Dans une étude, des universitaires américains détaillent les menaces mortelles des périodes de forte chaleur.
Tandis que les porte-parole de l'industrie du tourisme se réjouissent
de la chaleur – tout en en souhaitant quand même un peu moins –, la
nature et les hommes souffrent d’une sécheresse qui, elle, ne fait pas
la une des médias, mais touche la France et toute l'Europe. En Afrique,
la modification des températures extrêmes et du régime des pluies
entraîne des surmortalités et des famines. La recrudescence des périodes
de températures longtemps « anormales » n’est pas seulement une gêne
provisoire et un fait divers, mais une catastrophe grandissante qui
devient partout la norme.
Une équipe de scientifiques de l’université de Hawaï lancent l’alerte
depuis des années dans ce domaine. Dans une étude publiée récemment
dans la revue Nature Climate Change (N° 6 volume 7 de 2017, à lire ici), sous la direction du professeur Camilo Mora, ils écrivent : « Nous avons établi que les vagues de chaleur meurtrières sont au niveau mondial de plus en plus fréquentes. » Ils ajoutent un commentaire qui devrait même inquiéter le président des États-Unis :
Même si nous faisons mieux que les objectifs de l’accord de Paris, environ la moitié de la population mondiale sera exposée à ces vagues de chaleur meurtrières d’ici 2100 […] si les émissions de gaz à effet de serre n’étaient pas contenues et continuaient à augmenter à leur rythme actuel, ce seraient les trois quarts de l’humanité qui, au moins une fois dans l’année, se trouveraient dans cette situation d’ici à la fin du XXIe siècle.
Les scientifiques démontrent, preuves et statistiques à l’appui, que
la chaleur tue déjà partout, même lorsqu’elle n’est pas ou plus
officiellement qualifiée de « canicule ».
Villes surchauffées
Ces chercheurs insistent également longuement sur les dangers encore
plus grands que courent les habitants de grandes villes comme Djakarta,
Miami, Hong-Kong, Lagos, Manille ou Washington, et ont défini un « seuil
létal » qui serait atteint entre 80 et 200 jours par an. Paris ou
Marseille n’échappent à cette montée des risques : les agglomérations
deviennent des pôles de chaleur, où les températures peuvent être
supérieures de 5 à 7 degrés par rapport à leurs régions. Ils évoquent
aussi les dégâts qui affectent et affecteront l’agriculture, donc les
récoltes, et les économies des pays du Sud encore plus que celles des
nations industrialisées.
Déjà, aux États-Unis comme en Afrique, en Asie et en Europe, les
rendements agricoles sont partout à la baisse. En Afrique, par exemple,
la culture du café est déjà en régression et donc menacée. La même
catastrophe est en cours dans le nord de l’Inde avec le thé. Le soja,
mais aussi les cultures traditionnelles sont touchées, aussi bien aux
États-Unis qu’au Brésil et en Argentine.
Sécheresses et agricultures menacées
Ces diminutions des récoltes concernent aussi la plupart des régions
françaises, qu’il s’agisse de légumes ou de céréales. Il faut d’autant
moins de temps pour qu’une canicule ou une chaleur prolongées fassent
des dégâts qu’elles ont lieu sur des cultures fragilisées par un début
de printemps trop froid, avec des gelées nocturnes qui ont touché les
arbres fruitiers en fleurs et des milliers d’hectares de vigne dont les
pousses naissantes ont été grillées par le gel. Quant aux céréales, la
vague de chaleur a arrêté leur croissance.
Les effets de ces brusques variations de températures sont souvent
aggravées par les pratiques des cultures intensives. En effet,
contrairement à ce qui ses passe pour le bio, ces dernières sont
conduites hors du temps et de la météo grâce aux semences, d’engrais et
de pesticides imposés par l'agro-chimie.
Résultat : ces produits
continuent de s’accumuler dans les nappes d’eau souterraines qui
accusent déjà, en France et en Espagne, un fort et inhabituel déficit,
comme de nombreuses rivières.
politis.fr
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