De même que le premier tour de la
présidentielle avait fait exploser le bipartisme traditionnel du paysage
politique français, de même les législatives sont en train le
recomposer de façon un brin inédite et chaotique, mais hautement
prévisible.
En mai 2013, sous le titre “Un paysage politique français entièrement redessiné par la crise”, j’écrivais :
Trois courants de pensées bien distinctes, trois ensembles structurés, apparaissent désormais qui interdisent la facilité de mettre tous les hommes politiques dans le même panier. Ces trois courants se distinguent par leur positionnement vis-à-vis du système capitaliste financier.
Je décrivais ainsi ces trois courants :
- La droite hors système « constituée de plusieurs mouvements : le Front National, le “Debout la République” de Nicolas Dupont-Aignan… »
- Un “milieu”pro système « représenté par deux
forces majeures, l’UMP et le Parti socialiste, autour desquelles
gravitent quelques satellites : le(s) centre(s), les écologistes
d’EELV… »
- La gauche hors système partagée entre le courant Jean-Luc Mélenchon et ce qui reste de la vieille gauche (le PCF).
Pas difficile de mettre des noms sur qui appartient à chacun de ces
groupes. Le troisième est sans doute le plus significatif, en ceci qu’il
procède de ces “coalitions de survie” qu’on a déjà vu se constituer en
Grèce, en Italie, en Espagne et dans lesquels se rassemblent les forces
d’un vieux système battu en brèche.
Vacillement à droite, soubresauts au “milieu”, décantation à gauche
La bataille pour les législatives de juin montre. que cette
recomposition ne procède pas sans remous au sein de chacun de ces trois
courants, mais avec des fortunes diverses :
- La droite hors système est manifestement ébranlée suite à sa défaite du 2nd tour de la présidentielle,
celle-ci ayant (assez logiquement) marqué les limites du Front national
et de ses leaders dès lors que ceux-là se retrouvaient aux pieds du
dernier mur les séparant du pouvoir. La prestation médiocrissime de
Marine Le Pen lors du dernier débat présidentiel en est un signe patent.
- Le “milieu” pro système est secoué par les ultimes soubresauts des naufragés du vieux monde :
la réaction épidermique de Bayrou tentant de sauver ce qui reste du
Modem face aux listes législatives imposées par “la République en
marche” de Macron, les manœuvres des juppéistes pour se distinguer du
lot, les intrigues de Manuel Valls pour ne pas couler corps et biens.
- C’est la gauche hors système, largement dominée par la montée en puissance de la France insoumise, qui offre le paysage le plus clairement redessiné ; le mouvement emmené par Jean-Luc Mélenchon bénéficie de deux atouts majeurs : un programme cohérent et une dynamique impulsée lors de la présidentielle ; autour, c’est la Bérésina : un PCF moribond qui se débat à grands coups de coups tordus, un radeau de socialistes “frondeurs” en pleine dislocation.
Difficile cependant de prédire lequel de ces groupes tirera son
épingle du prochain jeu législatif en juin. Car s’il est somme toute
facile de dresser le nouveau paysage politique français, il est plus
difficile de prévoir la réaction d’un corps électoral tout aussi
décontenancé que ses élites dirigeantes par la précipitation de cette
recomposition.
Photo : Jean-Luc Mélenchon: « Je ne veux pas affaiblir le PS, je veux le remplacer »
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