Pierrick Tillet
Ci-dessous pour info le communiqué du MILI (Mouvement inter-luttes indépendant) justifiant l’action des “black blocks” le 1er mai et appelant à l’insurrection.
MOUVEMENT INTER LUTTES INDÉPENDANT
Communiqué de presse
Nous connaissons les communiqués de la préfecture de police autant qu’ils nous connaissent, nous nous sommes finalement habitués à y apparaître, à y être cités de manière opportune. Les diffamations médiatiques et gouvernementales ne nous étonnent plus depuis longtemps, bien qu’elles ne puissent être laissées sans réponse. Mais que de la diffamation le ministre de l’Intérieur en vienne aux menaces, cela exige une correction claire et immédiate. Voici donc, concernant la journée du 1er mai, plusieurs corrections :
1 – Le problème qui s’est posé en ce 1er mai
aux politiques comme aux policiers, ce n’est pas le rassemblement de
1200 émeutiers, mais les 14 500 personnes qui les accompagnaient et
sympathisent avec leurs pratiques. On ne spécule tant sur le « black
bloc » que pour masquer l’existence, autrement plus embarrassante, du
cortège de tête. Cet embarras, il est perceptible jusque dans le
chiffrage de la préfecture, qui doit désormais admettre qu’il y a
presque autant de manifestants « hors du cortège déclaré » que dedans.
Déjà, en 1968, la menace politique réelle, ce n’était pas les milliers
d’émeutiers, mais la compréhension qui les entourait, et qui d’ailleurs
les entoure toujours.
2 – Que le ministre de l’Intérieur en soit à traquer « celles et ceux
qui appellent à l’insurrection » dit assez combien tout y appelle.
Encore une fois, il s’agit de trouver des organisateurs, les
organisateurs du désastre face aux organisateurs du désordre. Or, il
semble ne toujours pas vouloir l’admettre, il n’y a pas d’organisateurs
mais des manières de s’organiser, de mettre en jeu des sensibilités et
des affinités. Déclarer que ce qui s’est passé ce 1er mai
est le résultat de quelconque appel n’est qu’un énième procédé visant à
altérer la réalité : s’il y a un groupe d’incendiaires à l’œuvre en ce
moment en France, c’est bien le gouvernement lui-même. En matière de
radicalité politique, le projet macroniste n’a pas d’équivalent. En
matière de violence déchaînée, rien n’égale la brutalité du traitement
policier réservé en ce moment à tout ce qui se lève. On n’avait pas vu
un gouvernement aussi déterminé dans son désir d’affrontement avec la
population depuis bien longtemps. Allumer dix foyers de révolte
simultanément et se scandaliser que cela crame, c’est toute la pose
hypocrite du pouvoir en place. Nous ne ferons pas au ministre de
l’Intérieur l’injure de lui rappeler qu’une constitution française,
celle de l’an 1, stipule : « Quand le gouvernement viole les droits du
peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du
peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».
Vous avez bien lu, monsieur le ministre : pour chaque portion du
peuple.
3 – Dans les années 1970 comme pendant le mouvement contre le CPE
ou contre la loi Travail, le retour de l’éternelle rhétorique
anti-casseurs ne témoigne que d’une chose : la fébrilité du
gouvernement. Le niveau de rage diffuse contre la mise au pas
macronienne n’a d’égal que le sentiment d’impuissance qu’elle cherche à
produire. La logique d’écrasement déployée dans les universités, à la ZAD
ou envers les syndicats appelle, en ce mois de mai, à se hausser au
niveau de radicalité posé par le gouvernement. De fait, face à une
offensive technocratique aussi massive, seule une insurrection peut nous
sauver ; le festif ne suffira pas. L’enfer, ce n’est pas ce qu’ont vécu
les forces de l’ordre le 1er Mai,
c’est le monde que vous nous préparez. Nous ne comptons pas vivre dans
un monde de crevards avec comme seul horizon la gestion sécuritaire du
désastre écologique et économique.
4 – Vous pouvez bien parler de nous dissoudre, il est déjà trop
tard : nous nous sommes déjà depuis longtemps dissous dans l’ensemble des
complicités que nous avons tissées au fil des ans. Même vos compteurs
professionnels s’en sont avisés : nous n’avons jamais été aussi nombreux
ni aussi divers. Nous sommes littéralement partout.
Aucun « retour à la
normale » ne nous enlèvera les rencontres qui se multiplient à la
faveur de ce mouvement. Les bulles sociales explosent, et c’est tant
mieux. Ce monde nous appartient, car c’est nous qui allons y vivre.
Source : communiqué du MILI, via le site Lundi matin
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