Antoine Manessis
Les médias et leurs commentateurs, intellectuels organiques du capital, nous pilonnent du matin au soir que la gauche et, évidemment, particulièrement, essentiellement, la France Insoumise...
... décidemment condamnée au rôle de la méchante sorcière, sont incapables de passer les compromis indispensables quand on n'est pas soutenu par une majorité parlementaire.
Pas raisonnables, effrayants même, ne cherchant que le chaos les Insoumis qui ont hypnotisé le reste de la gauche et l'oblige (Dieu sait comment) à un positionnement sectaire.
La bande d'insurgés potentiels qui dirigent la FI sont des "marxistes" dirait Donald Trump puisqu'il qualifie ainsi son adversaire démocrate Kamala Harris qui a osé proposer, horreur, "des soins de santé publics gratuits". Trump n'hésite pas à utiliser ce terme "marxiste" car les raisonnables du marais sombrent à l'écoute de ce qualificatif dans une sorte d'épouvante irrationnelle.
L'anniversaire du 11 septembre 1973 étant proche, ceux qui ont vécu et ceux qui connaissent cette période se souviennent que les médias d'alors qualifiaient toujours de Salvador Allende, par la formule suivante: "le président marxiste du Chili". Un frisson contenu dans leurs voix. Un peu comme s'ils disaient de façon subliminal "Allende le nouveau comte Dracula". L'homme qui avait été élu on ne peut plus légalement et qui prônait le socialisme chilien "des empanadas et du vin rouge" était par la magie d'un mot, marxiste, transformé en un clone de Joseph Staline. Et le 11 septembre 1973 Pinochet et toute la droite proclamaient "avoir libéré le Chili du marxisme" CQFD.
Hitler en fit un usage abondant éructant contre les "marxistes" parmi lesquels il classait les communistes, mais aussi les sociaux-démocrates de droite du SPD. Or les médias comme Hitler n'avaient qu'un but : effrayer le philistin petit-bourgeois.
Mais revenons à notre si aimable période. Et aux éléments de langage utilisés contre la gauche. Son refus obtus de tout compromis serait la cause de la crise politique que nous vivons. Quoi ! Ces gens voulaient même appliquer le programme pour lequel ils avaient été élu. Diable quel scandale !
Tant pis si Lucie Castets, candidate à la charge de Première ministre du Nouveau Front populaire avait déclaré "des compromis sont possibles, mesure après mesure".
Tant pis si Fredrich Engels, ami et camarade de Karl Marx, écrivait à propos de ceux qui refusent les compromis "Quelle naïveté enfantine que d'ériger sa propre impatience en argument théorique !"
Tant pis si Lénine écrivait : "Dire "Jamais de compromis!" est absurde" et il ajoutait (ceux qui sont contre tout compromis) "ignorent que toute l'histoire du bolchevisme, avant et après la Révolution d'Octobre, abonde en exemples de louvoiement, d'ententes et de compromis avec les autres partis, sans en excepter les partis bourgeois !"
Ainsi donc toute la théorie politique de la gauche reconnait comme légitime certains compromis. Ils sont le fait de rapports de forces auxquels nul ne peut échapper. À la fin d'une grève, les travailleurs trouvent un compromis avec le patron.
Rien de nouveau, mais il faut noter que ces vérités évidentes sont délibérément niées par les médias pour discréditer la gauche et exonérer Emmanuel Macron de son coup d'état anti-démocratique.
Comme avec le "marxiste Allende", comme pour la gauche qui "refuserait tout compromis", il s'agit de bourrage de crâne, de fake-news, de désinformation. Cela de deux façons différentes : en utilisant une vérité pour en faire un épouvantail pour ignorants (Allende était en effet marxiste) ou en inventant contre les faits eux-mêmes une "vérité alternative" : la gauche ne veut pas faire de compromis.
Bref soyons attentifs et critiques devant le déferlement d'imbécilités crapuleuses car il se peut que quelques unes nous échappent.
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