Dans le même quart d’heure on tombe sur ce reportage d’Alter Eco qui décrit par le menu la vie quotidienne à Calais sous le règne de Macron :
[…] Entraves aux distributions d’eau et de nourriture, verbalisations récurrentes et immobilisations de véhicules sont le quotidien des réseaux associatifs venant en aide aux migrants qui ont fait leur retour dans le Calaisis en début d’année. « J’en suis à 1300 euros d’amende depuis le début du mois, illustre Christian Salomé, président de l’Auberge des migrants. Mais c’est pour les exilés que la situation est la plus difficile, ils ne peuvent ni se doucher, ni dormir, leurs sacs de couchage sont aspergés de gaz lacrymogènes afin de les rendre inutilisables… » […]
Voilà qui rappelle que les associations ont intenté une action en justice pour « dénoncer les atteintes graves et répétées aux droits et aux libertés des migrants ». La chasse est ouverte douze mois l’an et la police traque le gibier à toute heure. Les bénévoles des associations ne sont peut-être pas aussi physiquement éprouvés que les exilés mais ils partagent le même sentiment d’être des bêtes malfaisantes à éradiquer. Lire Médecins Sans Frontières :
« Cela fait un mois que le Secours Catholique nous alertait sur le manque de soins, mais le déclenchement de notre venue, c’est vraiment la pression qui pèse sur les associations locales. Les bénévoles ont le sentiment d’être considérés comme des activistes… »
Tu vas dire que les bénévoles naïfs, les militants droits-de-l’hommistes, les associations irresponsables, tout ça n’est qu’un seul point de vue partial et qu’il faut être objectif en diversifiant ses sources. Ça tombe bien. Le Défenseur des droits Jacques Toubon — un ancien ministre chiraquien c’est dire s’il est révolutionnaire — vient de publier son rapport sur Calais. Je te fais un petit florilège :
« Des atteintes aux droits fondamentaux d’une exceptionnelle et inédite gravité. »
« Tous les points d’eau ayant été supprimés, les migrants ne peuvent pas se laver, ni même boire. »
« Le 6 juin à 19h30, pour la première fois, à ma connaissance, depuis que nous opérons sur place, une consultation dans une clinique mobile a été interrompue par les CRS, l’un d’eux n’hésitant pas à ouvrir la porte pour en extraire la personne qui se faisait soigner. »

Au service d’une « plus grande humanité », le ministre Collomb envoie 140 flics supplémentaires

Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, vient faire une visite à Calais. Pour annoncer la création d’un centre d’accueil d’urgence pour les exilés ? Pour calmer les ardeurs de la police ? Pour ouvrir une cantine et des douches ? Tu as lu « la plus grande humanité » du président Macron ? Eh bien tu as mal compris. « Collomb met en place sa politique anti-migrants » nous résume la presse. En annonçant cent-quarante flics de plus. En plus des cent-cinquante supplémentaires qui viennent d’arriver en renfort…
Allons faire un tour à la frontière italienne pour nous changer le moral. Hier on apprend la libération de Cédric Herrou après une énième garde à vue. Un commentateur sarcastique fait remarquer que c’est comme si on avait mis Coluche en garde à vue pour avoir créé les Restos du cœur. Cédric s’en fout la gardav, lui, est content. Il a atteint son but du moment : les deux gosses qu’il accompagnait ont été pris en charge par l’ASE, l’Aide sociale à l’enfance. On ne sait par quel hasard tordu la police ne les a pas renvoyés illégalement en Italie…
« La plus grande humanité » d’Emmanuel Macron ? As-tu oublié ? « Le kwassa kwassa pêche peu. Il ramène du Comorien. » L’article partitif déshumanise. Il n’y a pas d’êtres humains, pas d’individus, pas de personnes mais un produit en masse non quantifiée comme l’agriculteur cultive du blé et du tournesol. Comme on casse du négro et du bougnoule. Comme les Nazis envoyaient du Juif dans les camps de la mort.

On comprend pourquoi Génération identitaire et Front national applaudissent.

Le Yéti