mercredi 27 juin 2018

SNCF : l'été en pente raide


Patrick Mignard


La lutte des cheminots n’est pas terminée : une guerre de position ne termine jamais un conflit, et qui plus est, un conflit social.

Les tactiques de lutte n’ont pas modifié d’un iota les enjeux du conflit…. Ces enjeux qui fondent aujourd’hui une stratégie de poursuite de la lutte. En ce sens, la poursuite du conflit est parfaitement justifiée.



Rappelons quels sont les enjeux :



- Ouverture à la concurrence

- Changement de statut de la SNCF

- La dette

- Le statut des cheminots



Ces quatre points constituaient, et constituent toujours, le cadre de la libéralisation du service public de la SNCF, objectif non avoué, mais évident, du Pouvoir.

1/ Par la concurrence, le Pouvoir macronien ouvre un service public aux aléas économiques du marché mondial.

2/ Par le changement de statut de l’entreprise, il ouvre le service public aux appétits insatiables du capital privé.

3/ Par la suppression du statut des cheminots, il instaure la précarisation du personnel.

4/ La dette, quant à elle, a constitué tout au long du conflit un argument fallacieux de la part du Pouvoir, un instrument de chantage à l’égard des cheminots et de manipulation de l’opinion publique, faisant croire que les cheminots en étaient les responsables.

Il y a une logique d’économie libérale entre ces points ce qui explique la tactique du Pouvoir qui, tout en donnant des « gages », sans valeur aux cheminots ne cède rien sur l’essentiel. Ceci est si vrai qu’il a fait voter la loi, alors qu’il prétendait continuer les négociations… ce qui est, de sa part, le comble du cynisme.

En effet, le tripatouillage sur la date d’ouverture à la concurrence n’a aucun intérêt et ne garantit rien… pas plus que le discours officiel sur la part de capital public qui restera dans l’entreprise.Que vaudra cet argument dans quelques mois, voire années ?

La liquidation du statut des cheminots ouvre la voie à la précarisation, ce qui est une caractéristique de la gestion du capital privé… les garanties afférentes à la convention collective, susurrées par le Pouvoir, sont dérisoires au regard du problème de fond posé.

Quant à la dette, le Pouvoir est bien incapable de dire comment il va procéder… Une chose est certaine, ce sont les citoyens qui vont payer sous une forme ou une autre. Voire en se payant sur la vente de nouvelles entreprises publiques qui seront privatisées.

Sur le fond du problème, rien n’est changé, nous en sommes au même point qu’au début du conflit, sauf que, perfidement, le Pouvoir a fait voter la Loi. Mais est ce une raison pour cesser de lutter pour cette juste cause ?

Une loi n’est que la concrétisation, à un moment donné, d’un rapport de forces. Les lois sont éphémères, elles n’ont aucun caractère d’absolu. Elles sont le produit d’un consensus – ce qui en l’espèce n’est pas le cas - ou d’un rapport de forces.

Les lois se font et se défont au gré des rapports sociaux.

Le vote de cette loi ne clos évidemment pas le débat qui est un débat de société et qui n’a rien à voir avec les dérisoires miettes concédées par le Pouvoir lors des pseudo négociations. Quant aux promesses du Pouvoir, on sait ce que vaut la parole des politiques.



Nous ne pouvons qu’être aux côtés de celles et ceux qui ont décidé de continuer la lutte.

Patrick Mignard

Aucun commentaire: