lundi 3 juillet 2017

Hamon à contretemps

Françoiq Cocq          

Benoît Hamon vient de quitter le PS pour mieux lancer son mouvement du 1er juillet. Que ne l’a-t-il pas fait plus tôt ? La présidentielle en eût été changée. Que ne le fait-il pas plus tard ? La refondation politique n’interfèrerait pas avec la mobilisation sociale. À agir de la sorte à contretemps, Benoît Hamon en est réduit à susciter un tsunami dans un verre d’eau.

Manuel Valls hors du PS, on aurait pu croire que Benoît Hamon et les siens se lanceraient dans le réancrage du PS dans les fondements progressistes et humanistes qui ont pu être les siens. C’est pourtant le moment que Benoît Hamon a choisi pour, à la suite de l’ancien premier ministre, claquer à son tour la porte du parti. Ainsi donc, Benoît Hamon reconnaît aujourd’hui que Manuel Valls n’est pas la question : c’est le PS lui-même qui est un frein à la refondation.
Que chacun-e imagine ce qui se serait produit si Benoît Hamon avait assumé une telle analyse il y a tout juste trois mois ! L’élection présidentielle en eût été changée. Alors même que le désaveu populaire à l’encontre du PS était acté début avril, Jean-Luc Mélenchon aurait alors avec l’appui de Benoît Hamon atteint mécaniquement le second tour de l’élection présidentielle. Et il est à parier que nous aurions de la sorte évité la présidence Macron et les ravages sociaux et écologiques qu’elle charrie. Anachronique, Benoît Hamon a raté le rendez-vous qui pouvait porter l’humanisme émancipateur au pouvoir.
Benoît Hamon a pareillement laissé filer les législatives. En maintenant un semblant de perspective refondatrice au sein du PS, il a contribué à permettre l’élection d’un groupe dont il acte aujourd’hui l’inefficience au regard des objectifs qu’il entend porter. Est-ce à dire que c’est l’échec électoral du courant Hamon, et de Benoît Hamon lui-même, pris en tant que partie du PS, qui l’a conduit à l’analyse qu’il nous livre aujourd’hui ? Ce serait de sa part faire preuve de beaucoup d’opportunisme…manqué. Ou le laisser-faire de Benoît Hamon aurait-il participé d’une volonté d’affaiblir le mouvement porteur de l’aspiration populaire, la France Insoumise ? Ce serait renouveler l’erreur de la présidentielle et en faire une faute.
Le 1er juillet, Benoît Hamon réunissait pourtant autour de lui les appareils du PCF, d’EELV, du MRC, pour lancer son mouvement. Aux contours explicitement délimités puisqu’il se servait de cette tribune commune pour jeter l’opprobre sur Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise : « Jaurès ne se serait pas indigné du drapeau européen », « Jaurès s’est fait remarquer autrement que pas ses codes vestimentaires »…La réunion apparaissait alors pour ce qu’elle est : une tentative pour  étouffer la force populaire mise en mouvement par la France Insoumise et maintenir par contrecoup sous oxygène les vieux appareils. Anachronisme historique.
Pour finir, Benoît Hamon nous promet des Etats généraux de la gauche pour la rentrée de septembre. Le mouvement social appelle pourtant déjà à la mobilisation contre les ordonnances et le démantèlement du code du travail, une date ayant d’ores et déjà été posée le 12 septembre par la CGT. C’est dans ce calendrier que Benoît Hamon appelle les forces politiques à mettre en question les enjeux de leur propre structuration, enserrant dans de l’organisation interne des énergies qui devraient se déployer dans la mobilisation sociale. Si les forces politiques ont bien une tâche à la rentrée, c’est d’être aux côtés des syndicats et de prendre leur part dans la luttre qui s’annonce en jouant aussi leur rôle d’émetteur propre pour appeler le peuple à se fédérer dans la lutte et pour une société de justice sociale.

Benoît Hamon est décidément toujours à contretemps. Celui de ses intérêts, de parti hier, ou personnels aujourd’hui, est incompatible avec l’intérêt général. Ce n’est pas parce qu’avoir raison trop tôt c’est déjà avoir tort qu’avoir tort trop tard c’est avoir raison.

François Cocq

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