Bernard Gensane
Peut-être le plus effrayant, le plus pourri, de tous les nazis. Et pourtant, la concurrence ne manque pas.
Oskar Dirlewanger était un SS-Oberführer né le 26 septembre 1895 à Wutzbourg en Bavière et mort le 7 juin 1945 à Alyshausen.
Il a dirigé la brigade Dirlewanger, incorporée dans la Waffen-SS et composée principalement de repris de justice.
Pendant la Première Guerre mondiale, Dirlewanger se bat dans une unité de mitrailleuses et est blessé au pied fin 1914. Il repart au combat en juin 1915, est de nouveau blessé, avec une invalidité à 40%. Il retourne au front en 1917 et est promu lieutenant. Il est affecté sur le front russe comme commandant de compagnie jusqu’en mars 1918.
Après l’armistice, il continue de se battre au sein des Freikorps (corps francs) contre des communistes allemands. Il est gravement blessé à la tête.
En 1919, il entreprend des études à l’université technique de Manheim où il exprime un antisémitisme virulent. Il est menacé d’une procédure disciplinaire.
Il trouve un emploi de comptable.
Il adhère au parti nazi en 1923 et se réinscrit en 1926 après la période d'interdiction qui a suivi le putsch fomenté par Hitler. Il intègre également la SA.
En 1934, il est condamné pour avoir eu des relations sexuelles avec une fille de moins de 14 ans. Il est déchu de son titre universitaire.
Il s’engage dans la légion fasciste Condor durant la guerre d’Espagne.
En 1940, il est nommé par Himmler à la tête de la brigade où il va tristement s’illustrer.
Il recrute des chasseurs, des braconniers, des soldats de la Wehrmacht délictueux, des SS radiés des cadres, des prisonniers de guerre, ukrainiens notamment.
Au prétexte qu’elle poursuit des communistes, sa brigade va alors commettre des pillages, des tortures, des viols collectifs, des empoisonnements. Ilfait découper des cadavres de femmes juives qu’il ; fait bouillir avec de la viande de cheval pour en faire du savon.
Hitler le décore de la croix de chevalier de la croix de fer.
Il est capturé le 7 mai 1945 par des soldats français en Autriche alors qu’il est habillé en civil.
La suite n’est pas claire. Il serait mort entre le 5 et 7 juin 1945 à Altshausen, peut-être d’une crise cardiaque. Ou alors assassiné par des soldats français ou polonais. Selon d’autres sources, il se serait échappé et aurait rejoint la légion étrangère.
En 1960, le tribunal de Ravensbourg fait procéder à l’exhumation de ce qui semble être son corps, qu’un médecin légiste authentifie.
En 1958, l’ancien lieutenant de la Luftwaffe, Anton Fûssinger, également prisonnier à Althausen, témoigna devant la Police Criminelle de Ravensburg :
"Lorsque j’étais dans la prison locale d’Althausen, j’y étais dans la même cellule avec deux autres prisonniers, du 1er au 5 juin 1945. Nous nous sommes présentés. L’un se présenta sous le nom de Gustl Minch d’Oberndorf, l’autre comme Dirlewanger, sans ajouter de commentaire. […] Dirlewanger et Minch furent emmenés pendant la nuit et passés à tabac par les Polonais dans le hall. J’entendais les coups et les hurlements des deux hommes. Au matin, je pus constater des plaies ouvertes et dégoulinantes sur les visages et les corps de Minch et Dirlewanger. Dans la nuit du 4 au 5 juin, Dirlewanger et Minch furent emmenés hors de la cellule à trois reprises distinctes, et battus de la même façon dans le hall. À leur retour en cellule, ils étaient incapables de prononcer ne serait-ce qu’un mot, ou même de se lever. Peu de temps après les gardes entrèrent à nouveau pour les emmener, et les massacrèrent à coups de crosses de fusils, provoquant des blessures très profondes à la tête. Puis tous deux furent pris à coups de pieds dans les parties intimes. […] Pendant tout ce temps, recroquevillé dans un coin de la cellule, je n’osais pas bouger, craignant de subir le même sort. D’après moi, les deux moururent à cet instant – bien que je n’ai pus m’en assurer formellement. Environ 30 minutes plus tard, Minch fut retiré de la cellule par un garde qui le traîna par terre. […] Je ne le revis jamais. Dirlewanger resta dans la cellule, sans bouger. Le matin du 5, à environ 8h30, je fus retiré de la cellule et libéré. […] "
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