Jean-Luc Mélenchon
À l’heure du deuxième tour pour l’élection de deux niveaux extrêmement importants de la vie démocratique du pays, les régions et les départements...
... c’est une fois de plus une abstention abyssale qui sépare la masse des Français des institutions qui sont censées les représenter et porter leurs intérêts. Il est impossible d’admettre que dure plus longtemps, sans réaction, dans le ronron des routines du commentaire, l’effondrement progressif de la démocratie française, qui frappe d’abord par les secteurs les plus actifs de sa population. Ce sont les jeunes et les ouvriers qui, plus que les autres, tournent le dos à ce qu’ils considèrent être une comédie.
Et comment pourrait-il en être autrement où l’on a vu cette semaine entre les deux tours, se déchaîner contre la jeunesse qui voulait faire la fête, des violences insupportables et pour les travailleurs qui défendaient leur emploi comme dans cette fonderie à Saint-Claude, des fermetures incompréhensibles, des licenciements de masse décidés par des actionnaires qui se gavent en toute impunité et contre lesquels on entend bien trop peu de voix s’élever ?
Bien sûr, il faut dire que si nous ne renouvelons pas de fond en comble cette démocratie et notre République, si nous ne prenons pas les mesures qui sont attendues, la reconnaissance du vote blanc, le droit au référendum d’initiative citoyenne et au référendum révocatoire, la fin de la monarchie présidentielle, bref, la 6ème République, alors le pays ira, se vidant du sang de son énergie la plus importante, celle de la souveraineté du peuple.
Dans ce contexte, il est certain que sans que cela ait été l’argument décisif, la pagaille, l’incapacité à organiser sérieusement les élections par une distribution due par le code électoral, des documents qui normalement, jusque-là, parvenaient régulièrement dans tous les foyers pour préparer le vote, ont aggravé les circonstances, approfondi les raisons de s’abstenir parce que nombre ont pensé que c’était une façon de plus de les mépriser.
Dans ce contexte et dans la relativité d’un vote dans de telles conditions, il faut néanmoins, après avoir appelé à ce que pas une voix n’aille au Rassemblement national, dire combien nous sommes satisfaits et soulagés de la lourde défaite qu’a subi le Rassemblement national en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et je voudrais remercier tous ceux qui ont fait ce que représentait pour eux souvent un effort politique extrêmement douloureux et qui ont néanmoins donné leur voix pour que le Rassemblement national soit battu.
Pour finir, je voudrais rappeler à tous les commentateurs et partager avec les nôtres la joie du magnifique résultat obtenu à La Réunion dans l’Océan Indien par Huguette Bello, femme hors du commun, exceptionnelle leader politique, qui a pris la majorité avec une large coalition que nous avions formée avec elle dès le premier tour avec les députés insoumis réunionnais et qui, au deuxième tour, a su, de la manière la plus ouverte et la plus loyale qui soit, tendre la main aux communistes et aux socialistes qui se sont joints à elle pour obtenir la victoire finale. Je suis certain qu’à La Réunion commence, après 10 années de gouvernement de droite de cette région, une ère nouvelle. Et je forme le vœu qu’il en aille de même en Guyane avec Gabriel Serville. Ainsi, deux régions seraient prises et changeraient par ceux-là mêmes qui ont été parmi les plus insultés de cette campagne du premier tour.
Et ce sera une fois de plus, insoumis, notre contribution à l’histoire de la République, de la France et à notre adhésion la plus profonde, la plus chaleureuse à ceux qui ont fait l’esprit, ceux qui ont fait l’identité profonde, la République, les lumières, l’humanisme.
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