Une ONG dénonce l’exportation par la Suisse d’atrazine, un pesticide
dangereux et interdit en Europe, vers des pays en développement. La
France est elle aussi pointée du doigt.
C’est une bombe qu’a révélé l’ONG suisse Public Eye en mai 2017, après s’être procurée des documents confidentiels auprès de l’administration fédérale : la Suisse exporte des pesticides dangereux et interdits sur son territoire depuis plus de dix ans ! Leurs noms ? Atrazine et paraquat. “Ces derniers font partie des pesticides les plus toxiques au monde pour la santé et l’environnement”, alerte l’ONG.
L’atrazine est un perturbateur endocrinien qui affecte le système reproducteur
et augmente les risques de cancer. Quant au paraquat, il cause chaque
année des milliers d’empoisonnements et est lié à plusieurs maladies
chroniques, dont la maladie de Parkinson.
Et le plus choquant dans les dénonciations de l’ONG est que
ces substances dangereuses ont été exportées entre 2012 et
2016 à l’Argentine, le Brésil, le Cameroun, la Chine, l’Inde, le
Pakistan, le Pérou et la Thaïlande. Bref, essentiellement des pays en
développement. Mais la France n’a aucune leçon à donner à son voisin,
puisqu’elle aussi exporte de l’atrazine vers l’Afrique, l’Asie… Et
contrairement à la Suisse, nul besoin de se procurer des données
confidentielles : les exportations de l’Hexagone sont rendues publiques
par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) sur son site internet !
142 exportations d’atrazine par la France depuis 2004
Depuis le mois de janvier 2017, la France a autorisé l’exportation de
7 cargaisons d’atrazine vers la Chine, le Pakistan, l’Azerbaïdjan, le
Soudan, l’Ukraine et la Suisse. Toutefois, les quantités de produits
exportées ne sont pas indiquées. Si l’on remonte dans l’historique des
exportations, l’on découvre que l’Hexagone a autorisé au total 142
envois d’atrazine depuis 2004.
Ainsi, l’ONG Public Eye accuse la Suisse et la France – mais aussi
les autres États signataires, soit l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique
et l’Espagne – de violer les termes de la Convention de Bâle et de celle de Bamako. La première interdit “l’exportation de déchets dangereux et d’autres déchets dans les Parties qui ont interdit l’importation de tels déchets”, la seconde stipule que sont considérés comme déchets dangereux “les
substances dangereuses qui ont été frappées d’interdiction […] dans les
pays de production pour des raisons de protection de la santé humaine
ou de l’environnement”. Or le Cameroun, qui a reçu son lot de
pesticides dangereux de la Suisse, est signataire de la Convention de
Bamako. Tout comme le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire,
l’Ethiopie, le Mali et le Soudan, qui ont reçu au total 33 cargaisons
d’atrazine de la France depuis 2004.
Lire la suite sur : Sciences & Avenir, Lise Loumé, 02.06.2017
Les Crises
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire