mercredi 12 août 2020

Les Palestiniens d’Israël organisent de l’aide médicale et lèvent des fonds pour Beyrouth


Suha Arraf
Après l’explosion massive qui a secoué la capitale libanaise...
... les dirigeants palestiniens en Israël commencent à lever des fonds et à organiser l’envoi d’une délégation d’experts médicaux.
Il est encore trop tôt pour saisir pleinement l’étendue de l’explosion qui a secoué le port de Beyrouth mardi après-midi. Au moins 100 personnes ont été tuées et 4000 blessées, beaucoup d’autres étant encore prises au piège sous les décombres ; l’électricité est coupée dans une grande partie de la ville. Le gouverneur de Beyrouth a déclaré qu’à peu près la moitié de la ville a été endommagée par l’explosion, tout en avertissant que le nombre de morts allait probablement dépasser 100.
Quatre grands hôpitaux de la ville ont subi de lourds dommages à cause de l’explosion — que le Président libanais Michael Aoun a imputée à un stockage défectueux d’une large cache de nitrate d’ammonium—, forçant le personnel hospitalier et les volontaires à transformer les parkings des hôpitaux en centres médicaux de fortune. Plus de 200 000 personnes auraient été laissées sans abri à la suite de l’explosion.
Plusieurs pays arabes ont proposé leur aide au Liban, qui était déjà sujet à un pic des cas de COVID-19 et à une crise économique alimentée par la corruption gouvernementale, les mesures d’austérité et un manque d’infrastructure de base. Dans la nuit de mardi, l’Egypte a éclairé ses pyramides aux couleurs du drapeau libanais et mercredi matin, un convoi de fournitures médicales a quitté le pays pour Beyrouth. La Jordanie, le Qatar, l’Iraq et l’Arabie saoudite ont aussi offert leur aide. Le président palestinien Mahmoud Abbas a exprimé sa solidarité et ses condoléances au peuple libanais.
Les Palestiniens d’Israël trouvent aussi des manières d’offrir de l’aide et d’exprimer leur solidarité.
Mohammad Barakeh, le chef du Haut Comité de suivi, une organisation parapluie qui représente les citoyens palestiniens du pays, a écrit sur sa page Facebook :
« Beyrouth est dans nos coeurs. Le Haut Comité de suivi se tient aux côtés du peuple libanais dans le désastre qui l’a frappé. Nous sommes très attristés par ce qui s’est passé dans le Liban blessé, qui a toujours compris le peuple palestinien. Nous envoyons nos condoléances à nos frères libanais et souhaitons une prompte guérison aux blessés. C’est notre devoir d’aider autant que nous le pouvons. »
Barakeh a commencé à contacter des politiciens libanais ainsi que l’ambassadeur palestinien au Liban, Ashraf Dabbour, afin d’envoyer une délégation d’experts médicaux palestiniens d’Israël. Le Haut Comité de suivi a aussi publié une déclaration disant : « Nous sommes prêts à envoyer des équipes médicales, des dizaines de médecins sont prêts à partir et à aider dans leurs différents domaines d’expertise. »
Pourtant Barakeh attend de voir si son projet se concrétisera. « C’est une affaire compliquée », a-t-il dit à Local Call. « Nous avons besoin du consentement des deux gouvernements, le Liban et Israël. Il y a 50% de chances que la délégation parte ».
Parallèlement, la branche méridionale du Mouvement islamique en Israël, a lancé un appel afin de lever des fonds pour les « frères du Liban ».
Depuis les explosions, les Palestiniens en Israël et dans les territoires occupés ont tourné leur attention vers Beyrouth, beaucoup d’entre eux changeant leurs portraits sur les réseaux sociaux en drapeau libanais en symbole de solidarité. Certains ont partagé des photos et cité des poèmes et des chants sur la ville, par le célèbre poète palestinien Mahmoud Darwish et le chanteur libanais renommé Fairuz.
D’autres Palestiniens ont indiqué que la route de Haïfa à Beyrouth est relativement courte et qu’une frontière ouverte entre les deux pays aurait permis de leur envoyer de l’aide.
Les religieux palestiniens ont aussi exprimé leurs solidarité avec le peuple libanais.

À la mosquée Al-Aqsa, le chanteur Abu Khadifa Albastami a prié et chanté l’un des célèbres tributs de Fairuz à Beyrouth, et des églises ont ouvert leurs services par des prières en mémoire des morts.

Une version de cet article a été d’abord publié en hébreu sur Local Call. Vous pouvez le lire ici.

Suha Arraf est réalisatrice, scénariste et productrice. Elle écrit sur la société arabe, la culture palestinienne et le féminisme.

Traduction : CG pour l’Agence Média Palestine
Source : +972 Magazine

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