Claude-Marie Vadrot
En Amérique du Nord, des communautés indiennes et Inuits ont constitué
une union opiniâtre pour survivre aux dérèglements du climat.
En raison de leurs liens sacrés et anciens avec leurs terres et avec
leur univers, et aussi parce qu’ils dépendent de façon vitale de la
pêche, de la chasse et de leur agriculture pour survivre, les peuples et
les tribus vivant en Amérique du Nord, sont en train d’adopter et de
réclamer des stratégies face aux dérèglements climatiques. Afin de
pouvoir sauver, sur leurs terres, leurs modes de vie. Qu’ils soient
indiens ou Inuits, ils se battent contre les exploitations minières, les
forages de pétrole, les coupes forestières, pour la faune, les poissons
comme les saumons et les coquillages indispensables à leur vie
traditionnelles.
Pendant des milliers d’années, par exemple, les Indiens de la côte
Ouest des États-Unis ont édifié des enrochements sur le trait de la
marée basse. Action de long terme qui leur avait permis, grâce aux dunes
créées et aux pentes douces engendrées, de transformer une partie des
côtes en parcs à palourdes et autres coquillages. Sources de vie et de
revenus balayés par la montée des eaux. La tribu des Swinomish recueille
actuellement les données qui leur permettraient d’installer des parcs
artificiels leur procurant des palourdes pour se nourrir et pour les
vendre. Ils ont été les premiers à imaginer une lutte contre le
réchauffement pour palier la hausse des océans. Mais ils ont besoin de
financements qui tardent à venir.
Un programme indien de résistance
Les Navajos incitent les tribus indiennes, aux États-Unis comme au
Canada, notamment en Colombie britannique, à préserver les frayères à
saumons en y plantant des arbres pour éviter les effets de la
température des rivières comme la Skagit. Et tous se battent pour
bloquer les projets miniers qui menacent la qualité de leurs cours
d’eau. Toujours pour protéger une nourriture essentielle et une source
de revenus – les huîtres victimes de l'acidification des eaux de mer –,
ils ont fait déverser des centaines de tonnes de coquilles vides sur les
plages en espérant que d’autres variétés d’huîtres plus résistantes
puissent s’y installer et se développer.
Les communautés indiennes ont lancé un programme indien de résistance
au changement climatique qui leur permet, du Sud au Nord, de chercher
et de trouver des solutions pour sauver les produits de la mer mais
aussi des plantations d’arbres pour tenter de limiter l’invasion
maritime. Au Nord dans les villages dont les maisons et les immeubles
s’écroulent parce que le permafrost fond et mine les fondations, les
Inuits, travaillent à des solutions retardant le ramollissement des
terres gelées depuis des milliers d’années. Ce sont eux et les tribus
Cree vivant également dans le Nord de l’Alaska et du Canada qui
bataillent pour sauver les végétaux et les animaux comme les rennes ou
la faune sauvage qui ne parviennent plus à se nourrir en raison de
l’évolution des températures et des précipitations de neige et de
pluies. Comme le répète sans relâche le président de la communauté des
tribus Swinomish, Brian Cladoosby, « Nous mettons notre entourage
non-humains au premier plan de nos préoccupations, qu’il s’agisse des
arbres, des animaux, du ciel ou de l’eau. Nous ne les traitons pas comme
des objets de laboratoire, nous les révérons. »
Une lutte qui progresse
Sur ce thème et selon cette pensée qui progresse, une Union des 57
tribus qui luttent pour sauver leurs terres et leurs modes de vie
explique que raisonner à l’échelle de Président ou de Premier ministre,
réélus tous les quatre ans, les condamne à l'oubli et à la disparition.
D’autant plus, expliquent fréquemment leurs représentants, « que les
politiques d’assimilation de nos membres nous ont privés de tous moyens
d’action sur l’évolution de notre environnement, entrainant un
traumatisme culturel lié à l’alcoolisme et aux drogues. Pour briser ce
cercle infernal nous devons renouer avec le respect de notre
environnement. Mais ce changement c’est comme tenter de faire tourner un
tank et cela ne se réussit pas en quelques jours. »
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