L.D.
La propagande israélienne adore mettre en évidence l’image
d’une société passée maître dans les hautes technologies (et
particulier celles liées à la “sécurité” et à la surveillance de masse),
d’une “start-up nation” où les entreprises se multiplient plus vite encore que les fleurs dont le sionisme était supposé couvrir le désert…
Et puis, au détour d’un article de Haaretz,
on découvre un autre visage de la société israélienne, où les
dirigeants du musée d’histoire naturelle de Jérusalem font masquer une
exposition relative à l’évolution des espèces parce que les découvertes
scientifiques sont incompatibles avec les croyances des Juifs
ultra-orthodoxes, et qu’il n’est pas question que les enfants Haredi
soient exposés à ces hérésies en visitant le musée avec leurs
professeurs.
La direction du musée a précisé qu’elle ne dissimule à la vue des
visiteurs qu’une exposition spécifique, consacrée à l’évolution et aux
dinosaures, et uniquement pendant les visites des groupes venant
d’écoles Haredi (ultra-orthodoxes), et quand celles-ci le demandent.
L’exposition permanente sur “les origines de l’évolution de
l’humanité et la culture” disparaît donc derrière un rideau rose, comme
le montre le reportage photographique réalisé par Michael Bachner, pour
The Times of Israel.
À une visiteuse qui se plaignait de ne pouvoir voir tout le contenu
du musée, un employé du musée aurait répondu que les vitrines masquées
présentent les différentes étapes de l’évolution de l’humanité par des
illustrations, des textes et des découvertes archéologiques, et que les
ultra-orthodoxes ne veulent pas voir ce genre de choses, et qu’elle
était libre de s’en aller si cela ne lui plaisait pas…
Le directeur pédagogique du musée, le Dr Evgeny Roznitsky, a expliqué
à Haaretz que les écoles ultra-orthodoxes – qui doivent faire visiter
le musée à leurs élèves en fonction des directives de la ville de
Jérusalem, qui les subventionne – ont subordonné leurs visites à la
dissimulation de l’exposition et qu’il a décidé d’accepter. “L’accord
est que lorsqu’un tel groupe arrive, nous fermons les rideaux et le
guide ne donne aucune explication sur ces parties de l’exposition. Quand
ils partent, nous ouvrons les rideaux. Cela s’est produit 12 fois”.
Durant les années scolaires précédentes, avant que la ville rende la
visite du musée obligatoire, aucun groupe venant des écoles
ultra-orthodoxes n’y venait. Il n’y avait que de rares visites à titre
individuel, dans un cadre privé. Le directeur estime donc qu’il y a un
progrès…
Il est préférable, explique-t-il, de montrer aux élèves le reste de
ce que le musée a à offrir que de refuser leur demande et de les faire
annuler complètement la visite. «Mon dilemme était soit de ne pas fermer [les rideaux] et
par conséquent de ne pas recevoir ce public et de ne pas les exposer à
la beauté des autres expositions, soit de fermer temporairement quelque
chose qui représente 0,3% l’espace du musée et leur permettre d’accéder
au reste : l’environnement, la nature, la qualité environnementale. Nous
avons des animaux dans le jardin zoologique, un beau jardin.
Ce sont des enfants qui n’ont jamais vu un animal dans leur vie. Alors
je les expose à un monde entier. Donc, au nom du pluralisme et de
l’éducation, je ferme ce rideau», explique Roznitsky.
Un biologistes de l’Université de Chicago – qui sait ce que signifie
la contestation de l’évolution des espèces pour des raisons religieuses,
puisque les fondamentalistes chrétiens la pratiquent aussi aux
États-Unis – a écrit à la direction du musée : «En tant que
biologiste évolutionniste d’ascendance juive, je suis profondément
offensé par votre pratique de couvrir l’exposition de l’évolution
humaine de peur que cela n’offense les juifs haredis qui
visitent votre musée. Pourquoi un musée cache-t-il la vérité, même si
c’est choquant pour certains croyants ? Est-ce approprié dans un état
largement laïc comme Israël ? »
Peut-être le problème est-il là : si l’évolution des espèces est un
fait scientifique, il se pourrait qu’elle soit beaucoup plus rapide que
celle des mentalités dans la société israélienne…
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