Paris, le 20 juillet 2017
Monsieur Le Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 - Paris
Monsieur Le Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 - Paris
Monsieur le Président de la République,
Votre discours le 16 juillet en présence de Benyamin Netanyahou vous a
permis de mieux préciser votre politique en direction des Juifs et en
direction de l’Etat d’Israël.
Je suis Juif (et suis l’un des anciens coprésidents de l’Union Juive Française pour la Paix).
Permettez-moi de vous poser plusieurs questions, dont la majorité concerne divers points de vue exprimés depuis longtemps et sur lesquels vous ne vous êtes pas franchement prononcé.
Ce serait pour moi un honneur que vous répondiez à ces questions.
Je suis Juif (et suis l’un des anciens coprésidents de l’Union Juive Française pour la Paix).
Permettez-moi de vous poser plusieurs questions, dont la majorité concerne divers points de vue exprimés depuis longtemps et sur lesquels vous ne vous êtes pas franchement prononcé.
Ce serait pour moi un honneur que vous répondiez à ces questions.
PREMIÈRE QUESTION
J’ai fait des recherches généalogiques sur mes ancêtres et ai eu la
chance de pouvoir remonter trois siècles pour la totalité de ma famille.
Il s’avère que pendant ces trois siècles toute ma famille était juive
et vivait en Alsace ou, pour une partie d’entre elle, de l’autre côté du
Rhin.
Je n’ai pas pu remonter plus loin, et ne saurai donc jamais si mes lointains ancêtres appartenaient à l’antique peuple hébreu. D’ailleurs une proportion infinitésimale de Juifs sait si ses ancêtres appartenaient au peuple Hébreux.
Je n’ai pas pu remonter plus loin, et ne saurai donc jamais si mes lointains ancêtres appartenaient à l’antique peuple hébreu. D’ailleurs une proportion infinitésimale de Juifs sait si ses ancêtres appartenaient au peuple Hébreux.
J’en déduis donc que le mythe du
« retour après 2000 ans d’exil » n’est pas recevable, qu’en pensez-vous
vous-même ?
SECONDE QUESTION
Je tiens à souligner que, même s’il s’avérait que mes ancêtres
vivaient sur un territoire où vivaient des Hébreux il y a 2000 ans, cela
ne justifierait pas l’expulsion d’habitants palestiniens vivant sur ce
territoire avant la création de l’Etat d’Israël (ou de Palestiniens y
vivant après 1948).
C’est comme si l’État italien revendiquait la ville de Nîmes ou l’Etat grec la ville de Marseille.
Qu’en pensez-vous ?
C’est comme si l’État italien revendiquait la ville de Nîmes ou l’Etat grec la ville de Marseille.
Qu’en pensez-vous ?
TROISIÈME QUESTION
Concernant la solution du « conflit » israélo-palestinien, vous, comme
vos prédécesseurs, estimez qu’il est nécessaire de négocier. Or tous les
« processus de paix » depuis les accords d’Oslo ont échoué et n’ont pas
eu d’autres résultats que de permettre à Israël de continuer la
colonisation de la Cisjordanie, puis le blocus de Gaza, et les
ségrégations contre les Palestiniens vivant en Israël.
Est-ce que vous
niez cette réalité et si oui pouvez-vous apporter des preuves pour
contredire mon point de vue ?
QUATRIÈME QUESTION
Niez-vous que l’État d’Israël viole depuis longtemps de nombreuses
résolutions de l’ONU, qu’il s’agisse de celles condamnant la
colonisation de la Cisjordanie et du plateau du Golan, de celles
condamnant le blocus de Gaza ou de la résolution 194 de l’ONU sur le
droit au retour des réfugiés ?
CINQUIÈME QUESTION
Un État violant depuis longtemps le droit international ne finit par
s’y conformer que s’il est sévèrement sanctionné. Les exemples de
sanctions que la France a approuvées sont nombreux : contre la Russie,
la Birmanie, l’Iran, etc...
Reconnaissez-vous qu’épargner Israël est un mauvais service pour la population de cet État et pour les Juifs du monde entier, parce que ne pas traiter Israël comme tout autre État ne peut que favoriser l’antisémitisme ?
Reconnaissez-vous qu’épargner Israël est un mauvais service pour la population de cet État et pour les Juifs du monde entier, parce que ne pas traiter Israël comme tout autre État ne peut que favoriser l’antisémitisme ?
SIXIÈME QUESTION
C’est dans le contexte de l’impunité d’Israël que la société civile
palestinienne a lancé le mouvement BDS, Boycott Désinvestissement
Sanctions contre Israël jusqu’à ce que cet État se conforme au droit
international, mouvement qui s’inspire du boycott qui avait contribué à
mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud.
Ce mouvement est non violent et antiraciste et se fixe trois objectifs : mettre fin à l’occupation, la colonisation et le blocus de Gaza ; obtenir l’égalité des droits entre Juifs israéliens et Palestiniens d’Israël ; et la mise en œuvre du droit au retour conformément à la résolution 194 de l’ONU.
