Que cessent les guerres
Le Salon de l'armement Eurosatory (ou DSEI en anglais), actuellement le
plus important salon international de l'armement dans le monde aura lieu
cette année à Villepinte (93), du 11 au 15 juin 2018. Nous nous
opposons à la tenue de ce salon.
Le Salon de l'armement Eurosatory (ou DSEI en anglais), actuellement
le plus important salon international de l'armement dans le monde, se
tient en Seine-Saint-Denis, en France (années paires), tandis qu'il a
lieu en Angleterre aux années impaires. Il s'agit au niveau mondial, de
l'un des espaces les plus importants de la capitalisation sur la guerre,
sur la militarisation des frontières et sur la répression des
populations.
En 2018, le Salon aura lieu du lundi 11 au vendredi 15 juin, au Parc
des Expositions de Villepinte. Il est organisé par le COGES, soit le
commissariat général rattaché au Groupement des industries de défense et
de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT). Le COGES est dédié à
la promotion internationale de l'industrie française d'armements
terrestres & aéroterrestres et de ses filières. Cette édition 2018
promet d'être "extraordinaire", avec notamment l'inauguration d'un
nouveau hall de 8 130m² pour l'occasion.
À Eurosatory, se rencontrent des délégations de plus de 55 états
producteurs et acheteurs d'armes - notamment des états impérialistes et
colonialistes comme la France, les États-Unis ou encore Israël. Ces
délégations rencontrent les représentants de plus de 1500 entreprises
d'armement, dont une bonne part d'entreprises françaises. La visée de ce
"salon" présenté comme voué à la "défense et la sécurité" est
d'exposer, promouvoir, vendre et se fournir en technologies de pointe de
guerre et de surveillance. Avant la tenue du salon, un banquet fête les
contrats signés ou à venir, dans l'indifférence la plus absolue aux
conséquences, sur la vie et la survie de millions de personnes dans le
monde, de la production et de la circulation d'armes, qui a atteint
aujourd'hui un niveau inégalé depuis la fin de la guerre froide.
Ces armes et ces équipements de meurtre, de surveillance et de
répression sont ceux-là mêmes qu'on retrouve dans les mains de l'Arabie
Saoudite, premier acheteur de la France, pour tuer au Yémen (depuis mars
2015, près de 10.000 morts, 55.000 blessés, 3 millions de déplacés et
des millions d'adultes et d'enfants souffrant de malnutrition aiguë).
Ce sont les armes promues au salon comme "efficaces sur le terrain"
(une garantie marchande), après avoir été testées au cours des
interventions impérialistes de la France en Afrique subsaharienne (comme
les avions Rafale au Mali, avant leur vente au Qatar) ou durant les
agressions coloniales d'Israël en Palestine (à l'exemple des armes dont
Israël a approvisionné la Birmanie en plein génocide des Rohingyas).
L'image d'Israël, en tant que "modèle" de politique sécuritaire est
valorisée dans le cadre du salon.
Les armes utilisées lors d'interventions impérialistes et par les
dictateurs d'états fournis en technologie de pointe, sont les mêmes
qu'on retrouve déployées aux frontières de l'Europe, contre les exilés
fuyant ces conflits, notamment aux mains du "Corps européen de
garde-frontières et de garde-côtes" (ex-Frontex).
Ce sont les armes policières qui violentent, violent et tuent les
populations issues de l'immigration, constituées en "classes
dangereuses" dans les quartiers populaires. C'est l'appareil
prétendument "sub-létal" qui est tourné contre nos mobilisations contre
la casse sociale sur tous les fronts, dans la rue, dans les universités,
sur la ZAD ; ce sont les armes qui sont au cœur de l'appareil de l'État
d'urgence, armes policières qui, légitimement gardées en dehors des
temps de service depuis 2015, ont déjà fait de nombreuses victimes parmi
les conjointes des policiers.
Depuis le début de l'état d'urgence, la politique française utilise
"la menace terroriste" pour mieux vendre ses armes, tant aux dictateurs
qui prétendent lutter contre le terrorisme en massacrant leurs
populations que, directement ou indirectement, à des factions armées
telles que l'État Islamique en Syrie et Boko Haram au Cameroun.
C’est ce même prétexte qui justifie la grande présence militaire
française et son ingérence dans les politiques internes des anciennes
colonies, des pays de la Françafrique, et partout où le gouvernement
français a des intérêts ; où paternalisme et ingérence sont déployés
pour protéger et sécuriser les ressources stratégiques, sous couvert de
lutte anti-terroriste.
En 2017, selon IHS Markit, la France a réalisé 5,2 milliards de
dollars de livraison d'armes, devenant le troisième marchand de mort
mondial après les États-Unis et la Russie, à peu près de même importance
que la Chine. Dans le budget voté pour 2018 et prélevé de nos
contributions, la Défense (32,44 milliards d'euros) se voit accorder un
montant vingt-six fois plus élevé que la Santé (1,24 milliards d'euros).
La hausse annuelle prévue pour le budget de la défense (soit 1,7
milliards) est à elle seule supérieure à ce dernier budget.
Simultanément, et malgré les dénonciations récurrentes de l'absence
de transparence et de légalité des opérations françaises (à l'exemple de
l'opération Chammal en Iraq puis en Syrie), le nombre de morts civiles
résultant de ces opérations est laissé dans l'ombre. Selon de nombreuses
sources, telles qu'Airwars ou l'OSDH (Observatoire Syrien des Droits de
l'Homme), les bombardements de la coalition anti-EI dont fait partie la
France ont tué des milliers de non-combattants.
Nous nous opposons fermement à la tenue de ce "salon" aux morts en
France, qui plus est sur le territoire de la Seine-Saint-Denis où tant
de destins issus de la colonisation et de l'impérialisme, de la
migration et de l'exil convergent.
À l'appel de : Militantes anti-impérialistes qui ont participé
à la mobilisation de 2016 contre la tenue du salon, ainsi qu'à des
mobilisations similaires à Londres (où le salon se tient un an sur
deux).
Pour lire la liste des signataires et la version en anglais, cliquer sur : mediapart.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire