dimanche 6 mai 2018

Couvrez ce dinosaure que je ne saurais voir…


L.D.

La propagande israélienne adore mettre en évidence l’image d’une société  passée maître dans les hautes technologies (et particulier celles liées à la “sécurité” et à la surveillance de masse), d’une “start-up nation” où les entreprises se multiplient plus vite encore que les fleurs dont le sionisme était supposé couvrir le désert…

Et puis, au détour d’un article de Haaretz, on découvre un autre visage de la société israélienne, où les dirigeants du musée d’histoire naturelle de Jérusalem font masquer une exposition relative à l’évolution des espèces parce que les découvertes scientifiques sont incompatibles avec les croyances des Juifs ultra-orthodoxes, et qu’il n’est pas question que les enfants Haredi soient exposés à ces hérésies en visitant le musée avec leurs professeurs.
La direction du musée a précisé qu’elle ne dissimule à la vue des visiteurs qu’une exposition spécifique, consacrée à l’évolution et aux dinosaures, et uniquement pendant les visites des groupes venant d’écoles Haredi (ultra-orthodoxes), et quand celles-ci le demandent.
L’exposition permanente sur “les origines de l’évolution de l’humanité et la culture” disparaît donc derrière un rideau rose, comme le montre le reportage photographique réalisé par Michael Bachner, pour The Times of Israel.
À une visiteuse qui se plaignait de ne pouvoir voir tout le contenu du musée, un employé du musée aurait répondu  que les vitrines masquées présentent les différentes étapes de l’évolution de l’humanité par des illustrations, des textes et des découvertes archéologiques, et que les ultra-orthodoxes ne veulent pas voir ce genre de choses, et qu’elle était libre de s’en aller si cela ne lui plaisait pas…
Le directeur pédagogique du musée, le Dr Evgeny Roznitsky, a expliqué à Haaretz que les écoles  ultra-orthodoxes – qui doivent faire visiter le musée à leurs élèves en fonction des directives de la ville de Jérusalem, qui les subventionne – ont subordonné leurs visites à la dissimulation de l’exposition et qu’il a décidé d’accepter. “L’accord est que lorsqu’un tel groupe arrive, nous fermons les rideaux et le guide ne donne aucune explication sur ces parties de l’exposition. Quand ils partent, nous ouvrons les rideaux. Cela s’est produit 12 fois”. Durant les années scolaires précédentes, avant que la ville rende la visite du musée obligatoire, aucun groupe venant des écoles ultra-orthodoxes n’y venait. Il n’y avait que de rares visites à titre individuel, dans un cadre privé. Le directeur estime donc qu’il y a un progrès…
Il est préférable, explique-t-il, de montrer aux élèves le reste de ce que le musée a à offrir que de refuser leur demande et de les faire annuler complètement la visite. «Mon dilemme était soit de ne pas fermer [les rideaux]  et par conséquent de ne pas recevoir ce public et de ne pas les exposer à la beauté des autres expositions, soit de fermer temporairement quelque chose qui représente 0,3% l’espace du musée et leur permettre d’accéder au reste : l’environnement, la nature, la qualité environnementale. Nous avons des animaux dans le jardin zoologique, un beau jardin. Ce sont des enfants qui n’ont jamais vu un animal dans leur vie. Alors je les expose à un monde entier. Donc, au nom du pluralisme et de l’éducation, je ferme ce rideau», explique Roznitsky. 
Un biologistes de l’Université de Chicago – qui sait ce que signifie la contestation de l’évolution des espèces pour des raisons religieuses, puisque les fondamentalistes chrétiens la pratiquent aussi aux États-Unis – a écrit à la direction du musée : «En tant que biologiste évolutionniste d’ascendance juive, je suis profondément offensé par votre pratique de couvrir l’exposition de l’évolution humaine de peur que cela n’offense les juifs haredis qui visitent votre musée. Pourquoi un musée cache-t-il la vérité, même si c’est choquant pour certains croyants ? Est-ce approprié dans un état largement laïc comme Israël ? »

Peut-être le problème est-il là : si l’évolution des espèces est un fait scientifique, il se pourrait qu’elle soit beaucoup plus rapide que celle des mentalités dans la société israélienne…

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