Maureen Clare Murphy
Un jeune Palestinien a été frappé au visage par une balle alors qu’il
rentrait à pied de l’école la semaine dernière à Jérusalem Est occupée.
Malik Issa, 9 ans, a alors perdu la vue d’un œil.
Deux policiers israéliens ont paraît-il été interrogés à propos la blessure subie par ce garçon.
Ce n’est pas la première fois qu’un jeune Palestinien souffre d’une
blessure permanente des mains des forces d’occupation alors qu’il fait
quelque chose d’aussi banal que de marcher pour rentrer chez lui après
l’école. Ce genre de choses arrive tout le temps.
Brutalité routinière
Mahmoud Salah, 14 ans, a été atteint à la jambe par une balle tirée
par des soldats alors qu’il courait après un ballon en mai dernier près
du mur israélien militarisé dans la région de Bethléem en Cisjordanie.
Résultat, une de ses jambes a été amputée.
Quelques mois plus tôt, un autre garçon du même âge que Mahmoud a été
frappé par balles par un agent infiltré israélien alors qu’il faisait
des courses à Jérusalem Est. Les médecins ont dû enlever la rate de
Muhammad Qawasmeh, et il a également été blessé à l’estomac, au rein et
au diaphragme.
L’association de défense des droits, Défense des Enfants
International Palestine, a dit qu’ils avaient relevé 55 cas de soldats
israéliens qui avaient blessé des enfants Palestiniens à balles réelles
entre janvier et mai de l’année dernière.
Mais des armes supposément moins létales infligent elles aussi des
blessures permanentes et fatales au corps des enfants palestiniens. Plus
de 230 enfants ont été directement frappés par des cartouches de gaz
lacrymogène tirées par les soldats israéliens pendant les manifestations
de la Grande Marche du Retour durant la seule année 2018.
Des quatre Palestiniens qui ont été tués après avoir été frappés par
des cartouches de gaz lacrymogène l’année dernière au cours des
manifestations de Gaza, deux étaient des enfants.
Ces manifestations ont été temporairement suspendues, mais la violence d’Israël contre les enfants palestiniens continue.
Muhammad Shtaiwi, 14 ans, est sous assistance respiratoire et lutte
pour survivre après avoir été frappé à la tête par une balle de métal
enrobé de caoutchouc tirée par un soldat israélien au début de l’année
dernière dans le village de Kafr Qaddum en Cisjordanie.
En aucune façon, Shtaiwi et ses amis ne représentaient la moindre
menace pour les soldats en embuscade, selon le journaliste Gideon Levy,
qui est allé voir l’endroit où ce garçon a été atteint.
L’armée israélienne n’a pas expliqué pourquoi elle avait tiré sur Muhammad.
Assiégés
À nouveau à Jérusalem, la police israélienne a tiré sur Malik Issa
avec une balle à pointe en caoutchouc mousse – autre arme « moins létale
» – alors que le garçon rentrait de l’école la semaine dernière dans le
quartier d’Issawiyeh.
À Issawiyeh, les parents ont vécu pendant des mois dans la peur pour
la sécurité de leurs enfants alors que la police avait soumis le
quartier à des raids et du harcèlement constants.
« Les parents sont terrifiés à l’idée d’envoyer leurs enfants à
l’école », a dit l’année dernière à The Electronic Intifada Muhammad Abu
Hummus, chef de la communauté du quartier.
Il n’y avait « aucune justification quelle qu’elle soit » à cette
répression à Issawiyeh, d’après un représentant d’Ir Amim, association
non gouvernementale qui travaille pour l’équité à Jérusalem.
Il semble bien qu’il n’y ait aucune justification à un tir sur le
visage d’un garçon qui rentre de l’école, de même qu’il n’y a aucune
justification aux coups sur Amir Darwish, 9 ans, quand des officiers
infiltrés israéliens l’ont arrêté en 2012 à Issawiyeh.
La vie n’a jamais été la même pour Amir, et il a subi d’autres
arrestations et d’autres dommages, a dit sa mère l’année dernière à
l’association israélienne de défense des droits B’Tselem.
« Amir est un exemple de la façon dont enfants et adolescents
grandissent à Issawiyeh sans espoir ni avenir », a dit Jihad Darwish, la
mère d’Amir. « Les autorités nous harcèlent constamment, punissant tous
les résidents tous les jours. »
Les parents d’Amir ont refusé de porter plainte auprès de la police
israélienne. Ils avaient porté plainte après la violente arrestation
d’un autre de leurs fils et la plainte avait été mal gérée ; ils
n’avaient donc « pas vu pourquoi déposer une autre plainte », comme le
rapporte B’Tselem.
Mécanisme de blanchiment
L’inanité des démarches pour les victimes de violation de leurs
droits est la façon dont on peut plus généralement qualifier les
mécanismes des enquêtes internes d’Israël. B’Tselem décrit les enquêtes
internes d’Israël comme un mécanisme de blanchiment qui protège les
forces d’occupation de toute responsabilité.
Selon le quotidien de Tel Aviv Haaretz, des centaines de Palestiniens
ont été blessés par des balles à pointe en caoutchouc mousse tirées ces
dernières années par la police israélienne à Jérusalem Est. « Parmi
eux, des dizaines ont perdu les yeux, tandis que d’autres ont perdu la
vue à la suite de tirs par balles », a ajouté le journal.
Il est interdit aux policiers de viser le haut du corps ainsi que les
enfants avec ces balles à embout spongieux. Pourtant, d’après Haaretz,
malgré des centaines de blessures, « pas un seul policier n’a été accusé
d’avoir illégalement tiré des balles à pointe en caoutchouc mousse ».
Les blessures qui transforment la vie et les traumatismes de
l’occupation ont une réalité quotidienne pour les enfants palestiniens
de Cisjordanie, dont Jérusalem Est, et de la Bande de Gaza.
La responsabilité pour la violation de leurs droits – ça c’est vraiment l’exception.
Maureen Clare Murphy est rédactrice adjointe à l’Electronic Intifada et vit à Chicago.
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada https://electronicintifada.net/
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