouveaux habitants, dans ce syndrome de gentrification avancée, se retrouvent-ils gênés soudain aux entournures à se confronter à des lieux restés populaires et mélangés, un peu bruyant, un peu cracra, pas franchement dans les clous mais terriblement vivants et solidaires.
Ce n’est pas tant de la police qu’il nous faut ici (si ce n’est de proximité) que des médiateurs civiques, des travailleurs sociaux, des animateurs de rue, autant de postes que l’on s’empresse surtout de supprimer au nom de l’austérité.
Pas très compétitif tout ça.
Pour en revenir à la visite de Melenchon dans nos quartiers et à cette consternante mini polémique
Nassira El Moaddem (directrice du Bondy Blog) - Des jeunes qui visiblement sont contents de vous voir et vous les humiliez publiquement @JLMelenchon Mépris dégoulinant.
Mon témoignage :
Oui il se trouve que j’y étais, elle pas.
Il faut vraiment avoir un prisme très particulier pour voir en cette scène quelque mépris que ce soit ou de l’humiliation et ce commentaire désolant en dit plus long sur une grille de lecture obsessionnelle et biaisée que sur la capacité à lire lucidement une situation.
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Perso à deux mètres de l’affaire, dans la liesse populaire et l’excitation des gamins devant LA caméra - de cette camera plus ou moins permanente et totalitaire qui attend l’incident ou le déclenche, faut bien nourrir la bête et vient mettre de toute façon sa propre interaction dans le contexte et son champ particulier de vision, celui entre autre de l’émission « Quotidien »  de TF1, cet infotainment, mélange de vrai et de faux, de spectacle et de réel scénarisé qui te pointe un zoom sur ta gueule et t’ordonne d’être naturel en fabriquant du spontané - je n’y ai vu en temps réel rien d’autre qu’une petite leçon de chose paternelle et bon enfant avec juste ce qu'il faut d'autorité bienveillante.
Les mômes d’ailleurs recevant parfaitement le message en s’apaisant.
Oui, respecter l’autre et particulièrement l’enfant ou l’ado ce n’est pas forcément aller dans son sens mais aussi lui parler en adulte, le considérer et parler à son intelligence. Non, Mélenchon ne traite pas ces gamins de « barbares » mais les alerte sur le fait que leur conduite servira à les discriminer encore dans l’utilisation des images avec le recul de celui à qui on ne la fait plus devant des mômes encore bien innocents face au zoom toxique de Latélé.
Oui, recadrer des enfants attachants enthousiastes et chiants aussi , c’est s’intéresser à eux et précisément le contraire du mépris. Les aimer, c’est leur parler quand certains se seraient contentés de venir pour la photo. (et y’en a).
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Mais quand la haine se substitue à l’intelligence et fait renoncer à toute analyse sereine alors, dans cet anti-mélenchonisme pavlovien dont les effets semblent permanents chez certains et qui en devient pathétique, on doit lire dans tout comportement du Gourou forcément, les traces de l’autoritarisme masqué qui surgit au débotté face au réel et que la caméra capterait subtilement à cet instant précis, à fabriquer toujours la même image du personnage hors contrôle.
DAs5nNjW0AAjjxi.jpgLassitude de cette hystérie collective au moindre poil de cul qui dépasse et de cette traque implacable jusqu’à forcer la faute, jusqu’à l’abjection et l’écoeurement si besoin, quitte même à déterrer du cadavre pour mieux frapper sous la ceinture encore.

J’écris tout cela dans ma tête au jardin d’EOLE, en somnolant d’un oeil, en surveillant ma môme de l’autre, et dans les cris joyeux des enfants qui s’éclaboussent, j’entends presque les vagues des fois…

rue-affre

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