Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, n'a pas d'état d'âme pour faire passer autoritairement le nombre de vaccinations obligatoires de trois à onze.
Elle ne montre pas la même détermination quand il s'agit d'imposer le
« tiers payant » aux lobbies réactionnaires de médecins libéraux.
Colère des syndicats de médecins libéraux
Dans une interview au Quotidien du Médecin, le 5 juillet, elle affirmait : « Soyons clairs : mon objectif serait d’éviter l’obligation du tiers payant généralisé. J’ai horreur des obligations ». Elle se déclarait dans l’attente d’une « évaluation » avant de prendre une décision.
Moins
d’une semaine plus tard, sur France Inter, le ton a
changé : reconnaissant qu’il s’agit d’une question essentielle pour
l’accès aux soins la ministre affirme qu’il est « impératif d’aller vers un tiers payant généralisé », déclenchant la colère des syndicats de médecins libéraux.
Pour
clore (provisoirement ?) la discussion, Castaner, porte voix de
« Jupiter-Macron » affirme deux jours plus tard (Bourdin direct
BFMTV/RMC le 13 juillet) : « oui le tiers payant entrera en vigueur le 1er décembre » admettant « une hésitation que la ministre a corrigée elle-même » (!!)
En
mangeant son chapeau, la ministre de la Santé fait les frais (comme le
Premier ministre avec les mesures fiscales) des ajustements politiques
de Macron au lendemain de la campagne électorale.
Le « tiers
payant », permet de ne pas avancer les frais de la consultation, quand
le malade se rend chez le médecin. La Sécurité sociale et les assurances
complémentaires règlent directement les honoraires.
Inscrite dans la « loi Touraine », cette mesure devait être généralisée à tous les patients le 1er décembre
2017, dans une version édulcorée par le Conseil Constitutionnel. Ce
dernier en a limité l’application à la partie remboursée par la
Sécurité sociale, le malade devant continuer à faire l’avance de la part
remboursée par les assurances complémentaires.
Pour des soins gratuits gérés et remboursés à 100% par la Sécurité sociale
Malgré
ces limites, la mesure constituerait une avancée réelle dans un pays où
une personne sur quatre renonce à des soins pour des raisons
financières. C’est la raison de la popularité du « tiers payant ». Mais
il se heurte à l’hostilité des principaux syndicats de médecins
libéraux. Au lieu d’exiger la gestion des remboursements par un guichet
unique de la Sécurité sociale, garantie d’un règlement simple et rapide
des honoraires, ceux-ci ont fait de la lutte contre cette mesure
emblématique de la loi Touraine la cible principale d’un combat
réactionnaire contre la gratuité des soins.
Le temps de la
campagne présidentielle, Macron a cultivé l’ambigüité à l’aide de
formules cherchant à ménager les lobbies libéraux. Parlant de tiers
payant « généralisable » et non « généralisé », il laissait entendre une
application facultative.
Mais à l’heure de la décision,
« Jupiter » a du estimer inutile d’ouvrir un nouveau front social, et a
confirmé l’application du tiers payant, au moment ou il veut imposer les
ordonnance et une fiscalité au profit des plus riches.
Il faut
bien sûr s’opposer à toute remise en cause de l’application, même
partielle du tiers payant, tout en exigeant des garanties de paiement
simples et fiables pour les médecins.
Il ne faut pas pour autant
être dupes de la perspective dans laquelle s’inscrit Macron : rendre
acceptable financièrement, la privatisation du système de santé, et au
profit du secteur libéral et commercial. Nous y opposons les soins
gratuits gérés et remboursés à 100% par la Sécurité sociale.
npa2009.org
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