mercredi 30 juin 2021

En assassinant Nizar Banat, l’Autorité de Ramallah a signé son arrêt de mort

Abdel Bari Atwan

Les Palestiniens doivent se débarrasser d’une Autorité devenue un chien de garde au service de l’occupant israélien.

Nizar Banat a été délibérément assassiné. Les meurtriers sont les forces de sécurité, qui ont fait irruption au domicile du militant au franc-parler vendredi à l’aube et l’ont frappé à coups de barre de fer devant sa femme et ses enfants. Mais la responsabilité principale incombe personnellement au président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas.

Un tel crime n’aurait jamais pu être commis sans qu’il en soit informé, sans son autorisation et son accord. Les milliers de personnes qui se sont rassemblées vendredi à l’enterrement de Banat dans sa ville natale, au sud d’Hébron, ont eu raison de demander sa démission et la fin de l’AP.

L’autopsie a conclu que Banat est mort d’une “mort non naturelle” causée par des coups portés à la tête. Ses bourreaux avaient manifestement reçu l’ordre de l’éliminer.

La promesse de l’AP de mener une enquête, indépendante ou non, est une perte de temps, visant à faire oublier le crime et à détourner la responsabilité du véritable criminel.

Les forces de sécurité de l’AP, dont 25 membres ont agressé un opposant sans défense dont les seules armes étaient sa voix et son stylo, sont devenues aussi repoussantes que les forces d’occupation israéliennes pour lesquelles elles travaillent et dont elles reçoivent des ordres et des instructions. Le peuple palestinien devrait commencer à les traiter de la même manière.

Cet assassinat honteux et provocateur a été perpétré alors que les Palestiniens célébraient partout le succès de la résistance palestinienne dans sa lutte contre le dernier assaut israélien sur la bande de Gaza. Cela n’aurait pas dû être une surprise. Ces forces de sécurité se vantent ouvertement de leur succès à empêcher toute résistance à l’occupation en Cisjordanie, à espionner les militants et à transmettre des informations les concernant aux agences de sécurité israéliennes afin qu’elles puissent les arrêter ou les tuer.

Ayant choisi de se ranger du côté de l’occupant et contre son peuple, cette Autorité n’a aucun scrupule à faire taire toute voix qui critique son comportement et sa collusion. Elle a perdu toute légitimité et en est venue à représenter l’occupation et ses visées plutôt que le peuple palestinien. Il faut s’en débarrasser au plus vite.

Nizar Banat était un véritable patriote qui a bravement défié l’AP et les chiens de garde de l’occupation, et qui a courageusement consacré sa voix et sa plume à défendre ses valeurs et ses convictions, comme des milliers d’autres martyrs et prisonniers palestiniens. Il est honteux pour l’AP de crier au scandale à propos de l’étouffement de la liberté d’expression par Israël et de ses innombrables actes de répression, de meurtre et de détention contre les Palestiniens, tout en commettant elle-même les mêmes crimes.

Le peuple palestinien n’oubliera pas ce meurtre et il n’y aura pas de pardon pour les tueurs et à leurs dirigeants.

Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan 

6 juin 2021 – Raï al-Yaoum Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah -

Chronique de Palestine

Aucun commentaire: