mardi 23 mai 2017

Voilà revenu le temps des enfumages de l’été

Victor Ayoli   

C'est reparti. Non, je ne veux pas parler des élections législatives mais des traditionnelles manifestations de bourrage de crâne du début de l'été : le festival de Cannes puis Roland-Garros.

Cannes, j'y ai habité lorsque j'étais un peu plus jeune. Beaucoup de Cannois fuient leur ville quand débarquent les hordes de shootés à la péloche. Comme les Avignonnais durant le festival de théâtre. Et – pas kons – ils louent à tarif salé leurs turnes aux festivaliers.
Cannes, c'est le festival de l'illusion, du mensonge, du m'as-tu-vu, de la niaisitude triomphante où s'exposent, où s'étalent des montagnes de vanité, des tombereaux de nullités à paillettes. Et les merdias de nous rebattre les esgourdes avec les insignifiances de quelque « star », de nous goinfrer les mirettes avec les images fugitives du calbar en dentelles d'une « vedette ». Les états d'âmes des gens du vide ! Bof…
Puis dans la foulée, on va subir les « exploits » de quelques klampins qui se renvoient laborieusement une petite baballe jaune en criant, à Rolland-Garros.
Ah ! N'oublions pas les mononeuronnés qui vont rouler à fond la caisse, comme un pet sur une toile cirée, devant le plus beau ramassis d'escrocs que le monde puisse porter : le grand prix de Monaco…
Enfumage général. Occuper l'esprit de la « populasse » (c'est ainsi qu'ils parlent de nous entre eux, les parasites qui nous gouvernent si mal) avec de l'émotionnel, du fait-divers, des « peoples », du sport. On va savoir de quelle couleur est la culotte de Bella Hadid. On va flasher sur les nichons d’Elizabeth Olsen ou les cuisses de je ne sais quelle belle nana. Parait même que les nazislamistes vont profiter de la caisse de résonance cannoise pour ressortir leur burkini.
Faire la Une avec ces couenneries ou les douleurs de dos de Tsonga et les crampes de Nadal, voilà ce qui est important ! Et insinuer au « populo », sournoisement, la peur via l'insécurité sociale organisée. La peur via les risques d'attentat. Et avant tout la peur du chomdu. La peur incite à la soumission envers ceux qui prétendent pouvoir les « protéger »... Tremblez, braves gens, et obéissez servilement : Big Brother et Big Bâton veillent sur vous !
Et puis, ça évite de parler d'une réalité qui n'a pas changée malgré la nouvelle donne politique : problèmes de chômage récurrents, de rabotage des libertés, de hausse des prix, des escroqueries sans vergogne des politicards de tous bords, de léchage du cul des banques, de la montée des nationalismes partout dans le monde, du terrorisme de plus en plus présent, du flicage généralisé, de la volonté de manipulation des « Zélites », des cleptocraties qui font main basse sur le monde à travers la mondialisation ultralibérale.
Nous allons pourtant encore voter dans trois semaines. Et ça, c'est important. Enfin, ça devrait l'être… Le suffrage universel dit que c'est le peuple qui doit décider. Tè ! Fumes... Aujourd'hui nous n'élisons plus nos représentants mais nos maîtres, quasi inamovibles, tout puissants et juridiquement intouchables. Ceux-ci – les politiques - n'étant que les marionnettes interchangeables des « maîtres du monde » occultes : les mafieux de la finance. Bref, c'est le retour vers la féodalité avec les techniques d'abrutissement en plus…

Faudra tout de même aller le mettre notre petit bulletin, seul moyen qui nous est octroyé épisodiquement pour faire entendre notre (petite) voix. Et virer les sortants en continuant la saine œuvre de dégagisme commencé à la présidentielle.
Après, on aura le Tour de France et le mois de bronzage de cul traditionnel. D'autres, nouveaux venus sur la scène politique, seront – eux – au boulot pour détricoter...le code du boulot !

Illustration : merci à Luc Arnault

Aucun commentaire: