lundi 24 juillet 2017

Face aux lobbies libéraux, valse hésitation sur le tiers payant

J.C. Delavigne          

Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, n'a pas d'état d'âme pour faire passer autoritairement le nombre de vaccinations obligatoires de trois à onze. Elle ne montre pas la même détermination quand il s'agit d'imposer le « tiers payant » aux lobbies réactionnaires de médecins libéraux.

Colère des syndicats de médecins libéraux

Dans une interview au Quotidien du Médecin, le 5 juillet, elle affirmait : « Soyons clairs : mon objectif serait d’éviter l’obligation du tiers payant généralisé. J’ai horreur des obligations ». Elle se déclarait dans l’attente d’une « évaluation » avant de prendre une décision.
Moins d’une semaine plus tard, sur France Inter, le ton a changé : reconnaissant qu’il s’agit d’une question essentielle pour l’accès aux soins la ministre affirme qu’il est « impératif d’aller vers un tiers payant généralisé », déclenchant la colère des syndicats de médecins libéraux.
Pour clore (provisoirement ?) la discussion, Castaner, porte voix de « Jupiter-Macron » affirme deux jours plus tard (Bourdin direct BFMTV/RMC le 13 juillet) : « oui le tiers payant entrera en vigueur le 1er décembre » admettant « une hésitation que la ministre a corrigée elle-même » (!!)
En mangeant son chapeau, la ministre de la Santé fait les frais (comme le Premier ministre avec les mesures fiscales) des ajustements politiques de Macron au lendemain de la campagne électorale.
Le « tiers payant », permet de ne pas avancer les frais de la consultation, quand le malade se rend chez le médecin. La Sécurité sociale et les assurances complémentaires règlent directement les honoraires.
Inscrite dans la « loi Touraine », cette mesure devait être généralisée à tous les patients le 1er décembre 2017, dans une version édulcorée par le Conseil Constitutionnel. Ce dernier en a limité l’application à la partie remboursée par la Sécurité sociale, le malade devant continuer à faire l’avance de la part remboursée par les assurances complémentaires.

Pour des soins gratuits gérés et remboursés à 100% par la Sécurité sociale

Malgré ces limites, la mesure constituerait une avancée réelle dans un pays où une personne sur quatre renonce à des soins pour des raisons financières. C’est la raison de la popularité du « tiers payant ». Mais il se heurte à l’hostilité des principaux syndicats de médecins libéraux. Au lieu d’exiger la gestion des remboursements par un guichet unique de la Sécurité sociale, garantie d’un règlement simple et rapide des honoraires, ceux-ci ont fait de la lutte contre cette mesure emblématique de la loi Touraine la cible principale d’un combat réactionnaire contre la gratuité des soins.
Le temps de la campagne présidentielle, Macron a cultivé l’ambigüité à l’aide de formules cherchant à ménager les lobbies libéraux. Parlant de tiers payant « généralisable » et non « généralisé », il laissait entendre une application facultative.
Mais à l’heure de la décision, « Jupiter » a du estimer inutile d’ouvrir un nouveau front social, et a confirmé l’application du tiers payant, au moment ou il veut imposer les ordonnance et une fiscalité au profit des plus riches.
Il faut bien sûr s’opposer à toute remise en cause de l’application, même partielle du tiers payant, tout en exigeant des garanties de paiement simples et fiables pour les médecins.

Il ne faut pas pour autant être dupes de la perspective dans laquelle s’inscrit Macron : rendre acceptable financièrement, la privatisation du système de santé, et au profit du secteur libéral et commercial. Nous y opposons les soins gratuits gérés et remboursés à 100% par la Sécurité sociale.

npa2009.org

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