Victor Ayoli
La PMA pour toutes a été votée. Pourquoi pas. On peut pourtant ne pas apprécier qu'elle consacre le droit Á l'enfant au détriment des droits DE l'enfant. Et qu'elle est financièrement injuste envers l'immense majorité des femmes.
Au fait PMA, késako ? C'est la « Procréation médicalement assistée ». C'est-à-dire l'insémination artificielle selon des procédés largement employés dans les élevages de bovins. Elle permet la grossesse par le biais de l’introduction d’un échantillon de spermatozoïdes dans l’utérus. Les spermatozoïdes peuvent provenir du partenaire ou bien d’un donneur. Pour maximiser les chances de grossesse, les ovaires sont hormonalement stimulés et l’ovulation contrôlée, pour pratiquer l’insémination au moment le plus opportun. Ça c'est la méthode simple. On peut faire plus compliqué avec un processus dans lequel l’ovule est fécondé en dehors de l’utérus avant d’y être réimplanté. C'est la fécondation in vitro, la FIV. Avec plusieurs variantes concernant les fournisseurs des ovules et du sperme.
Là on commence à friser les dérapages pas toujours contrôlés vers l'eugénisme et le bébé-produit. Ou comment les humains, seront bientôt sélectionnés comme des animaux d'élevage. C'est un volet de la bio-économie : un marché mondialisé du corps humain, dont les éléments (sang, ovules, cellules, tissus…) sont de plus en plus marchandisés, comme dans l’industrie de la procréation.
Ma foi, aux temps de la marchandisation de tout, c'est dans l'ordre des choses ultralibérales : le marché s’infiltre jusqu’au plus intime de nos vies, dévastant des siècles de culture et de civilisation dans le but d’isoler les individus pour mieux les tenir en son pouvoir. Avec la complicité d'un certain socialisme qui se révèle ainsi l’idiot utile du capitalisme le plus brutal.
PMA, pourquoi pas. Puisque les institutions démocratiquement élues de la République l'ont voté, on ne peut que l'accepter. Mais là où on peut légitimement renâcler, c'est de faire rembourser par la Sécurité sociale un acte qui n'a pas pour finalité de soigner une maladie mais de procurer un confort de vie à des individus. Depuis son apparition, la médecine a pour but de remédier à la maladie. Dans ce cadre, la loi autorisait la PMA pour pallier une infertilité pathologique, qui devait être médicalement constatée.
Avec la suppression de ce critère dans la nouvelle loi votée, la médecine devient non plus de soin mais d’augmentation et de transformation de l’humain, et la technique médicale ne servira plus à rétablir l’équilibre de la condition humaine, mais à dépasser ses limites et ainsi opérer un basculement de civilisation qui va accélérer la marche vers le transhumanisme. Il y a là beaucoup de sous en jeu ! D'ailleurs la Silicon Valley travaille à l’heure actuelle sur un grand nombre de projets destinés à faire naitre un homme augmenté, voire à vaincre la mort et que ça représente un marché potentiellement énorme. Aux fous !
En attendant, c'est à nous que cette loi va coûter un pognon de dingue. Actuellement il y a 150 000 tentatives de PMA par an en France. Il en résultera 25 000 enfants. Le coût pour la Sécurité sociale est de trois cents millions d’euros. Chaque enfant né par PMA « coûte » donc 300 000 000 divisé par 25 000 égale 12 000 euros. Il y a là un cas d'injustice flagrante envers les femmes qui font « bêtement » leurs bébés à l'ancienne, non ?
Le Conseil d'état aura-t-il la lucidité et le courage de dénoncer cette injustice, et, soit d'invalider cette loi, soit d'imposer de donner la même somme aux femmes « archaïques » qui font leurs enfants « vulgairement », comme les autres animaux, selon une méthode qui ne manque pourtant pas de charme ?
Mais il est vrai qu'on est au temps de la dictature des minorités agissantes...
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