Patrick Le Hyaric
Dans le droit fil des saillies de la droite
et de l’extrême droite, le président de la République tente d’instiller
l’idée qu’on donne trop d’argent aux … pauvres.
Des bas salaires, de la
mise au chômage, de la précarité de l’emploi, des petites pensions de
retraites pas plus que de la maladie, causes de la pauvreté, il n’en est
jamais question. Comme si les pauvres étaient responsables de ce qui
leur arrive et dilapidaient en plus l’argent qu’on leur donne,
puisqu’ils ne s’en sortent pas !
Or, les dépenses publiques pour faire face à la pauvreté équivalent à
25 milliards d’euros, soit un petit pour cent des richesses produites.
Le niveau de vie des 10% les plus riches est 24 fois supérieur à celui
des plus démunis.
La solidarité nationale, bien que très imparfaite, contribue à ce que
la société puisse fonctionner et ne devienne une jungle. Aucune
activité n’y serait possible, à commencer par la production de
richesses. Ce serait un retour à l’ère des barbares. En réalité, le
combat contre la pauvreté n’est pas acte de charité mais de justice.
Son niveau indique le degré de civilisation et celui à atteindre, avec
une autre répartition de ses richesses au profit du travail et non plus
du capital financier, d’une sécurité sociale du travail, de la formation
et de l’accès au logement et à la santé.
Au lieu de cela, nous sommes astreint à être les spectateurs d’une
communication présidentielle cynique qui se gargarise de mots vidés de
leur contenu pour camoufler la réalité d’une politique de destruction
patiente de toutes les solidarités. Ainsi en va-t-il de
« l’émancipation », convoquée désormais dans la propagande élyséenne
contre la solidarité et renvoyée, contre toutes les traditions
politiques et philosophiques de gauche, à la seule réussite
individuelle. Cette dernière vient justifier que « le pognon de dingue »
serve à réduire l’impôt sur le capital, supprimer celui sur la fortune
pour les actifs financiers. À elle seule, la suppression de la modeste
« exit-tax » représente un manque à gagner de six milliards d’euros,
soit le quart des aides sociales censées prévenir la pauvreté !
Après le hold-up des mots « progrès » ou « révolution », nous
pouvons nous risquer à une définition du macronisme : une politique de
classe au service des puissants, une violence antisociale des plus
brutales noyée dans la démagogie verbale. Le zèle avec lequel ce
gouvernement attaque les plus fragiles n’a d’égal que son silence sur
les dividendes record qui confortent l’oisiveté des plus riches et sa
cécité volontaire sur la fraude et l’évasion fiscale qui représentent
près de quatre fois les aides aux plus démunis.
Les politiques de solidarité sociale, fiscale, en matière de logement
ou d’aménagement du territoire sont essentielles à l’efficacité
économique qui elle même a besoin d’efficacité sociale et
environnementale, à moins de considérer comme semble le faire ce
gouvernement que les inégalités et injustices doivent régir la vie en
commun. L’idée présidentielle de « responsabiliser » les plus pauvres en
dit long sur sa philosophie, la semaine même où l’ancien PDG de
Carrefour se voyait offrir 13 millions en guise de retraite quand son
groupe supprimait 2400 postes de travail.
Arroser le capital de
ressources publiques en faisant croire qu’ainsi des emplois seront
créés, tout en demandant des comptes aux plus en difficulté, en
détournant les yeux des exilés, montre exactement quels intérêts sert ce
pouvoir et qui il entend surveiller et contrôler !
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