Iréna Mathilde
Vendredi dans la soirée, les manoeuvres d’arrêt du premier réacteur de
la centrale de Fessenheim ont commencé.
Face à la menace de perte
d’emplois qu’elles représentaient, les salariés ont menacé de ne pas les
appliquer, alors que le fermeture de cette centrale, symbole des
dangers du nucléaire, est prévue pour juin 2020.
Un des réacteurs de la centrale nucléaire devait être mis à l’arrêt à
2h30 ce matin. Cette centrale, la plus ancienne en France toujours en
activité, a été construite en zone sismique et en contrebas du grand
canal d’Alsace, ce qui l’expose à des risques d’inondation. Devenue un
symbole des dangers du nucléaire, elle soulève des protestations prenant
la forme de grèves de la faim et de manifestations d’opposants depuis
2011.
La fermeture progressive de la centrale avait été annoncée après
l’élection de François Hollande pour fin 2017, puis reportée à 2018.
Cette dernière a été entérinée par Emmanuel Macron et sera effective
d’ici fin juin 2020. Cette décision du chef de l’Etat s’inscrit dans une
volonté de verdir son discours dans le but de reconstruire sa base
sociale de centre-gauche qui, pour partie, s’est détournée de LREM pour
voter Europe-Ecologie-Les-Verts aux dernières européennes.
Cette fermeture bien trop tardive n’est en aucun cas lié avec un
processus de transition écologique, comme voudrait nous le faire croire
le gouvernement. Un démantèlement ne signifiant pas forcément un
démantèlement vert, la fermeture de la centrale entraînera ainsi, selon Le Monde,
des émissions additionnelles de l’ordre de 10 millions de tonnes de
C02/an. En effet, si la France produit de l’énergie principalement
décarbonée, elle dépend de plus en plus d’autres pays, dont l’Allemagne,
qui exporte de l’électricité dans l’hexagone. Ainsi, la production de
la centrale de Fessenheim ne sera pas assurée par des sources d’énergie
renouvelables, mais par l’électricité provenant d’autre pays.
D’ailleurs, au même moment où cette centrale ferme, une nouvelle
centrale à charbon ouvre en Allemagne.
Mais la fermeture de la centrale ne se contente pas
d’instrumentaliser la question écologique à des fins politiques, elle
risque de provoquer une perte d’emplois dans une région où les
délocalisations ont déjà causé une saigné pour l’emploi, en particulier
dans le secteur de l’automobile et de la métallurgie. C’est en réaction à
ce problème que les salariés de la centrale ont menacé de ne pas
appliquer la procédure d’arrêt, en dénonçant l’absence de garantie sur
le maintien des emplois.
Preuve de plus que le discours vert de
Matignon, qui a déclaré que la fermeture de la centrale était “une première étape dans la stratégie énergétique de la France”,
n’est qu’une manière de masquer le fait que le capitalisme vert est un
moyen de faire payer aux salariés le prix d’une pseudo transition
écologique.

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