Belkacem Bellaroussi
La Cour des comptes a remis mardi un rapport un rapport sur la stratégie de sortie de crise concernant les finances publiques.
Parmi les préconisations, le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Un rapport dans la continuité du projet assumé par Macron : reprendre les réformes et nous faire payer la crise.
Mardi, la Cour des comptes à remis son premier rapport sur la stratégie de finances publiques en sortie de crise. Il est le premier d’une série de quatre rapports qui ont pour objet d’évaluer la situation et les perspectives du gouvernement sur le plan des finances publiques post-crise sanitaire. 27 propositions y sont énumérées pour donner un message clair : même si le redressement des finances publiques peut attendre 2023 pour se déployer, des mesures sont attendues de la part de l’exécutif.
« Le retour de la croissance est nécessaire, mais ne suffira pas » : le « quoi qu’il en coûte » payé par les travailleurs
Pierre Moscovici, premier président de la Cour des Comptes et ancien le commissaire européen aux Affaires économiques ayant pris part à la mise en oeuvre des violentes mesures austéritaires en Grèce, a clairement annoncé que la reprise économique ne suffirait pas à elle seule à combler les déficits au niveau où l’exige son institution. Les magistrats de la Cour des comptes ont en effet évalué les « pertes de capacités de production a environ deux points par rapport à la trajectoire d’avant-crise en 2021 ». Or, les scénarios de sortie de crise du rapport proposent dans tous les cas un déficit public entre 4% et 6%, loin de la règle des 3% érigée en règle d’or par les économies européennes.
Évidemment, pas question de répondre à cet enjeu par une augmentation des impôts sur les entreprises, ce sont les politiques sociales et les acquis ouvriers qui sont directement visés. Face à cette situation, le rapport propose en effet de sortir dès à présent une stratégie de long terme plan de sortie de crise, y compris par le biais de plusieurs réformes. Cinq postes de dépense sont ciblés et devraient faire l’objet d’économies drastiques de la part de l’État : les retraites, la santé, la politique de l’emploi, les minima sociaux. En somme, la Cour des comptes propose un véritable retour de l’austérité afin de payer la stratégie du « quoi qu’il en coûte ». Cette stratégie devra se déployer dès 2023 selon les préconisations requises par la Cour, mais des réformes ont été jugées urgentes à mettre en œuvre avant cette échéance.
La réforme des retraites de retour avant 2022 ?
Parmi celles-ci, la fameuse réforme des retraites plébiscitée par les classes dominantes. La Cour des comptes considère que la relèvement de l’âge légal était une priorité et qu’elle devait être mise en place de façon « suffisamment étalée pour en faciliter l’acceptation“. Une préconisation qui rentre tout à fait dans l’agenda d’Emmanuel Macron, qui a depuis quelques semaines, rouvert la possibilité d’un retour de la réforme des retraites, ou du moins d’une partie de ses mesures.
Pour Macron, cette réforme est clé pour s’afficher en réformateur à un an de la Présidentielle, mais elle est à haut risque. Comme le rapporte Cécile Cornudet dans le journal patronal Les Echos : « Dans les suppositions émises par les proches, l’une pourrait tenir la corde. Le président annoncerait de nouveaux chantiers en deux temps, histoire de créer un trait d’union naturel entre les deux quinquennats. Il annoncerait début juillet un paquet de réformes à engager avant la présidentielle : nouveau plan de relance centré sur les emplois d’avenir, extension de la garantie jeunes, réforme de la dépendance, mesures pour les indépendants. En décembre, seraient mis dans le débat présidentiel d’autres chantiers, davantage axés sur le redressement des comptes publics. (…) Dans quel paquet sera la réforme des retraites ? Ou, dit autrement, Emmanuel Macron aura-t-il l’audace de la lancer d’ici la présidentielle ? »
De fait, le gouvernement est bien conscient des risques d’explosion sociale que soulève l’éventualité d’une réforme aussi discréditée, combattue massivement à l’hiver 2019-2020, et après une crise sanitaire dont la gestion criminelle a charrié beaucoup de colère du côté de ceux à qui l’on veut faire payer la crise. Le Medef a lui-même affirmé qu’il préférait une réforme faite par un gouvernement fort, après les présidentielles, et ne pas céder à la précipitation. Preuve en est que la longue grève contre la réforme des retraites de l’hiver 2019-2020 reste indéniablement dans les esprits de la bourgeoisie.
Dans ce cadre, et après le passage sans véritable mobilisation des directions syndicales de la réforme de l’assurance-chômage, il est plus essentiel que jamais que le mouvement ouvrier clame haut et fort sa volonté de se mobiliser face à toute tentative de faire payer la crise aux travailleurs, et se prépare aux futurs affrontements.
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