Mauvaise surprise pour les touristes qui se promènent en ce
moment à Athènes ou sur les îles grecques : les poubelles s’entassent,
résultat d’une grève des travailleurs dans les mairies...
En
effet, plus de 10 000 travailleurs, pour la moitié dans le nettoyage,
ont soudainement appris, par décision du tribunal, que leur contrat
précaire de huit mois, renouvelé fin 2016 exceptionnellement pour un an,
n’est pas conforme à la législation instaurée par la troïka en 2011, et
que, par conséquent, non seulement ils vont se retrouver
automatiquement au chômage mais aussi qu’ils vont être obligés de
rembourser les salaires perçus !
La réponse des travailleurs a été
immédiate : la lutte commence, mais elle est minée notamment par le
cadre européen imposé, qui interdit les embauches à des postes de
travail normaux et qui prévoit la privatisation de toute la chaîne,
hautement lucrative, de la gestion des déchets. En interdisant aux
mairies – formellement responsables – de payer ces salaires, on pousse
celles-ci en urgence à conclure des contrats avec des sociétés privées.
Le gouvernement tente de stopper le mouvement en appelant les salariés à
travailler gratuitement, avec des promesses de ne pas réclamer les
salaires payés, inventant aussi des contrats renouvelables de deux mois
(!) dans une perspective d’embauche très incertaine pour un quart
d’entre eux l’année prochaine…
Privatiser, la troïka sait très
bien faire : la dernière réunion de l’Eurogroupe a failli éclater, car
la justice grecque s’est mise à examiner le scandaleux bradage de 28
immeubles publics par la troïka en 2011-2013. Ainsi, on a appelé pour
examen les « experts » de l’époque (les cadres nommés par la troïka pour
le bradage avaient, eux, été par précaution « immunisés » de toute
responsabilité !). Mais comme ces dits « experts » n’étaient pas tous
grecs, des ministres, notamment l’espagnol Luis de Guindos, ont menacé
de mettre leur veto si leurs compatriotes n’étaient pas exemptés de tout
examen judiciaire...
Desserrer la pression, lutter
Du
coup, la décision de l’Eurogroupe tombe bien : débloquer les
8,5 milliards d’euros qui arrivent à échéance ce mois-ci, et « en
échange », obtenir de la part des Grecs la promesse de 113 nouvelles
mesures (libéralisation plus poussée des licenciements, ventes aux
enchères des appartements de gens pauvres endettés, nouvelles coupes des
retraites, limitations du droit de grève, baisse des allocations
sociales, etc.), ainsi qu’un projet de contrôle du budget très
contraignant... jusqu’à 2060 (projet que même le FMI juge « irréaliste »
et ridicule).
Quant aux promesses de restructuration de la dette
ou d’extension en Grèce du programme « quantitative easing » de la
Banque centrale européenne – les deux batailles symboliques du
marchandage de Syriza – elles ont été superbement ignorées par l’élite
européenne. La contribution spécifique de Macron aura été une « clause
de croissance » pour s’assurer qu’un surplus éventuel additionnel irait
bien aux créditeurs, et non à la populace…
Face à tout cela, les
travailleurs du nettoyage montrent la voie de la lutte. Comme les
retraités, en mobilisation contre le nouveau programme de baisse
constante et à long terme des pensions (qui en plus commencent à
introduire dans le secteur public la pratique généralisée du retard de
payes). Avec enfin, et surtout, la belle victoire des travailleurs
(majoritairement d’origine pakistanaise) de l’usine des plastiques
Georgiou, cela après une grève de trois semaines !
npa2009.org
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