mercredi 30 juin 2021

Humiliation aux régionales : Macron prêt à repousser la retraite à 64 ans pour conquérir l’électorat de droite

Inès Rossi

Après l’échec de la campagne LREM aux régionales, sur fond de poussée de la droite traditionnelle, Macron pourrait être poussé à appliquer sa récente promesse de casse des retraites, et à repousser l'âge de la retraite à 64 ans.

La République en Marche est en panne. Lors des élections régionales et départementales, le parti d’Emmanuel Macron s’est vu infliger un échec cuisant, sur fond d’abstention massive et d’échec sur toute la ligne du RN. Dans les Hauts-de-France, la liste de la majorité présidentielle a même été balayée dès le premier tour, malgré la présence de cinq ministres, dont le très médiatique Éric Dupont-Moretti. Passé le premier tour, les listes LREM ont peiné à franchir la barre des 10% au deuxième.

Si l’abstention historique ne permet pas de tirer des conclusions définitives, ces élections régionales et leur proximité avec la présidentielle permettent cependant de tirer des leçons importantes en termes de dynamiques en cours. Pour la bipolarisation LREM-RN, c’est un echec sur toute la ligne. Pour le RN, les résultats sont particulièrement préoccupants puisque l’électorat qui était reconnu pour sa solidité s’est effrité plus que pour aucun autre parti. À droite, ce sont Les Républicains qui l’emportent se positionnant en bonne position pour 2022.

Cette humiliation marque pour LREM l’échec pour Macron après bientôt quatre année à construire un ancrage local. Le bilan de gestion sanitaire que le macronisme a cherché à redorer à coup de pari sur nos vies n’a aucunement pesé dans la balance. Pire, l’offensive ouverte sur les questions sécuritaires avec la loi Sécurité Globale et la loi séparatisme ont été capitalisé par la droite traditionnelle qui a toujours été précurseur sur ces questions-là. Se retrouvant comme une force inexistante, Macron a aussi perdu la primeur d’être le seul rempart face à l’extrême-droite, laissant le « beau rôle » à la droite traditionnelle qui surclasse le RN dans la majorité des régions.

Pourtant, l’exécutif ne semble pas en tenir rigueur : préférant jouer l’autruche pour ne pas nationaliser outre-mesure une humiliation, un plan de remaniement est cependant sur la table au courant du mois de juillet pour ne pas trop coller aux régionales. Imperturbable en façade, Macron compte cependant dévoiler, le 14 juillet, son plan pour la fin de son quinquennat. À quoi doit-on s’attendre ?

« Les résultats ne permettent pas de trancher en faveur de telle ou telle priorité », explique Roland Lescure, porte-parole de La République en marche, dans Le Monde. Pourtant, selon Les Échos, la piste à l’étude s’inscrit dans la droite lignée des contre-réformes du mandat de Macron. Ainsi, à l’Élysée, on envisage de… reporter l’âge de départ à la retraite à 64 ans.

Les partisans de cette réforme, Bruno Le Maire en tête, envisagent en effet d’inclure un report de la retraite dans le budget de la Sécurité Sociale de 2022. Une réforme qui, si elle est votée, sera donc mise en place après le quinquennat Macron, et concernerait les travailleurs nés après 1961. Après la réforme des retraites et la réforme de l’assurance chômage, c’est donc une nouvelle attaque clé contre notre camp social qui se prépare.

Macron a essuyé un revers avec le retoquage de sa réforme de l’assurance chômage par le Conseil d’État. À l’approche des présidentielles et après des résultats aussi faibles aux régionales, il s’agit pour le président de changer au plus vite de séquence, et de montrer qu’il est toujours à même de mener les réformes néolibérales dont la bourgeoisie a besoin. Face à la cote montante des Républicains, il doit séduire de nouveau la base sociale de droite sur laquelle il s’est assise en seconde partie de quinquennat en tant que parti de l’ordre.

Comme pour confirmer cet appel du pied, Macron est en ce moment même en pleine opération séduction de la grande bourgeoisie, comme l’écrit Le Monde : « Après Douai, il devait recevoir sous les ors du château de Versailles, lundi soir, plus d’une centaine de patrons de grands groupes internationaux pour une nouvelle édition du sommet Choose France. L’occasion de vanter les réformes entreprises depuis 2017, qui auraient permis, selon l’Elysée, de renforcer l’attractivité économique de la France. Mardi, M. Macron doit visiter les nouveaux locaux parisiens de la banque américaine JPMorgan, qui a fait de la capitale française le centre névralgique de ses activités en Europe depuis le Brexit. »

Cette nouvelle attaque est cependant à double tranchant de sorte qu’elle crée y compris des contradictions au sein du macronisme avec une aile dirigée par Richard Ferrand qui ne voit pas la réforme d’un très bon œil. Plus encore, le MEDEF craint une réforme mal ficelée et une explosion sociale. Et pour cause, cette contre-réforme à haut risque ne manquera pas de causer de nouvelles explosions de colère, sur fond de situation marquée par une importante instabilité sociale et politique. 

Les contradictions auxquelles est confronté le macronisme pourrait bien ouvrir la voie à une réforme à haut risque comme un quitte ou double.

Révolution Permanente

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