De nombreuses autorités, de nombreuses organisations et de nombreux juristes reconnaissent que ce mouvement relève de la liberté d’expression.
Ce mouvement est non violent et antiraciste et se fixe trois objectifs : mettre fin à l’occupation, la colonisation et le blocus de Gaza ; obtenir l’égalité des droits entre Juifs israéliens et Palestiniens d’Israël ; et la mise en œuvre du droit au retour conformément à la résolution 194 de l’ONU.
De nombreuses autorités, de nombreuses organisations et de nombreux juristes reconnaissent que ce mouvement relève de la liberté d’expression.
Pourquoi la France serait-elle frileuse face à ce qui
relève de la liberté d’expression ?
SEPTIÈME QUESTION
Vers la fin de votre discours le 16 juillet sur la commémoration du
75ème anniversaire de la rafle du Vél d’Hiv, vous avez dit : « … nous
ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de
l’antisémitisme ». Or l’antisionisme est simplement l’opposition à l’idéologie sioniste,
qui énonce que les Juifs ne peuvent cesser d’être victimes de
l’antisémitisme que s’ils créent eux-mêmes leur propre État. Il y a
toujours eu des Juifs antisionistes depuis qu’existe l’idéologie
sioniste. Nous pouvons constater aujourd’hui le résultat de la politique
sioniste : Israël est l’un des États dans lequel les Juifs sont le
moins en sécurité et de plus la politique d’Israël contribue à un climat
d’insécurité pour beaucoup de Juifs vivant dans d’autres pays
qu’Israël.
D’où ma question : bien loin d’être un rempart contre l’antisémitisme, le sionisme, bien au contraire, ne le favorise-t-il pas ?
D’où ma question : bien loin d’être un rempart contre l’antisémitisme, le sionisme, bien au contraire, ne le favorise-t-il pas ?
HUITIÈME QUESTION
Pour vous, les Juifs de France sont représentés par le CRIF (Conseil
Représentatif des Institutions Juives de France), qui vous demande
constamment de soutenir la politique d’Israël et de réprimer ses
opposants. Non seulement le CRIF ne représente qu’une partie, loin d’être
majoritaire, de l’opinion des Juifs de France, mais réduire l’opinion
des Juifs de France à celle du CRIF, c’est considérer les Français juifs
comme des citoyens à part, ainsi que le souligne le communiqué de l’Union Juive Française pour la Paix
Franchement, pourquoi ne reconnaissez-vous pas que la population juive de France, comme toute autre population, est traversée par divers courants d’opinion ?
Franchement, pourquoi ne reconnaissez-vous pas que la population juive de France, comme toute autre population, est traversée par divers courants d’opinion ?
NEUVIÈME QUESTION
Sous réserve de vos réponses aux autres questions, pouvez-vous
préciser, s’il vous plait, quelle est votre conception de l’État
palestinien dont vous dites souhaiter l’existence. Sur quelles
frontières ? Y incluez-vous bien Gaza ? Souhaitez-vous vraiment une
égalité de droits entre les États d’Israël et de Palestine, notamment
une égalité des droits économiques et militaires ?
Il est en particulier
impensable, si l’État d’Israël est armé, qu’un État palestinien puisse
exister s’il est désarmé.
DIXIÈME QUESTION
Enfin, une dernière question. Vous adhérez, comme beaucoup de
politiciens, à la formule « contre le racisme et l’antisémitisme »
Est-ce à dire que selon vous l’antisémitisme est un racisme à part,
supérieur aux autres, et que la population juive doive être plus
protégée contre le racisme que les autres populations visées par le
racisme ? Vous savez que d’autres populations sont victimes de pratiques
ou de préjugés racistes : les musulmans ou supposés tels, les Rroms,
les jeunes arabes vivant dans des banlieues, certains migrants, etc...
Pointer particulièrement les Juifs ouvre à la concurrence des victimes
et finit par se retourner contre les Juifs eux-mêmes. Et si vous estimez
que les Juifs ne sont pas une race, permettez-moi de vous répondre que
non seulement la notion de race est controversée depuis longtemps, mais
que si vous souhaitiez dissocier les Juifs de la notion de race,
pourquoi n’opteriez-vous pas pour une formule telle que « contre le
racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie » ?
Je serais satisfait, Monsieur le Président, que malgré vos très
nombreuses obligations, vous répondiez à ma lettre, qui, je le pense,
soulève de graves questions dont de nombreux citoyens s’inquiètent. En
attendant, soyez convaincu que je continuerai à me définir comme étant
Juif antisioniste et continuerai à m’engager dans la Campagne BDS, parce
que je suis fermement attaché à la justice, à l’égalité et à la dignité
des peuples,
Veuillez accepter, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.
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