Paul Morao
Après avoir feint de « maîtriser les horloges » à l’issue des JO, après avoir affiché l’ambition de modeler à sa façon le futur gouvernement, Macron se confronte de plein fouet à la réalité de la crise politique. Au point que l’idée d’un départ anticipé du Président haï refait surface.
Alors que la crise politique se poursuit en France, plus de 50 jours après le résultat des élections législatives, la semaine avait commencé de façon très jupitérienne. Dimanche, on apprenait que Macron n’entendait pas seulement choisir le futur 1er ministre, mais souhaitait également avoir la main sur les noms des futurs ministres des Armées, de l’Intérieur et de l’Économie. Une ambition aussi autoritaire que démesurée, accompagnée de la revendication d’un droit de regard sur la politique du futur gouvernement, avec comme ligne rouge la préservation de la réforme des retraites.
Après l’échec mardi de l’hypothèse « Thierry Beaudet », qui s’est heurtée à la promesse de censure de l’extrême-droite comme du NFP, le Président de la République semble contraint d’atterrir. La lettre du 11 juillet, refusant dans un coup de force de nommer un gouvernement NFP, la trêve olympique et les premières consultations avaient pu créer l’illusion d’une « maîtrise du temps », comme le décrivait avec une certaine admiration le Monde. Mais, à mesure que le temps passe et que les hypothèses formulées par la macronie se confrontent à l’opposition des partis, c’est l’impuissance qui semble primer de plus en plus.
Comme pour souligner cette dynamique, Edouard Philippe, ancien 1er ministre de Macron et ennemi mortel des travailleurs, a choisi ce mardi d’annoncer sa candidature à la présidentielle. Une proposition dont la temporalité souligne que, pour les candidats à la succession du Président, la crise actuelle fait signe vers le départ de Macron, à plus ou moins court terme. Une analyse confirmée, dans Politico, par un « fin connaisseur de la pensée philippiste », selon lequel le maire du Havre parierait sur « une remise en cause du président qui le pousserait à la démission » d’ici 2025.
Mais l’approfondissement de la crise est également perceptible dans l’attitude des partis d’oppositions. Réuni en BN mardi soir, le PS a rejeté une proposition de son aile droite de s’engager à ne pas censurer un gouvernement mené par Bernard Cazeneuve. De son côté, après avoir laissé entendre qu’il ne censurerait pas un gouvernement Cazeneuve, le RN a durci sa position mardi, annonçant qu’il censurerait immédiatement les deux options privilégiées par Macron.
Alors que de nouvelles hypothèses émergent pour être aussitôt battues en brèche, à l’image du nom de David Lisnard, la profondeur de la crise politique en cours s’étale au grand jour. Même Le Monde, qui joue les conseillers « centre-gauche » de Macron depuis 7 ans, hausse un peu le ton mercredi matin face à l’attitude du Président. Une situation qui, en l’absence de réponse par en bas, pourrait se résoudre par une offensive redoublée contre les travailleurs et les classes populaires. De quoi souligner l’urgence d’un plan de bataille à la hauteur de la crise, qui, plutôt que de chercher une issue institutionnelle à la crise...
... cherche à profiter de la fragilité du régime pour en finir avec la Vème République et arracher des revendications aussi urgentes que la hausse générale des salaires, la retraite à 60 ans ou le partage du travail entre toutes et tous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire