jeudi 22 juin 2017

Du calendrier des affaires et de l’usurpation démocratique

François Cocq   

M. Macron est bien comme les autres. Il aura laissé passer les élections pour que la crise larvée qui touchait depuis des semaines dans de larges parts les membres de son gouvernement éclate au grand jour. Goulard, Bayrou, De Sarnez, Ferrand et désormais Pénicaud, la majorité absolue de M. Macron repose sur une tromperie flagrante des électeurs. 

Que ces affaires là n’ont-elles pas eu de conséquences plus tôt ? La composition de l’Assemblée en eut-été modifiée. Mais non, le monarque s’est assuré une majorité absolue au parlement au prix d’une duperie démocratique.
Le calendrier en soi est un révélateur de la façon de faire du Président. Celui-là a compris qu’il fallait maîtriser les temporalités en politique. Mais c’est pour mieux reproduire les maquillages à l’ancienne. M. Macron a verrouillé la communication sur les affaires politico-judiciaires jusqu’au soir du 2nd tour : « présomption d’innocence » ânonnait-il. Lundi matin, le 1er ministre Edouard Philippe clamait encore sur les ondes, lors du service après-vente électoral, qu’il n’y avait « aucun problème » avec M. Bayrou !
Une heure après, Mme Goulard démissionnait du ministère de la Défense. Le lendemain, c’était au tour de François Bayrou de quitter celui de la justice et de Marielle de Sarnez de suivre la course folle de ce gouvernement. Avant Richard Ferrand ce soir et Mme Pénicaud demain, elle aussi visée par une affaire judiciaire.
Que personne ne vienne repeindre le tableau en exonérant M. Macron de sa responsabilité, voire en le félicitant pour ces évictions : M. Macron est en première ligne. C’est lui qui avait retardé l’annonce de la composition de son gouvernement de 24 h au mois de mai pour des « vérifications » de probité. Le résultat est là : les « vérifications  » étaient un artifice, ce gouvernement est pire que les précédents. Le contrat individuel de probité revendiqué par M. Macron et décliné dans son ersatz de loi sur la moralisation de la vie publique a volé en éclat : comme en matière de droit du travail, ce n’est pas le contrat qui protège, c’est la loi qui prévient des abus.
Mais la falsification macronienne ne s’arrête pas là : M. Macron recycle ceux qui sont mouillés dans les affaires politico-judiciaires comme il recycle les ministres PS.  Son bras droit Richard Ferrand ne serait ainsi plus assez vertueux pour être ministre et sera donc exfiltré ce soir lors du remaniement ministériel. Mais M. Macron l’impose par contre à la tête du groupe des députés de La République en marche. La représentation parlementaire serait-elle à ce point un objet politique de seconde zone dans la tête du Président pour que ce qui n’était plus suffisant pour le gouvernement le redevienne pour l’Assemblée ? Mépris ostensible pour la représentation parlementaire et pour les députés qu’il a fait élire dont il veut faire des godillots.
Car quand le Président a dit, les moutons suivent. Instruit de cet exemple, Mme De Sarnez lui emboîte le pas et prétend faire de même. Elle qui juge sa situation intenable au ministère se projette sans ciller à la tête du groupe parlementaire Modem. M. Macron par sa pratique irrigue l’ensemble de la vie politique avec de l’eau souillée.
C’est donc l’ensemble du processus électoral que M. Macron a détourné : il s’est construit une majorité grâce à la sourdine apposée depuis l’Elysée sur les affaires. Qu’on se le dise quand on sait que nombre de circonscriptions se sont jouées à quelques centaines de voix. Puis il travestit le sens du vote de celles et ceux qui, en toute bonne foi, se sont portés sur les candidats de son parti en espérant le renouvellement : ceux-là voient les députés qu’ils ont élus être mis sous la coupe d’un et d’une président-e de groupe que le scandale a chassé du gouvernement.

À défaut d’adhésion à son projet, force est de constater que d’élection en élection, M. Macron est passé maître dans l’art de la manipulation.

François Cocq

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