vendredi 23 juin 2017

Une récolte de fonds pour replanter les oliviers de Palestine

L’olivier, cet « arbre de lumière » nommé ainsi par les habitants de Cisjordanie, tient une place fondamentale dans l’économie palestinienne, et l’huile produite à partir de ces arbres représente à elle-seule 25% de la production agricole. Photo : Jaafar Ashtiyeh/AFPClémence Viola    

Le Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF) a lancé début juin une campagne de récolte de fonds pour planter des oliviers en Palestine, qui depuis des décennies sont arrachés et brûlés par l’occupation israélienne. 

Le Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF) a lancé début juin une campagne de récolte de fonds pour planter des oliviers en Palestine, qui depuis des décennies, sont arrachés et brûlés par l’occupation israélienne.
Objectif : récolter 10 000 euros pour replanter 1000 arbres. La campagne, « Des oliviers pour la Palestine », s’étend sur quatre mois, jusqu’à la fin du mois de septembre, et se déroule parallèlement sur le terrain et sur internet avec la création . « Il faut environ dix à vingt euros pour planter un olivier », précise Mehdi Belmecheri-Rozental, responsable national des questions internationales au Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF). Chaque fédération a un objectif de fonds à atteindre, et prend des initiatives en fonction de ses moyens et de ses envies. Cette campagne de terrain peut prendre diverses formes. Des concerts aux tournois de football, en passant par des lâchés de ballon jusqu’à des projections de films ouvrant sur des débats, tout est bon pour rassembler le plus possible de personnes et les sensibiliser à la question palestinienne. Le projet est aussi mené en collaboration avec l’Arab center for agricultural development (ACAD), association palestinienne qui lutte depuis 1988 pour l’amélioration de la situation économique des petits agriculteurs. Les fonds permettront d’aider les producteurs à résister de façon pacifique à la l’occupation israélienne en conservant leurs terres.

« On a envie que vous meniez la lutte avec nous »

Pour mener une campagne de terrain, il faut être allé sur le terrain. « Notre projet est né lors de notre dernier voyage de solidarité en Palestine en octobre 2016 », explique Mehdi Belmecheri-Rozental. Un groupe de jeunes militants, dont il fait partie, sont partis à la rencontre de Fayez Odeh, agriculteur palestinien, qui s’est vu retirer, il y a une dizaine d’années, la moitié de son exploitation biologique en Cisjordanie par l’Etat israélien, au profit de la construction du « mur de séparation » destiné à protéger les israéliens. Une usine chimique a également été construite tout près de ses terres agricoles. Mais Fayez Odeh fait partie de ces Palestiniens qui ont décidé de ne pas s’apitoyer sur leur sort, et de lutter contre la colonisation. C’est dans une optique de combat qu’il a fait part aux jeunes militants de son projet avec , dont il fait partie. Ces derniers ont alors repris ce geste politique pour rejoindre les agriculteurs dans leur combat. Les paysans palestiniens qui subissent cette pratique d’arrachage d’oliviers et de dépossession de leurs terres sont bel et bien décidés à ne pas abandonner. « Leur premier réflexe est la tristesse (…). Mais très vite, ils passent dans une dynamique de lutte »,  décrit le jeune militant, qui a pu s’entretenir avec plusieurs agriculteurs lors de son voyage. Ces derniers ont même lancé un véritable appel à la France : « On ne veut pas que vous pleuriez avec nous, on a envie que vous meniez la lutte avec nous ».

Faire reconnaitre l’Etat Palestinien

Outre la récolte de fonds, cette campagne est avant tout destinée à sensibiliser les Français sur la question palestinienne, cause pour laquelle le MJCF est plus généralement engagé. Alors que la plupart des gens ignorent ces pratiques coloniales, ce sont,  depuis le début du conflit israélo-palestinien (1967), environ 800 000 arbres qui ont été arrachés par les colons. Selon Mehdi Belmecheri-Rozental,  « en arrachant les arbres (…), ils effacent  le territoire palestinien ». En effet, l’olivier, cet « arbre de lumière » nommé ainsi par les habitants de Cisjordanie, tient une place fondamentale dans l’économie palestinienne, et l’huile produite à partir de ces arbres représente à elle-seule 25% de la production agricole. C’est la principale ressource pour les petits agriculteurs. Arracher les oliviers reviendrait alors à effacer toute trace de la Palestine dans l’histoire, et la priver de son identité.  C’est pourquoi la campagne menée par le MJCF s’inscrit dans un contexte plus large. À travers  cette initiative se joue aussi la reconnaissance d’un Etat Palestinien par Israël, et par la France. « L’Etat palestinien ne sera pas reconnu tant qu’on n’aura pas de vrai gouvernement de gauche », dénonce le jeune militant. Symboles de résistance, les oliviers mais aussi les figuiers de barbarie, qui ont de profondes et solides racines, sont considérés comme la preuve historique de  l’existence du peuple palestinien en Palestine.

Visant directement tout espoir de paix, la politique menée par l’Etat israélien va alors bien au-delà des enjeux économiques et politiques. Politique, qui, en 2003 déjà, était désignée comme « une autre forme de terrorisme » par le quotidien israélien Haaretz.

humanite.fr

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