Patrick Mignard
La lutte des cheminots
n’est pas terminée : une guerre de position ne termine jamais
un conflit, et qui plus est, un conflit social.
Les tactiques
de lutte n’ont pas modifié d’un iota les enjeux du conflit….
Ces enjeux qui fondent aujourd’hui une stratégie de poursuite
de la lutte. En ce sens, la poursuite du conflit est
parfaitement justifiée.
Rappelons quels
sont les enjeux :
- Ouverture à la
concurrence
- Changement de
statut de la SNCF
- La dette
- Le statut des
cheminots
Ces quatre points
constituaient, et constituent toujours, le cadre de la
libéralisation du service public de la SNCF, objectif non
avoué, mais évident, du Pouvoir.
1/ Par la concurrence, le
Pouvoir macronien ouvre un service public aux aléas
économiques du marché mondial.
2/ Par le changement de statut
de l’entreprise, il ouvre le service public aux appétits
insatiables du capital privé.
3/ Par la suppression du statut des
cheminots, il instaure la précarisation du personnel.
4/ La dette, quant à elle, a
constitué tout au long du conflit un argument fallacieux de la
part du Pouvoir, un instrument de chantage à l’égard des
cheminots et de manipulation de l’opinion publique, faisant
croire que les cheminots en étaient les responsables.
Il y a une logique
d’économie libérale entre ces points ce qui explique la
tactique du Pouvoir qui, tout en donnant des « gages », sans
valeur aux cheminots ne
cède rien sur l’essentiel. Ceci est si vrai qu’il a fait voter la loi,
alors qu’il prétendait continuer les négociations… ce
qui est, de sa part, le comble du cynisme.
En effet, le
tripatouillage sur la date
d’ouverture à la concurrence n’a aucun intérêt et ne
garantit rien… pas plus que le discours officiel sur la part de capital public
qui restera dans l’entreprise.Que vaudra cet argument dans
quelques mois, voire années ?
La liquidation du
statut des cheminots
ouvre la voie à la précarisation, ce qui est une
caractéristique de la gestion du capital privé… les garanties
afférentes à la convention
collective, susurrées par le Pouvoir, sont dérisoires au
regard du problème de fond posé.
Quant à la dette, le Pouvoir est
bien incapable de dire comment il va procéder… Une chose est
certaine, ce sont les citoyens qui vont payer sous une forme
ou une autre. Voire en se payant sur la vente de nouvelles
entreprises publiques qui seront privatisées.
Sur le fond du
problème, rien n’est changé, nous en sommes au même point
qu’au début du conflit, sauf que, perfidement, le Pouvoir a
fait voter la Loi. Mais est ce une raison pour cesser de
lutter pour cette juste cause ?
Une loi n’est que
la concrétisation, à un moment donné, d’un rapport de
forces. Les lois sont éphémères, elles n’ont aucun caractère
d’absolu. Elles sont le produit d’un consensus – ce qui en
l’espèce n’est pas le cas - ou d’un rapport de forces.
Les lois se font
et se défont au gré des rapports sociaux.
Le vote de cette
loi ne clos évidemment pas le débat qui est un débat de
société et qui n’a rien à voir avec les dérisoires miettes
concédées par le Pouvoir lors des pseudo négociations. Quant
aux promesses du Pouvoir, on sait ce que vaut la parole des
politiques.
Nous ne pouvons
qu’être aux côtés de celles et ceux qui ont décidé de
continuer la lutte.
Patrick Mignard
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