samedi 19 juin 2021

Poutine-Biden : "Il ne peut y avoir de vainqueur dans une guerre nucléaire"

Antoine Manessis

Que penser de la rencontre entre les deux présidents de Russie et des Etats-Unis d'Amérique ?

D'abord se féliciter qu'elle ait eu lieu. En effet la tension entre les deux principales puissances atomiques n'a rien de rassurant pour personne. Que ces deux grandes puissances capitalistes n'en viennent pas à des extrémités folles est une bonne nouvelle. Cela s'est traduit par la décision de relancer leurs négociations sur la stabilité nucléaire stratégique, signant même une déclaration en ce sens dans laquelle  ils affirment qu’il "ne peut y avoir de vainqueur dans une guerre nucléaire et qu’elle ne doit jamais être déclenchée". Les deux chefs d’Etat s’engagent à "lancer bientôt un dialogue bilatéral complet sur la stabilité stratégique, qui sera substantiel et énergique. À travers ce dialogue, nous poserons les bases des futures mesures de maîtrise des armements et de limitation des risques".

"Constructif" et "positif", selon les deux présidents, Moscou et Washington ont "démontré un désir de se comprendre l’un l’autre et de chercher les moyens de rapprocher les positions." a confirmé Vladimir Poutine .On peut, en effet, imaginer que lors des ces entretiens les propos propagandistes absurdes sont laissés de côté et que les chefs d'Etat parlent de choses sérieuses. On voit mal Joe Biden dire à Vladimir Poutine qui influence les élections étasuniennes quand les américains se mêlent des élections dans tous les pays. On imagine mal Biden reprocher à Poutine ses cybers attaques quand on sait que les Etats-Unis espionnent même ses alliés comme Angela Merkel. On voit mal Biden discuter sérieusement de Navalny sans que Poutine lui rappelle le sort de Mumia Abu-Jamal ou de Leonard Peltier dans les geôles étasuniennes depuis des décennies ou encore les tortures des prisonniers à Abou Ghraib, à Guantanamo et ailleurs. Bref on se souvient que lorsque Biden a traité Poutine de "tueur" ce dernier a répliqué avec humour mais aussi avec ô combien de pertinence "C'est celui qui dit qui est".

Cette rencontre fut, semble-t-il, conforme à ce qu'en disent les deux présidents "pragmatique et fructueuse". Sur les dossiers abordés des perspectives non conflictuelles ont été dessinées. Ainsi sur l'Ukraine avec les accords de Minsk, sur le désarmement avec la prolongation du  traité New Start (traité de réduction des armes stratégiques qui limite le nombre d'ogives nucléaires, de missiles et de bombardiers que la Russie et les Etats-Unis peuvent déployer), sur l'Arctique avec la confirmation de le non-militarisation de la zone etc.

Reste bien sûr les divergences et les conflits d'intérêts entre les deux puissances. Mais même en termes de vocabulaire, les choses semblent se calmer. Joe Biden a dit, par exemple, que la Russie est une grande puissance quand Obama la qualifiait de "puissance régionale". 

Sans doute l'affaire syrienne a-t-elle rendu la Maison blanche plus réaliste.

 

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