Une violente lutte d'influence se déroule parmi les conseillers de la Maison Blanche.
Le G7 qui se tient dans la ville italienne de Taormina, en Sicile, les
26 et 27 mai devra entre autres préoccupations, comme le terrorisme, le
commerce international ou la Corée du Nord, tenter de comprendre ce que
le président Donald Trump compte faire de l’accord de Paris sur le
climat. Pas certain que le président américain le sache lui-même. Il
vient de faire annoncer qu’il ne prendra finalement sa décision qu’après
le G7. Alors qu'il a déjà annulé au début du mois de mai la réunion des
conseillers de la Maison Blanche qui devait statuer sur le retrait de
la signature des États-Unis annoncé pendant sa campagne électorale.
Néanmoins, première certitude après la réunion préparatoire de la
COP23 qui s’est tenue à Bonn du 8 au 17 mai : la minuscule délégation
américaine composée d’obscurs diplomates n’est intervenue qu’à la marge,
car elle n’avait reçu aucune instruction de Washington. Au même moment,
le projet de budget fédéral réduisait le budget de l’Agence fédérale
pour l’environnement de 31 %. En attendant « mieux ».
La décision a été suivie par une diminution de 70 % des fonds
consacrés aux énergies éolienne et solaire, avec ce commentaire suivant
du responsable budgétaire de la Maison Blanche, Mick Mulvaney : «
Nous voulons maintenir une part de la science du climat, mais nous
n’entendons pas renouer avec les projets fous de l’administration
précédente. » Cette attitude implique également d’autres coupes
budgétaires qui concerneront la plupart des programmes scientifique liés
à l’environnement et aux sciences de la terre.
Quant à l’Administration fédérale pour les océans et l’atmosphère
(NOAA) son financement perd 16 % et son programme de recherche sur le
climat 19 %. Autre réduction budgétaire, de 24 %, celle du Programme sur
la protection de la préservation des terres contre le changement
climatique. Sans oublier la disparition de cinq opérations de
surveillance climatique menées par les satellites de la NASA. Il ne
s'agit là que de quelques exemples d’une longue liste qui remet en cause
le travail des scientifiques, alors qu’officiellement aucune décision
n’est prise. S’y ajoute un mépris officiel pour la science.
Le Secrétaire d'État américain ignore les intentions du Président
En fait, une lutte d’influence se déroule au cœur de l’administration
de Donald Trump, entre les conseillers partisans de faire semblant de
garder l’Accord de Paris et ceux qui veulent un geste fort de la
présidence pour satisfaire les électeurs et les milieux industriels,
notamment les producteurs de pétrole et de charbon. Cette lutte est
indécise puisque le Secrétaire d’État américain (l'équivalent d'un
ministre des Affaires étrangères), Rex Tillerson, a avoué hier à
quelques journalistes dans l’avion présidentiel volant vers Bruxelles ne
pas savoir si la question climatique avait été évoquée entre le pape et
son président lors de leur entretien au Vatican. Bien que la question « aurait été »
– conditionnel de rigueur – brièvement abordée avec le secrétaire
d’Etat du Saint-Siège (chargé des affaires politiques et diplomatiques
et équivalent d'un Premier ministre), le cardinal Pietro Parolin.
L'affirmation n'est cependant que de peu de poids, les Saoudiens ayant
obtenu du Président américain l’assurance que son pays ne remettrait pas
en cause la suprématie de l’usage des énergies fossiles…
« Dévastation du monde scientifique »
D’après Rush Hold, le responsable de l’Association américaine pour l’avancement de la science, « si les propositions budgétaires de la Maison Blanche étaient avalisées par les parlementaires américains, cela
impliquerait une dévastation et une décimation des recherches
scientifiques aux États-Unis. Avec de sérieuses répercussions pour
l’économie et la sécurité américaines. »
Le président américain devrait donc repartir du G7 en laissant ses
interlocuteurs dans l’incertitude. Cela inquiète beaucoup les
organisateurs italiens du sommet et les délégations française et
allemande.
Ils sont aussi inquiets de l’éventualité d’un pourrissement
de l’application de l’Accord de Paris que d’une décision de retrait de
la signature américaine. Deux hypothèses qui menacent également la COP
23 du mois de novembre prochain.
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