Sans doute furieux que le général de Villiers n’ait pas attendu la convocation présidentielle du 21 juin pour annoncer sa démission, Christophe Castaner a tenu ce jour des propos qui ne peuvent qu’entraîner une aggravation de la rupture en cours entre le pouvoir civil et l’autorité militaire :
« Le chef d’état-major a été déloyal dans sa communication, il a mis en scène sa démission.  »
Et d’enfoncer le clou :
« On n’a jamais vu un Cema [chef d’état-major] s’exprimer via un blog, ou faire du off avec des journalistes ou interpeller les candidats pendant la présidentielle, comme cela a été le cas. Il s’est comporté en poète revendicatif. On aurait aimé entendre sa vision stratégique et capacitaire plus que ses commentaires budgétaires. »
Pas sûr que c’est en traitant de « poète revendicatif » un responsable militaire respecté des siens que le ministre Castaner va éteindre un dangereux incendie allumé par son président “chef” ! D’autant, comme on l’a vu dans notre article précédent sur le sujet, que bien des collègues du général de Villiers en question ont pris fait et cause pour ce dernier.

Les conséquences dramatiques d’une soumission servile à Bruxelles et à Berlin

Outre les propos de soutien du général Vincent Deportes, outre les applaudissements nourris de son entourage lors de son départ, on note déjà de nombreuses autres réactions, ou même une manifestation comme celle qui s’est tenue à la porte de la caserne Carnot à Chalon-sur-Saône le 20 juillet, qui ne laissent rien augurer de bon dans les rapports entre pouvoir civil et pouvoir militaire.
Peu de chance que le nouveau pouvoir civil ait eu l’occasion de s’assurer de la fidélité indéfectible de la Grande muette en un temps si précipité par les évènements. Et ce n’est pas en s’accoutrant stupidement en pioupiou pour passer les troupes en revue que le président Macron parviendra à restaurer la confiance ébranlée de ceux qu’il a offensés.
Ce niveau de bêtise suicidaire s’explique pourtant pour une raison fort simple : le pouvoir politique en France n’a strictement plus aucun pouvoir de décision. En annonçant une réduction de l’enveloppe budgétaire de la défense de 850 millions, le président ne satisfaisait évidemment pas à un désir d’humilier ses forces armées, encore moins à un impératif d’efficacité stratégique en matière de Défense, mais répondait servilement aux injonctions d’austérité budgétaire émise par Bruxelles (et Berlin) pour que le déficit français soit ramené en dessous de la barre fatidique des 3%.

Annoncer dans la panique, comme il l’a fait à Istres le 20 juillet, que l’Armée récupèrerait sa mise perdue dès 2018 révèle surtout la confusion d’un régime ayant abdiqué son indépendance et contraint pour sauver les meubles de remettre à demain ce qu’il n’a déjà plus ni la volonté, ni les couilles de faire aujourd’hui.

Photo : Macron passant les troupes en revue à Istres le 20 juillet.

Le Yéti