Claude-Marie Vadrot
Le maïs, les céréales, les fruits et les légumes perdent leurs qualités nutritionnelles et les rendements diminuent.
Deux études réalisées et publiées par le Bulletin de l’Académie des sciences américaine
démontrent que le maïs, essentiel pour la nourriture de nombreux
peuples et pour l’alimentation des animaux d’élevage, est menacé par le
réchauffement climatique. Celui-ci, au rythme des mauvaises récoltes
occasionnées soit par la sécheresse soit par des inondations, affecte
les grandes régions de production et va de plus en plus peser sur
l’avenir de la planète.
Cette chute de production du maïs, qui ne peut se passer d’une
irrigation importante, pèse sur l'alimentation des populations. Au
Mexique par exemple, où cette denrée est une des bases de la
consommation populaire. L’augmentation des températures moyennes peut
aboutir au cours des prochaines années à une diminution de 50 % des
récoltes mondiales, y compris aux États-Unis et dans la plupart des pays
du Sud, notamment en Afrique. Ces pays comptent pourtant sur le maïs
pour nourrir leurs population, mais aussi pour diminuer leurs
dépendances aux combustibles fossiles en faisant le pari des
agro-carburants.
En effet, le maïs est de plus en plus souvent utilisé pour produire
du carburant d’origine végétale, comme par exemple aux États-Unis.
Ainsi, 15 % de la production mondiale servent à fabriquer de l’essence
ou du diesel, qui ne sont pas moins polluants que les carburants
d’origine fossile. Le développement de cet usage non alimentaire du maïs
n’est, pour l’instant, ralenti que par les variations à la hausse des
prix de cette graine, provoquées par la multiplication des accidents
climatiques qui affectent aussi bien les États-Unis que le Brésil, la
Chine, l’Argentine, l’Ukraine ou l’Inde.
Baisse des rendements
La deuxième étude publiée par le Bulletin de l’Académie des sciences américaine
aborde la question de l’impact climatique sur la production des
légumes, dont de plus en plus de gouvernements recommandent la
consommation.
Les recherches menées dans 40 pays depuis les années 1970
contredisent clairement les affirmations des « climatosceptiques »
assurant que l’augmentation du gaz carbonique dans l’atmosphère pourrait
être bénéfique pour certains légumes et certaines céréales. Les
chercheurs, notamment de ceux de l’Institut londonien d’hygiène et de
médecine tropicale, expliquent que ces bénéfices étaient effacés par
l’augmentation de la concentration d’ozone dans l’air.
De plus, le manque d’eau entraînera une réduction de 35 % des
rendements à partir des années 2050. Ces prévisions s’ajoutent au
constat depuis plusieurs décades « que le contenu en minéraux, en
protéines et vitamines des fruits et légumes décroit régulièrement. À la
fois pour des raisons climatiques et en raison d'une agriculture de
plus en plus industrialisée ».
Le riz menacé par le CO2
D’autre part, toujours selon la seconde étude, « la qualité
nutritionnelle des légumes et des végétaux est particulièrement sensible
aux augmentations de température et ils sont plus vulnérables aux
poussées de chaleur ». Pour la principale auteure de ce travail, Pauline Scheelbeek, «
notre nouvelle analyse suggère qu’il y a contradiction entre le conseil
de consommer de plus en plus de végétaux et de fruits et les impacts
environnementaux des changements climatiques qui entraîneront les
baisses de récolte ». Ces avertissements concernent au moins les
deux milliards de personnes qui souffrent déjà de malnutrition et dont
la consommation de ces produits se trouve déjà de 20 à 50 % inférieurs
aux minima.
Une autre étude, parue il y a quelques mois dans la même revue
anglaise, a expliqué que deux milliards de gens auraient à souffrir
d’une réduction de la qualité nutritionnelle du riz liée à
l’augmentation des quantités de gaz carbonique dans l’atmosphère.
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