Moon of Alabama
Dans un discours très belliqueux, Trump a annulé l’accord nucléaire
avec l’Iran. Il y a aussi raconté beaucoup de mensonges.
Mais rien de
tout cela n’est surprenant. Les États-Unis ne respectent leurs accords
qu’aussi longtemps qu’ils y voient un avantage à court terme – il suffit
de demander aux Amérindiens. On ne doit jamais s’attendre à ce que les
États-Unis tiennent parole.
Trump va réimposer des sanctions américaines contre l’Iran parce que :
• L’accord nucléaire a été négocié par l’administration Obama et donc il est mauvais ;
• Israël veut que l’Iran continue à passer pour un croque-mitaine ;
• Les sionistes et les fous furieux de la droite étasunienne veulent que les États-Unis attaquent l’Iran ;
• Trump a besoin que l’Iran reste le pire ennemi des États du Golfe pour leur vendre toujours plus d’armes américaines.
• Israël veut que l’Iran continue à passer pour un croque-mitaine ;
• Les sionistes et les fous furieux de la droite étasunienne veulent que les États-Unis attaquent l’Iran ;
• Trump a besoin que l’Iran reste le pire ennemi des États du Golfe pour leur vendre toujours plus d’armes américaines.
Trois pays européens, la Grande-Bretagne, la France et
l’Allemagne, étaient assez naïfs pour croire qu’ils pourraient empêcher
ça. Le trio a proposé aux États-Unis d’imposer des sanctions
supplémentaires à l’Iran pour d’autres raisons – missiles balistiques et
engagement iranien en Syrie. Je n’en suis pas revenu quand j’ai appris
ça. Il était évident dès le début que cette démarche ne ferait que
discréditer ces pays ET qu’en plus elle échouerait. [C’est nous qui soulignons, ndlr]
Heureusement, l’Italie et des pays d’Europe de l’Est s’y sont opposés
au niveau de l’UE. Ils n’étaient pas prêts à sacrifier leur crédibilité
à cause de ça. Selon eux, l’accord nucléaire a été signé, et tous ceux
qui l’ont signé doivent le respecter. Ils ont souligné que Trump n’avait
donné aucune garantie qu’un effort européen supplémentaire changerait
son point de vue.
Au cours des dernières semaines, le trio européen a tenté d’influencer Trump. En pure perte :
Vendredi, Pompeo a organisé une conférence téléphonique avec ses
trois homologues européens. Des sources bien informées m’ont confié que
Pompeo avait remercié le trio pour les efforts qu’ils avaient consentis
depuis janvier pour trouver une formule qui convaincrait Trump de ne pas
se retirer de l’accord nucléaire – mais il a clairement indiqué que le
Président voulait prendre une direction différente.
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Suite à la déclaration de Trump, les puissances européennes veulent publier une déclaration commune qui indiquera clairement qu’elles restent dans l’accord avec l’Iran afin d’empêcher sa désintégration.
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Suite à la déclaration de Trump, les puissances européennes veulent publier une déclaration commune qui indiquera clairement qu’elles restent dans l’accord avec l’Iran afin d’empêcher sa désintégration.
Les sanctions que Trump veut réintroduire ne limiteront pas seulement
les relations des États-Unis avec l’Iran, mais pénaliseront aussi
d’autres pays. Cela mènera à une vague de mesures protectionnistes, car
une partie au moins de ces autres pays va tenter de se protéger contre les lois américaines et pourrait même introduire des contre-sanctions :
« Nous préparons des dispositions pour protéger les intérêts des
entreprises européennes », a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de
l’UE pour les affaires étrangères, aux journalistes à Bruxelles.
L’Iran s’en tiendra largement à l’accord nucléaire si l’UE le défend
efficacement et n’entrave pas les accords iraniens avec les entreprises
européennes. Si l’UE ne le fait pas, l’accord nucléaire sera nul et non
avenu. L’Iran sortira de l’accord. Le gouvernement néolibéral Rouhani,
qui a conclu l’accord, tombera et les conservateurs reviendront au
pouvoir. Ils défendront la souveraineté de l’Iran à tout prix.
Les États-Unis semblent croire qu’ils peuvent revenir à la position
qu’Obama avait adoptée dans les années qui ont précédé l’accord
nucléaire. L’Iran était soumis aux sanctions de l’ONU et tous les pays, y
compris la Chine et la Russie, les respectaient. L’économie iranienne
était en grave difficulté. Le pays a été forcé de négocier pour s’en
sortir. Cette situation ne se renouvellera pas.
La crédibilité des États-Unis est sérieusement ébranlée. Elle a
enlevé son gant de velours. Et sa main de fer s’est révélée impuissante
en Afghanistan, en Irak et en Syrie.
La Chine et la Russie sont en train de conclure de gros accords avec l’Iran et sont maintenant devenus ses protecteurs.
Bien qu’ils n’aient pas d’idéologie commune, les trois pays s’opposent à
un monde globalisé régi exclusivement par des règles « occidentales ».
Ils ont le pouvoir économique, la population et les ressources
nécessaires pour le faire. Ni les États-Unis, ni l’Europe, n’ont encore
accepté cet état de fait.
L’Iran a non seulement de nouveaux alliés, mais il a progressé au
Moyen-Orient à cause de la stupidité des États-Unis, d’Israël et de
l’Arabie saoudite. Les guerres en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen
ont toutes renforcé la position de l’Iran alors même qu’il s’en est
largement tenu à l’écart. Les récentes élections au Liban se sont bien
passées pour le camp de la « résistance ». Au Liban, le Hezbollah n’a
plus de challengers. Les prochaines élections en Irak donneront
naissance à un nouveau gouvernement favorable à l’Iran. L’armée syrienne
est en train de gagner la guerre menée contre son pays. La position des
États-Unis en Afghanistan est sans espoir. L’Arabie saoudite se dispute
actuellement avec les Émirats arabes unis à propos de la guerre contre
le Yémen. La prise de bec du CCG avec le Qatar n’est toujours pas
résolue.
Israël veut garder l’Iran comme croque-mitaine pour détourner
l’attention de sa campagne génocidaire contre les Palestiniens, mais il
ne veut pas d’une grande guerre. Le Hezbollah au Liban possède
suffisamment de missiles pour rendre très inconfortable la vie des
Israéliens. Une guerre contre l’Iran pourrait facilement se terminer
avec Tel-Aviv en flammes.
Il y a des gens dans l’administration Trump qui vont faire de leur
mieux pour déclencher une guerre avec l’Iran. L’administration Bush
voulait aussi le faire. Mais tous les exercices de simulation d’une
campagne militaire contre l’Iran finissaient mal pour les États-Unis et
ses États alliés. Les pays du Golfe sont extrêmement vulnérables. Leur
production de pétrole pouvait être rapidement arrêtée. La situation n’a
pas changé. Les États-Unis se trouvent maintenant dans une position
stratégique pire qu’elle ne l’était après l’invasion de l’Irak. S’il y a
encore quelques personnes sensées à la direction du Pentagone, elles
supplieront la Maison-Blanche de ne pas se lancer dans une telle
aventure.
Le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire est une énorme
erreur. Le ministre de la Défense Mattis s’y était opposé. Trump
fera-t-il une erreur encore plus grande contre l’avis de ses conseillers
militaires ? Va-t-il déclarer la guerre à l’Iran ?
Traduction : Dominique Muselet
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