En Israël, témoigner du quotidien de l’occupation militaire en
Cisjordanie peut vous conduire au poste de police.
La semaine dernière,
la justice israélienne a ouvert une enquête contre Dean Issacharoff,
l’un des porte-paroles de l’association de vétérans Breaking the Silence
(Brisons le silence). Son crime est d’avoir relaté en public un épisode
de son service militaire. Dans le collimateur de ce gouvernement
considéré comme étant le plus à droite de l’histoire de l’Etat hébreu,
l’ONG Breaking the Silence dénonce à haute voix depuis dix ans
l’occupation militaire des Territoires palestiniens. Et malgré ses
déboires judiciaires, elle n’entend pas se taire. Elle organisait samedi
1er juillet à Tel Aviv une lecture publique de témoignages inédits, par
les soldats eux-mêmes.
Au grand jour, dans un parc situé au cœur de Tel Aviv, les
intervenants se succèdent au micro. Un peu fébrile, Ori Erez attend son
tour. Le jeune homme a servi dans les forces spéciales au nord de la
Cisjordanie il y a 8 ans. « C’est un passage de mon témoignage : « Donc
on a sorti ce gars de la Jeep, on lui a enlevé le bandeau qui couvrait
ses yeux, et le câble qui lui liait les mains, et on l’a laissé comme
ça. »
Arrestations arbitraires, violences gratuites, exécutions sommaires,
Brisons le silence dévoile un récit brut de l’occupation militaire
israélienne. Et pour Ori Erez, il est nécessaire de témoigner à visage
découvert. « Les Israéliens n’ont aucune idée de ce qui se passe dans
les Territoires occupés, et sans mon témoignage ils resteront dans
l’ignorance, c’est mon devoir », poursuit-il.
L’enquête ouverte contre Dean Issacharoff, l’un des porte-parole de
l’ONG, pour avoir relaté l’arrestation violente d’un Palestinien au
cours de son service n’effraie pas Yéhuda Shaul, le fondateur de Brisons
le silence.
« Nous espérons que Dean sera poursuivi en justice, car au
procès nous viendrons tous pour témoigner de ce que nous avons fait
pendant notre service militaire, affirme-t-il. Pour ouvrir la boîte de
Pandore et en faire le procès du système de l’occupation. »
Près d’une vingtaine d’ONG israéliennes ont pris la défense de Dean
Issacharoff, en promettant de ne pas rester silencieuses, face à
l’occupation.
Source : rfi.fr
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