Coup double dans la même journée : avec Valls et De Rugy, la
République en marche ! (LREM) se nourrit des restes de la primaire du
PS.
Prime aux perdants pour prétendre faire du neuf avec du vieux. Mais
surtout recyclage de cautions de « gôche » suffisamment affaiblies et
compatibles pour ne pas risquer de faire contrepoids à la politique de
casse sociale et écologique de M. Macron.
Il y a d’abord eu Manuel Valls qui, dans un tango à deux temps avec
le pouvoir en place, annonçait ce matin qu’il quittait le PS avant de se
voir dans la foulée adoubé par le groupe LREM en tant que député
apparenté. Puis, sans coup férir, François De Rugy a été sorti du
chapeau par M. Macron pour prendre la présidence de l’Assemblée
nationale.
Macron raconte une histoire, mais il faut lire entre les lignes : si
après Richard Ferrand à la tête du groupe parlementaire LREM et avec
François De Rugy au perchoir, il donne aujourd’hui aux ex-du PS et
affidés les clefs du Parlement, il a auparavant laissé le volant du
gouvernement à la droite avec Edouard Philippe à Matignon, Bruno Lemaire
à Bercy et Gérald Darmanin à l’action et aux comptes publics. Or il n’y
a là aucun équilibre politique comme M. Macron voudrait nous le faire
croire dès lors que la pratique politique, et la loi d’habilitation sur
les ordonnances qui sera présentée demain en atteste, fait de
l’exécutif le seul dépositaire de l’action publique.
Le Président peut bien recaser au Parlement des cautions de
« gôche », ceux-là ne sont rien d’autres que des idiots utiles de la
macronie. Dans la primaire, ils ouvraient la voie au glissement de
l’opinion et des idées vers le libéralisme financier de M. Macron. Après
la primaire, ils lui servaient de marche-pied pour lui permettre de
remporter l’élection. Ils en sont aujourd’hui remerciés en étant recasés
dans la sphère de la macronie pour être un contrepoids futile à la
politique libérale de l’exécutif.
L’épisode est par ailleurs révélateur, après le 1er acte
de samedi pour l’élection du président de groupe, de la soumission des
députés macronistes à leur Président : ceux-là juraient leurs grands
dieux que jamais au grand jamais ils ne serviraient à blanchir
politiquement le linge sale d’hier : ils acceptent comme un des leurs
l’ancien Premier ministre. Quant à leur liberté de parole et d’action,
après que pas un d’entre eux n’ait osé s’élever ce week-end contre la
candidature de Richard Ferrand à la tête de leur groupe, ils acceptent
pareillement et docilement François de Rugy, l’homme des combines
politicardes du dernier quinquennat entre EELV et le PS, à la tête de
l’Assemblée. Avec les députés Macron aux ordres, le royaume de la
combine est décidément bien gardé.
L’histoire ne serait pas close si l’on ne constatait que les
commentateurs et les petits politiques qui hier s’époumonaient à vouloir
faire passer tout le monde par la moulinette de la primaire du PS
s’érigent encore en donneurs de leçon au nom de « l’UUUnité ».
Benhamias, Pinel, De Rugy, Valls, la primaire du PS sert encore
aujourd’hui à nourrir la bête Macron après lui avoir permis de remporter
la présidentielle. Et encore, il paraît que Benoît Hamon l’a gagnée…
François Cocq
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