mercredi 5 juillet 2017

Macronie : Pénicaud dans le prochain plan social

12782371.jpgGilles Devers     

Business France est une agence d’État créée en 2015, par la fusion d’anciennes structures en échec : en gros, il s’agit avec l’argent du budget de l’État de faire la pub à l’international pour les entreprises françaises bien dans la ligne du parti.

Je souligne : l’argent public doit être dépensé pour la publicité des entreprises, et pas pour les ministres de tutelles (Economie et affaires étrangères). En mai 2014, a été nommé directrice est la sympathique Muriel Pénicaud. Remarque au passage : on nous la présente comme chef d’entreprise, alors que, nommée par El Blanco, elle gérait une agence d’Etat… Pourquoi pas.
Le 6 janvier 2016, à Las Vegas (Amérique du Nord, territoire indien occupé), était organisé un happy few pour bourrés de fric, le Consumer Electronics Show. 500 personnes « qui ont réussi », parquées dans un hôtel de luxe XXL, pour une soirée branlettes réussies. 
D’où l’idée du Sinistre des finances de l’époque : un viron là-bas, et se faire un max de pub, style la nouvelle économie.  Le Sinistre de l’Économie décide d’aller se vendre lors de cette opération de pub : 1% pour les entreprises françaises, et 99% pour le Sinistre.
- C’est donc le ministère qui va payer ?
- Non, ça va être l’agence !
Le premier schéma est modeste : un aller/retour, avec une salle mise à disposition sur place.  
Pas si mal, mais pas à la mesure du destin du Sinistre : on s’enflamme, et le budget explose.
Problème : l’idée de cette virée princière est de la mi-décembre, et il est impossible de réaliser le raout, car il faut passer par un appel d’offre. Donc, c’est mort. Sauf que la compréhensive Pénicaud passe outre, et confie organisation la virée de Macron à Havas sans appel d’offres, alors qu’on est à 400 000 € : le double du seuil légal (Ordonnance n° 2005-649 du 6 juin 2005). La facture sera de 381 759 €, hors frais d’hôtel (de l’ordre de 60.000 €, à vérifier) mais ça râle tellement en interne que Havas limite sa réclamation à 290 000 €, somme acceptée le 28 février.
Les comptables renâclent, car l’opération reste irrégulière de A à Z, vu l’absence d’appel d’offres et le montant exorbitant de 400.000 € pour une soirée à la gloire du Sinistre. Dans les cordes, Pénicaud est obligée de mandater Ernst & Young en mars 2016 pour un audit… qu’elle finit par faire examiner par le conseil d’administration en décembre 2016… un an après !
Audit catastrophique, transmis par Pénicaud à Sapin, le nouveau sinistre des finances, avec beaucoup de retard, car les conclusions confirment ce que tout le monde sait : « La commande de la prestation Havas est susceptible de relever délit de favoritisme » et les auteurs pointent des « dysfonctionnements susceptibles d’engager la responsabilité de leurs auteurs ».
L’Inspection générale des finances appuie par sa propre, enquête, et le 13 mars 2017, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire sur ces soupçons de délit de favoritisme. Là-dessus, suivent deux perquisitions chez Business Service et à Havas, ce 20 juin, et les enquêteurs trouvent des kilos de mails de bonheur, à partir de la boîte mail de Fabienne Bothy-Chesneau, qui était opérationnelle dans cette affaire.
Or, Libé publie hier des documents montrant que Pénicaud s’est permis de présenter au conseil d’administration une synthèse qui a truandé le texte de l’audit, laissant entendre qu’un appel d’offre avait eu lieu.
Et le JDD publiait un mai du 11 décembre 2015, signé de Fabienne Bothy-Chesneau : « Muriel, briefée par nos soins, ne fait rien. Donc elle gérera aussi quand la CDC [Cour des comptes] demandera des comptes, ce ne sera pas faute d’avoir dit et redit. »

Penicaud, qui rêvait de zigouiller un Code du travail - qui n’est fait que pour embêter 95% des entreprises, - va pouvoir étudier tout cela de loin. Et si elle ne sait pas comment rédiger sa lettre de démission, je lui conseille de contacter Sylvie Goulard, François Bayrou ou Marielle de Sarnez, qui ont de l’expérience. 


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