vendredi 16 juin 2017

Corbyn fait flipper notre Prince

9782011561237-001-G.jpegGilles Devers     

Si j’en lis la presse officielle, le Prince serait confronté au défi majeur qu’est Bayrou. Belle plaisanterie : le moralisateur ne vaut plus en rond avec son parti financé par l’argent public européen.

Il dégagera la première occasion, ce d’autant plus que le Prince, vu le nombre de ses députés En Marche ! - qui tous ont signé une déclaration d’obéissance - n’a plus besoin de s’embarrasser des machins-choses du MoDem.
En revanche, je constate que Corbyn est un véritable problème.
Le Prince n’a d’avenir que s’il a éradiqué la gauche. Le PS est en lambeaux.
Mais tout le problème, c’est Corbyn. Un vieux militant, réélu depuis plus de 20 ans dans sa circonscription de la banlieue de Londres, qui sait pas faire un discours sans défendre les services publics, le rééquilibrage des richesses par l’impôt, et la solidarité, à commencer par son soutien à la résistance du peuple palestinien. Bref, la Gauche d’un autre temps.
Sauf que chez nos amis britanniques, cette Gauche est vivante, et pleine d’avenir. Quand il est parvenu à la tête du Labour, toute la bonne presse a expliqué que c’était un coup d’humeur de la jeunesse. Vu le soutien affiché à la cause palestinienne, le PS, sioniste dans l’âme, n’a pas bronché une oreille, restant callé sur le ligne Blair, qui conduit à El Blanco et Macron.
Corbyn a fait ensuite l’objet d’attaques insensées des anciens dirigeants du parti, qui sont allés en justice pour le destituer, et qui ont perdu, lamentablement.
May, persuadée de la nullité de Corbyn, avait choisi de provoquer des élections anticipées, pour conforter sa majorité absolue. Elle a perdu cette majorité absolue, et doit composer avec un groupe de minoritaire d’allumés, pour tenter de faire une majorité. C’est dire qu’elle n’a plus aucune marge de manœuvre pour négocier le Brexit, car aux premières difficultés – la facture, la remise en cause des droits des Britanniques expatriés, les études, le déménagement des grandes banques… – son gouvernement sautera.
Qelle est la réaction de la France, à cette défaite lamentable de May, qui hypothèque le Brexit ?
Rien… en fait, pile l’inverse.
La rencontre du 13 juin rentre May et le Prince a été joyeuse et détendue, avec une rencontre, un dîner de travail, et un match de football. Rien sur le fond, donc le Brexit et l’impasse dans laquelle s’enfoncent les conservateurs britanniques. Le grand sujet a été « la lutte contre le terrorisme » avec un « plan d’action très concret » de lutte contre la propagande terroriste en ligne qui va être éradiquée garce à un contrôle d’Internet. Une question maintes fois traitée, blindée de textes. May et le Prince n’ont rien abordé de précis, et il n’y a rien à faire de plus que ficher la paix aux flics pour qu’ils puissent travailler.
En réalité, pour défendre l’Europe, la seule ligne logique était de dire à May qu’elle s’était gauffrée, et qu’elle avait plus une légitimité à zéro pour négocier le Brexit. Mais dire cela – simple constant des faits – c’est reconnaître la victoire de Corbyn et de sa joyeuse équipe, ce qui est radicalement impossible.
En Macronie, il est de priorité nationale de soutenir la Gauche n’existe plus, ce en assimilant la Gauche et le Parti socialiste, ce qui est une escroquerie intellectuelle majeure.
Désormais la tendance de soutenir le Brexit, en priant pour que May parvienne à rester au pouvoir, et ne laisse surtout la place à Corbyn. Une Gauche puissante en Grande-Bretagne peut contaminer la France, et c’est un gros souci pour notre Prince.
Tant pis pour le Brexit, c’est une question secondaire, la seule chose qui compte est que Corbyn n’accède jamais au pouvoir. 

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