Nicolas
Hulot et Stéphane Travert ont proposé hier des « axes d’action » pour
une meilleure gestion de l’eau. Mais certaines solutions sont déjà
critiquées.
Nicolas
Hulot l’avait annoncé. Le nouveau plan de gestion de l’eau a été rendu
public mercredi soir, via un communiqué signé par le ministre de la
Transition écologique et celui de l’Agriculture, Stéphane Travert. Parmi
les « actions concrètes » mises en avant, le stockage hivernal de
l’eau, la réduction des fuites dans les canalisations des collectivités
et une ébauche de réorientation agricole figurent en bonne place. Les
deux ministres en charge du dossier misent par ailleurs sur l’innovation
scientifique pour une plus grande « efficience de l’irrigation » et le
« développement de nouvelles solutions ». Voilà qui laisse ouvertes les
perspectives.
Alors que le nombre d’arrêtés sécheresse continue d’augmenter - les consulter sur le site Propluvia -
il s’agit, selon le communiqué, de trouver une solution durable à un
« dérèglement climatique » laissant présager des difficultés fréquentes
du point de vue des ressources en eau. « On parle beaucoup de
l’agriculture parce que c’est le plus gros consommateur d’eau mais il y a
des améliorations à apporter dans tous les secteurs », souligne
Lorraine Levieuge, chargée de missions eau pour l’association France
Nature Environnement (FNE). Et de poursuivre : « Par exemple, pour ce
qui est de l’eau potable, les réseaux sont souvent obsolètes, il
faudrait donc les rénover pour limiter les fuites. » Sur ce point comme
sur le nécessaire développement d’une « agriculture plus économe en
eau » prôné en Conseil des ministres, l’association FNE voit ses
attentes satisfaites.
« Il ne faut pas permettre à un modèle dépassé de survivre »
A cependant été adopté le « stockage hivernal de l’eau », à
savoir la mise en place de réservoirs, remplis pendant l’hiver,
permettant de combler les besoins estivaux : cette mesure vise à
« éviter les prélèvements en période sèche, lorsque l’eau est rare ».
C’est là que le bât blesse. « L’eau est un bien public, réagit Lorraine
Levieuge ; la stocker pour quelques-uns n’est pas une bonne solution. Il
est temps de changer les pratiques pour réduire notre dépendance à
cette ressource et assurer un partage équitable entre tous les usages.
On a besoin d’eau pour l’agriculture mais il ne faut pas permettre à un
modèle dépassé de survivre. Il faut accompagner une agriculture durable,
qui a besoin d’eau, certes, mais de façon plus raisonnée. » Pour
couronner le tout, ces réservoirs, perturbant les écosystèmes
aquatiques, iraient à l’encontre d’une obligation européenne, celle du
« bon état des eaux ».
« Le stockage de l’eau ne réglera pas le problème de l’irrigation »
Benoît Biteau, agronome et conseiller régional de la
Nouvelle-Aquitaine, contacté avant le Conseil des ministres, fustigeait
par avance la mesure prise par les nouveaux gestionnaires de la
ressource nationale en eau. « Le stockage de l’eau ne réglera pas le
problème de l’irrigation. Il implique de faire des trous de sept mètres
de profondeur, remplis grâce à des forages ! Lorsqu’on prélevait
directement dans le milieu naturel pour irriguer les cultures, avant les
premiers équipements de stockage, l’étiage (débit minimum d’un cours
d’eau – NDLR) apparaissait à partir du mois de juin. Depuis qu’on
remplit ces équipements, qui sont financés à 70 % par de l’argent
public, avec de l’eau captée par les forages pendant l’hiver, c’est en
avril que l’étiage apparaît. »
Diverses campagnes de sensibilisation et de communication
ainsi qu’un deuxième plan national d’adaptation au changement climatique
sont enfin inscrits au plan de gestion durable de l’eau.
Dans un
contexte de tensions croissantes autour du modèle agricole et de la
ligne à tenir face aux épisodes répétés de sécheresse, le ministre de la
Transition écologique tente encore une fois de ménager la chèvre et le
chou.
Carte des arrêtés publiés le 8 août.
En gris: vigilance. En jaune : alerte. En orange : alerte renforcée. En rouge : crise.
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