Gérard Filoche
Une « jeune fille au pair » française, Sophie Lionnet, 21 ans,
originaire de Troyes, a été tuée à Londres en septembre 2017 par ses…
« maitres » après avoir été longuement suppliciée. Son cadavre calciné a
été retrouvé dans le jardin de ses tortionnaires, une vidéo a été
retrouvée, et huit d’heures d’enregistrement ont montré les
maltraitances qu’elle avait subies.
Un « jeune au pair » est une personne âgée de 18 à 30 ans,
célibataire et sans enfants, qui voyage dans un pays étranger pour y
vivre chez une famille d’accueil pendant une durée déterminée. Le but théorique du séjour au pair est « l’échange culturel ». Le jeune au pair est censé approfondir ses connaissances de la langue du pays d’accueil.
Dans la plupart des cas, les jeunes au pair n’ont pas le statut d’un
employé, mais deviennent des « membres de la famille » pour une durée de
temps déterminée. Pourtant la fille / le garçon au pair doit « aider »
dans la garde des enfants ainsi que dans certaines tâches ménagères « légères » en tant que membre de la famille à part entière.
Peut on être à la fois « membre de la famille » et « domestique » ?
En contrepartie de son « aide », le jeune au pair est gratuitement
logé, nourri et blanchi mais les « au pair » ne reçoivent pas
un salaire, seulement un argent de poche.
Pareil statut est l’ambiguïté même : quelles tâches, quelles
obligations réelles ? Il existe une grille des salaires minimum « d’au
pair » aux Etats-Unis : 139 dollars par semaine au minimum. Pour 40
heures de travail, c’est largement mérité car il faut comparer avec une
heure de babysitting qui coûte 10 dollars au minimum !
En fait « au pair » sert à contourner les droits salariés, et place
les jeunes dans une situation de dépendance malsaine. On a un statut
bâtard entre « domestique familial » et véritable salaire conventionnel.
Cela permet toutes les dérives, et des enquêtes ont établi la fréquence
de mauvais traitements. « On se trouve emprisonnées et on accepte
tout » racontent des jeunes filles placées au pair et qui n’ont plus
d’autres choix.
L’article 22, sous section 4 de la loi Collomb sur les migrants,
précise que « la carte de séjour temporaire » d’un an, renouvelable une
fois, doit porter la mention « jeune au pair », mais réaffirme, hélas,
que c’est « la famille d’accueil » et non pas la loi qui définit les
droits et obligations du jeune au pair (modalités de subsistance, de
logement, d’assurance, le nombre d’heures maximales de taches,
d’apprentissage de la langue, le repos hebdomadaire, et le niveau de
l’argent de poche »).
La loi a donc manqué l’occasion de supprimer une pratique bâtarde
vieillotte, injuste et dangereuse. Ca aurait pourtant été l’occasion
d’en finir avec la vraie fausse servitude et de définir « l’au pair »
comme un travail salarié.
Mais c’est impossible d’espérer pareil progrès avec Macron ami des
VTC, des Déliveroo, et qui se bat pour une « société sans statut »
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