mercredi 27 juin 2018

Le changement climatique menace toutes les récoltes


Claude-Marie Vadrot

Le maïs, les céréales, les fruits et les légumes perdent leurs qualités nutritionnelles et les rendements diminuent.

Deux études réalisées et publiées par le Bulletin de l’Académie des sciences américaine démontrent que le maïs, essentiel pour la nourriture de nombreux peuples et pour l’alimentation des animaux d’élevage, est menacé par le réchauffement climatique. Celui-ci, au rythme des mauvaises récoltes occasionnées soit par la sécheresse soit par des inondations, affecte les grandes régions de production et va de plus en plus peser sur l’avenir de la planète.
Cette chute de production du maïs, qui ne peut se passer d’une irrigation importante, pèse sur l'alimentation des populations. Au Mexique par exemple, où cette denrée est une des bases de la consommation populaire. L’augmentation des températures moyennes peut aboutir au cours des prochaines années à une diminution de 50 % des récoltes mondiales, y compris aux États-Unis et dans la plupart des pays du Sud, notamment en Afrique. Ces pays comptent pourtant sur le maïs pour nourrir leurs population, mais aussi pour diminuer leurs dépendances aux combustibles fossiles en faisant le pari des agro-carburants.
En effet, le maïs est de plus en plus souvent utilisé pour produire du carburant d’origine végétale, comme par exemple aux États-Unis. Ainsi, 15 % de la production mondiale servent à fabriquer de l’essence ou du diesel, qui ne sont pas moins polluants que les carburants d’origine fossile. Le développement de cet usage non alimentaire du maïs n’est, pour l’instant, ralenti que par les variations à la hausse des prix de cette graine, provoquées par la multiplication des accidents climatiques qui affectent aussi bien les États-Unis que le Brésil, la Chine, l’Argentine, l’Ukraine ou l’Inde.

Baisse des rendements

La deuxième étude publiée par le Bulletin de l’Académie des sciences américaine aborde la question de l’impact climatique sur la production des légumes, dont de plus en plus de gouvernements recommandent la consommation.
Les recherches menées dans 40 pays depuis les années 1970 contredisent clairement les affirmations des « climatosceptiques » assurant que l’augmentation du gaz carbonique dans l’atmosphère pourrait être bénéfique pour certains légumes et certaines céréales. Les chercheurs, notamment de ceux de l’Institut londonien d’hygiène et de médecine tropicale, expliquent que ces bénéfices étaient effacés par l’augmentation de la concentration d’ozone dans l’air.
De plus, le manque d’eau entraînera une réduction de 35 % des rendements à partir des années 2050. Ces prévisions s’ajoutent au constat depuis plusieurs décades « que le contenu en minéraux, en protéines et vitamines des fruits et légumes décroit régulièrement. À la fois pour des raisons climatiques et en raison d'une agriculture de plus en plus industrialisée ».

Le riz menacé par le CO2

D’autre part, toujours selon la seconde étude, « la qualité nutritionnelle des légumes et des végétaux est particulièrement sensible aux augmentations de température et ils sont plus vulnérables aux poussées de chaleur ». Pour la principale auteure de ce travail, Pauline Scheelbeek, « notre nouvelle analyse suggère qu’il y a contradiction entre le conseil de consommer de plus en plus de végétaux et de fruits et les impacts environnementaux des changements climatiques qui entraîneront les baisses de récolte ». Ces avertissements concernent au moins les deux milliards de personnes qui souffrent déjà de malnutrition et dont la consommation de ces produits se trouve déjà de 20 à 50 % inférieurs aux minima.

Une autre étude, parue il y a quelques mois dans la même revue anglaise, a expliqué que deux milliards de gens auraient à souffrir d’une réduction de la qualité nutritionnelle du riz liée à l’augmentation des quantités de gaz carbonique dans l’atmosphère.

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